Un papa invite les harceleurs de sa fille à se rendre à son enterrement : "Soyez témoins de la destruction que vous avez semée"

Beaucoup de gens tentent de donner un sens à des événements tragiques. (Photo : Getty Images)
Beaucoup de gens tentent de donner un sens à des événements tragiques. (Photo : Getty Images)

Un papa dévasté suite au suicide de sa fille a ainsi invité ses agresseurs à son enterrement afin qu’ils puissent “être témoins de la destruction absolue dont ils sont responsables”, et ainsi tenter d’éviter qu’un tel drame ne se reproduise un jour.

L’australien Tick Everett a publié une invitation à l’enterrement de la jeune mannequin adolescente de 14 ans, Amy “Dolly” Everett, sur Facebook lundi dernier. “Cette semaine, nous avons vu comment les réseaux sociaux devraient être utilisés ; nous avons également vu comment ils ne devraient pas l’être”, a confié Tick dans un article qui a réuni 55 000 likes et plus de 12 000 partages.

“La vie de Doll n’aura pas été complètement gaspillée si elle permet de sauver des vies précieuses et de soulager la douleur de certains. Je sais que certaines personnes considèrent le suicide comme un acte lâche, mais je vous assure qu’elles n’ont pas la moitié de la force de mon précieux petit ange, car Doll a eu la force de faire ce qu’elle a cru nécessaire pour fuir le mal de ce monde. Malheureusement, Dolly ne sera jamais consciente de la terrible douleur et du vide qu’elle a laissés derrière elle”.

Il précise : “J’ai donc quelques invitations à partager. Tout d’abord, si les personnes qui rigolaient de tout ça et qui ressentaient une forme de supériorité en se moquant et en harcelant ma fille tombent sur ce message par hasard, je vous invite à assister à l’enterrement de ma fille et à constater par vous-mêmes les conséquences dévastatrices de vos actions. Ensuite, je m’adresse aux plus forts d’entre vous, arrêtons les tyrans où qu’ils se trouvent, mais surtout lorsque nos enfants sont concernés. On réalise souvent la chance qu’on a bien trop tard”.

Il n’est pas évident de comprendre ce que ressent ce papa à partir d’un simple article publié sur Facebook, mais sa volonté de donner un sens au décès de sa fille est compréhensible. De nombreuses autres familles de victimes cherchent souvent à surmonter leur peine en donnant un sens à la tragédie dont ils sont victimes.

En avril, les filles d’un homme tué par balle par un inconnu, alors qu’il rentrait chez lui à pied après le dîner de Pâques, avaient pardonné le tueur. “Ce que je retiens surtout de mon père, c’est ce qu’il nous a appris au sujet de Dieu… Comment craindre Dieu, comment aimer Dieu, et comment pardonner. Nous pardonnons tous le tueur”, avait confié Tanya Godwin-Baines à Anderson Cooper.

En 2013, la mère d’un jeune homme de 24 ans qui s’était fait tirer dessus à 10 reprises par un policier alors qu’il n’était pas armé, avait également confié au tueur de son enfant, à peine quelques jours plus tard : « Tu as volé un morceau de mon cœur que je ne retrouverai jamais. Mais, je te pardonne ».

Certains scientifiques spécialistes du bien-être confirment que les personnes qui pardonnent ou se libèrent de la colère ont une meilleure santé cardiovasculaire, souffrent moins de dépression (chez les femmes) et ressentent moins de colère.

“Il y a deux types de pardons”, confie Everett Worthington, professeur émérite à la Virginia Commonwealth University, à Yahoo Lifestyle. “Le ‘Decisional forgiveness’ (pardon décisionnel) consiste à se libérer de la colère qu’on ressent envers quelqu’un ; le pardon émotionnel est un processus plus long qui consiste à remplacer des émotions négatives que l’on ressent envers quelqu’un par des émotions plus positives, comme la compassion”. Cette deuxième méthode serait associée à davantage de bénéfices sur la santé.

Everett Worthington remarque que le papa en question ne semble concerné par aucune de ces options, proposant plutôt une solution unique. “Ses actions peuvent être vues comme une forme de “justice réparatrice”. Il propose aux tyrans qui ont harcelé sa fille la chance de se racheter et d’avoir une perspective différente de la société. C’est excellent du point de vue social”.

Suite à une tragédie, la rapidité de certains à pardonner ou à donner un sens au drame dont ils souffrent peut surprendre, mais E. Worthington précise que cela est justement dû à un état émotionnel particulièrement intense. “Certains adoptent également un comportement afin de renforcer la perception qu’ils ont d’eux-mêmes”, confie E. Worthington. “Une personne qui se considère généreuse pourrait pardonner plus rapidement afin de confirmer cette image personnelle”.

Cependant, il n’est pas obligatoire de pardonner lorsque les blessures sont trop profondes. “Nous sommes capables de nous remettre d’injustices sans pardonner pour autant”, confie E. Worthington. “Mais, une personne qui cultive le pardon comme n’importe quelle autre force de caractère devrait pouvoir se sentir mieux”.

Elise Solé