Une cliente d'H&M écrit une lettre ouverte pour adresser le problème des tailles irréalistes

Ruth Clemens pensait faire le bon choix en essayant un jean évasé taille 44 dans son magasin H&M de Leeds au Royaume-Uni. Elle fait généralement du 42. Mais, elle a décidé de réagir en réalisant qu'elle ne pouvait même pas refermer la braguette alors que ne magasin ne proposait rien au dessus du 44. R. Clemens a donc décidé de prendre une photo dans le miroir de la cabine d'essayage et de la publier sur Facebook avec une belle lettre adressée à H&M, afin de mettre en avant les tailles irréalistes de cette chaîne de magasins.

Photo : Facebook

« Je ne suis pas en surpoids (et ça ne devrait même pas compter) et mon corps est plutôt commun même si je fais 1,80 mètres », écrit R. Clemens. « Suis-je trop grosse pour votre gamme de tous les jours ? Dois-je accepter que la mode tendance des commerces abordable ne soit pas faite pour moi ? ».

Un porte-parole d'H&M a défendu les tailles de la marque, expliquant au Huffington Post Royaume-Uni : « H&M travaille avec les mêmes mesures et tailles peu importe les concepts sur l'ensemble de ses 62 marchés et en ligne ; cependant, un vêtement peut vous aller ou non en fonction du style, de la coupe et du tissu ».

La marque a également commenté sur son article en écrivant : « Bonjour Ruth, merci beaucoup pour vos commentaires. Nous sommes désolés d'apprendre que vous avez récemment vécu cette expérience dans un de nos magasins. Nous souhaitons toujours que nos clients passent un bon moment et se sentent bien dans leur peau lorsqu'ils font des courses dans notre magasin. Chez H&M, nous créons des vêtements pour tous nos magasins autour du monde et les tailles peuvent varier en fonction du style, de la coupe et des tissus. Nous apprécions vos commentaires et nous allons prendre en compte les points que vous et d'autres clients avez soulevés ».

Cependant, les tailles irréalistes ne sont pas si rares chez les vendeurs populaires de vêtements. Forever 21 a récemment été critiqué après avoir lancé une gamme XXL, Forever21Plus, en mettant en avant des mannequins loin d'être XXL. La blogueuse mode et mode de vie Natalia Lilly a ainsi expliqué à Racked : « Ils [Forever 21] continuent de nous montrer des femmes rondes qui font probablement du 38-40, alors que la majorité des acheteurs font du 44 ou plus ».

Fitbay est une application qui permet de faire le tri parmi les tailles des entreprises afin d'aider les utilisateurs à trouver des vêtements qui leur vont. Elle a publié un graphique (vu ici sur Racked) révélant que Forever 21, Modcloth, Zara et American Apparel étaient tous fautifs de sous-dimensionner leurs vêtements (alors que les marques comme Loft, J.Crew et Anthropologie font l'inverse : « le vanity sizing » consiste à inscrire des tailles plus petites sur les vêtements afin de stimuler les ventes en faisant croire aux clients qu'ils peuvent rentrer dans des vêtements plus petits).

Il y a quelques années, Abercrombie & Fitch avait créé la polémique en affirmant que la marque ne souhaitait pas créer de vêtements pour les « femmes plus rondes » et refusait de garder des tailles XL ou XXL en stock. La taille des pantalons pour femmes de l'entreprise ne dépasse pas le 38. Robin Lewis, co-auteur de The New Rules of Retail, a révélé à Business Insider que Mike Jeffries, PDG d'Abercrombie « ne souhaite pas que des individus plus ronds fassent du shopping dans son magasin ; il veut des gens beaux et minces ».

D'après le Washington Post et une recherche menée par l’American Society of Testing and Materials : « Une robe en 36 aujourd'hui est pratiquement l'équivalent d'une robe en 44 en 1958. Et une robe en 36 de 1958 n'a même pas d'équivalent actuel ».

Le problème est peut-être lié à l'absence de standards des tailles de vêtements pour femmes depuis le début. Les vêtements de prêt-à-porter (contrairement au sur mesure) n'ont vraiment décollé qu'après la Seconde Guerre mondiale et les tailles standardisées aux Etats-Unis ont suivi mais il s'agissait uniquement d'une recommandation et le concept a été abandonné dans les années 80.

Mais, que peut faire Ruth Clemens alors ? Et nous ? Nous vivons à une époque où les clients ont un certain pouvoir grâce aux réseaux sociaux… Nous savons que les marques entendent les amateurs de mode frustrés mais écoutent-ils vraiment ?

Kristine Solomon