Ce symptôme du cancer découvert par une équipe française serait un allié contre la maladie

Illustration d’ADN
KTSDESIGN/SCIENCE PHOTO LIBRARY / Getty Images/Science Photo Libra Illustration d’ADN

SCIENCE - Notre ADN comprend encore bien des mystères. Il y a 20 ans, s’achevait le premier séquençage du génome humain. Pour la première fois dans l’histoire, le code génétique de la vie humaine était déchiffré. Mais avec ces incroyables avancées, on s’est également aperçu que toute une partie du génome était non-codante : une grande partie de nos gènes ne comprend pas d’informations permettant de produire des protéines, la fonction essentielle d’un gène. Pourtant, des scientifiques de l’Institut Curie et de la BioTech Mnemo Therapeutics ont trouvé un moyen d’en faire un allié pour lutter contre le cancer, d’après leurs études publiées ce vendredi 3 février.

C’est quoi cette mystérieuse partie du génome ?

Pour commencer, il faut reprendre les bases. Le génome correspond à l’ensemble du matériel génétique, c’est-à-dire des molécules d’ADN, présent dans chacune de nos cellules, où il s’exprime en codant des protéines. Ces dernières vont ensuite jouer une multitude de rôle, du fonctionnement de base de la cellule à la transmission d’informations. Aujourd’hui, on sait que le génome humain est composé d’environ 20.000 gènes codant les informations nécessaires pour produire des protéines, mais ceux-ci ne représentent seulement que 2% de notre génome.

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À quoi servent les 98% restants ? Une question difficile à répondre quand on sait que la moitié d’entre eux ne sont que des copies de gènes existant, voire des copies de copies. « Ce sont des éléments d’ADN qui se sont accumulés par des mécanismes qui leur permettent de se répliquer au sein du génome », explique Marianne Burbage, chercheuse à l’Institut Curie et co-autrice de ces études. « Ces dernières années, de plus en plus d’études analysent leur rôle. »

Car elle a beau être improductive, cette partie « sombre » de notre génome n’est pas inactive. « Dans notre secteur, c’est-à-dire, essayer de comprendre ce qui fait que les cellules cancéreuses sont visibles par le système immunitaire, c’est quelque chose qu’on n’avait pas vraiment encore regardé ». C’est là que la découverte de l’équipe de scientifiques de l’Institut Curie et de Mnemo Therapeutics donne de l’espoir.

Une aide pour lutter contre le cancer

Cette partie du génome appelé « génome silencieux » génère en réalité de toutes petites protéines appelées « peptides ». Suivant que celles-ci se trouvent dans des cellules cancéreuses ou des cellules saines, elles comportent de légères différences. Cela, notre corps est capable de l’identifier. « En étudiant la tumeur de patients atteints d’un cancer du poumon, on s’est rendu compte qu’il y avait une réponse immunitaire contre les peptides générées par le génome silencieux des cellules cancéreuses », détaille Marianne Burbage. « Donc on sait que le corps humain produit une réponse pour lutter contre le cancer, mais celle-ci est trop faible », précise Josh Waterfall, chercheur à l’Inserm et co-auteur de l’étude.

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Ce que montre cette étude c’est qu’en ciblant ces éléments des cellules cancéreuses, avec un vaccin par exemple, on pourrait doper notre système immunitaire pour combattre la maladie.

« Lors de tests pré-cliniques sur des souris, on a réussi à retarder la croissance d’une tumeur de 10 jours à deux semaines avec ce vaccin », indique Marianne Burbage.

Un tel vaccin reste cependant à une phase très précoce de son développement et ne pourrait pas être suffisant en soi pour lutter contre le cancer. « À termes, on pense qu’on pourra combiner le fait de vacciner contre ces peptides avec des immunothérapies pour booster le système immunitaire », conclut Marianne Burbage.

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