Théâtre : on a vu "Lorsque l'enfant paraît" à Marigny, satire délectable de la maternité menée par un savoureux couple Michel Fau/Catherine Frot

"Réarmement démographique", injonction à la maternité, gros souci des hommes avec la contraception... La pièce "Lorsque l'enfant paraît" déploie sous couvert d'un pitch choc (une sexagénaire tombe enceinte) une satire des moeurs diablement moderne. Le tout mené tambour battant à Marigny par le couple Michel Fau/Catherine Frot.

Imaginez le tableau : un brillant ministre voit sa vie mise sens dessus dessous quand sa femme, sexagénaire, lui apprend... Qu'elle attend un enfant. Et elle n'est pas la seule ! Il en est de même de son propre fils, qui a semble-t-il passé bien des journées en compagnie de la secrétaire de son père... Mais penser que les ennuis s'arrêtent là serait mésestimer l'imagination humaine. Et l'ironie du sort...

Portes qui se ferment et s'ouvrent, décor minimaliste (foyer où règnent deux couleurs, le rouge et le bleu), intrigues de couple, d'amours et de bagatelles, évanouissements.. On pourrait rapprocher aisément Lorsque l'enfant paraît, pièce d'André Roussin, du théâtre de boulevard le plus évident et conventionnel. Mais ce serait éluder la causticité subtile qui s'énonce dans ce récit et résonne de plus belle à travers l'adaptation de Michel Fau, enfin de retour au Théâtre Marigny après un triomphe à la mythique Michodière et une tournée dans toute la France.

Plus de 300 représentations plus tard, on se rend donc près des Champs pour bousculer ses préjugés les plus paresseux : oui, une comédie parue en 1956 peut encore être diablement moderne, et même d'une étonnante clairvoyance. Michel Fau le démontre à travers ce qui, plus qu'un vaudeville, s'apparente à une chronique de moeurs pétrie d'échos croquignolesques à notre époque actuelle. Avec, pour servir le tout sur un plateau d'argent, l'abattement phénoménal de son propre metteur en scène en...

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