Tatouage et reconstruction : peut-on tatouer sur une cicatrice ?

Après une opération, une mastectomie, une épisiotomie ou même des scarifications, bon nombre de personnes rêvent de voir leurs cicatrices disparaître. Certains les dissimulent grâce à des tatouages. Mais pour ce faire, il y a quelques petites spécificités à connaître.

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Le tatouage est un art millénaire, pratiqué depuis plus de 5 300 ans. Pendant une longue période, il a été critiqué, associé aux loubards, à la prison, aux pirates. Mais aujourd’hui, des millions de personnes sont tatouées dans le monde entier. En France, une personne sur 10 possède au moins un tatouage. Mais au-delà de l’aspect artistique, il existe une facette très psychologique à ces encrages. Les tattoos sont en effet souvent utilisés pour recouvrir des cicatrices en tout genre. Les femmes, notamment, s’en servent après une épisiotomie ou un cancer du sein, pour “reprendre possession” de leur corps, se le réapproprier après un acte chirurgical.

Tatouer une cicatrice, oui, mais pas n’importe comment

À l’occasion du Mondial du Tatouage, qui s’est déroulé du 9 au 11 mars 2018 à Paris, Mikael de Poissy a évoqué cet art délicat.

Le tatoueur s’y connaît : en 25 ans de pratique, il a vu défiler toutes sortes de cicatrices :Avant, je devais beaucoup recouvrir de cicatrices d’épisiotomies, à l’ancienne, donc des cicatrices qui pouvaient faire jusqu’à 40 centimètres de long et deux centimètres d’épaisseur. Maintenant, je suis plus sur des cicatrices de reconstruction suite à des by-pass : des personnes qui ont perdu beaucoup de poids, et qui se font retirer l’excédent de peau.

Selon lui, il est tout à fait possible de faire disparaître certaines cicatrices grâce au tatouage, à condition d’être patient : “Il faut attendre au moins deux ans, quand la cicatrice n’est plus rouge, plus douloureuse. Après, si elle est gonflée, c’est vrai que c’est plus compliqué pour nous, quand on passe dessus. On est obligé de faire du grand format, on ne peut pas aller dans des petites choses délicates.” Mieux vaut en effet voir les choses en grand :Si on dispatche le tatouage, la cicatrice se fond dedans plus facilement.

Le tatouage post-cancer du sein : l’art de recréer un téton

Certains actes chirurgicaux laissent bien plus que des cicatrices. Dans le cas de mastectomie (ablation du sein) due à un cancer du sein, le téton est bien souvent complètement retiré. Et cela peut entraîner une vraie perte de confiance en soi. Pour aider les femmes à ne pas avoir ce sentiment d’être “incomplètes”, Alexia Cassar s’est spécialisée dans la recréation de tétons, tatoués en trois dimensions. Un art compliqué, qui n’est pas à la portée de tous :C’est quelque chose de très spécifique, car je tatoue des personnes qui ont eu la peau très abîmée par la radiothérapie et la chirurgie, et les tatoueurs n’ont pas tous l’envie ou même les compétences pour tatouer sur ce type de cicatrices. Et puis il y a aussi l’aspect d’accompagnement, car ça reste un geste très intime.

Elle tient d’ailleurs à préciser :L’utilisation de l’encre n’est pas du tout contestée dans le cadre de l’après-cancer ou sur les cicatrices. Il y a des études et des publications qui sont tout à fait rassurantes. Il n’y a pas de danger à se faire tatouer après un cancer, pas plus que pour un tatouage classique. Les encres sont surveillées, il y a un système de cosmétovigilance, en France. Et puis, on a des systèmes de remontée des informations au sein du syndicat des artistes tatoueurs. Les artistes sérieux qui travaillent avec du matériel de bonne qualité ne font pas prendre de risque à leurs clients.” L’essentiel pour éviter les infections étant que le tatouage soit réalisé dans de bonnes conditions d’hygiène.

La confiance en soi retrouvée

En tout cas, une chose est sûre : le tatouage peut aider certaines personnes à se sentir mieux dans leur peau, et Mikael de Poissy est prêt à en attester : “C’est une réappropriation du corps claire et nette, et ça aide la personne à mieux s’accepter, à mieux vivre. Leur vie change à tous les niveaux. J’ai déjà vu des gens pleurer d’émotion après un tatouage de ce genre.

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