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Une cliente a trouvé le message d’un « prisonnier chinois » dans son sac Walmart, mais est-il authentique ?

(Photo : Trunk Archive)
(Photo : Trunk Archive)

Une femme originaire d’Arizona s’est rendue à Walmart, a acheté un nouveau sac et y a découvert un message de quelqu’un disant être une victime de l’esclavage en Chine et demandant de l’aide. La femme a dit avoir traduit le message trois fois afin d’être certaine d’en comprendre le sens.

Ce n’est pas la première fois que l’on entend cette histoire, celle d’un consommateur occidental qui affirme avoir trouvé le message d’un prisonnier de camp de travail chinois dans son achat.

En 2015, une jeune femme de Leeds, en Angleterre, avait déclaré avoir découvert le message d’un prisonnier chinois caché dans les chaussettes achetées pour son père dans la chaîne britannique Primark. À l’époque, la jeune femme avait déclaré à Metro.co.uk qu’elle refusait de donner toutes les informations demandées par Primark qui souhaitait enquêter sur le sujet. « Si je leur avais donné trop d’informations sur le produit, ils auraient pu le tracer et cela aurait eu des conséquences pour les ouvriers », avait-elle déclaré.

Primark avait alors déclaré à Metro : « Nous avons déjà fait l’objet d’un certain nombre de faux par le passé. Cette allégation affirmant qu’un message a été découvert dans une paire de chaussettes Primark ne peut malheureusement pas être corroborée car ni le produit, ni l’emballage ne nous ont été remis, et ce malgré le fait que nous les ayons demandés à plusieurs reprises. Sans ces informations, nous ne pouvons malheureusement pas enquêter. »

En 2014, deux femmes de Swansea, au Pays de Galles, avait affirmé avoir trouvé des étiquettes supplémentaires cousues dans des robes achetées chez Primark. Les étiquettes, écrites en anglais, dénonçaient les pratiques de travail ayant permis de fabriquer et de vendre ces robes. À l’époque, le vendeur avait demandé aux deux clientes de rendre les robes afin de pouvoir ouvrir une enquête, notant au passage que ces deux modèles de robes n’étaient plus en vente depuis 2013.

La même année, d’après la BBC, une femme qui avait acheté un jean dans un magasin Primark de Belfast, en Irlande, avait également découvert le message, enveloppé dans une carte d’identité pénitentiaire, d’une personne qui affirmait être un prisonnier chinois obligé de fabriquer des vêtements. À l’époque, Primark avait envoyé une déclaration à la BBC affirmant que le jean en question n’était plus vendu en Irlande depuis 2009 et que la marque trouvait « très étrange que la découverte du message soit révélée aussi tard ».

Ils avaient également ajouté qu’ils réalisaient de nombreuses inspections de leurs fournisseurs depuis 2009 et « qu’aucun prisonnier ou autre personne forcée à travailler n’avaient été découvert durant ces inspections », ajoutant également que « la société enquête immédiatement et activement sur toutes les allégations de violation de son code de conduite afin de s’assurer du bien-être de tous les travailleurs de la chaine d’approvisionnement ».

En 2012, une femme de Portland avait découvert la lettre d’un prisonnier de camp d’esclaves chinois dans une boite de décorations d’Halloween qu’elle avait achetée à Kmart. À l’époque, l’authenticité de la lettre avait été confirmée par une chaine de télévision affiliée au mouvement Falun Gong. Un représentant d’Human Rights Watch avait déclaré à the Oregonian que les conditions décrites dans la lettre correspondaient aux informations connues sur les camps de travaux forcés chinois, mais l’organisation n’était « pas en mesure de confirmer l’authenticité ni l’origine » de la lettre de Kmart.

Même s’il est quasiment impossible de vérifier l’authenticité et la provenance des lettres que les consommateurs affirment trouver dans leurs achats, et qui seraient écrites par des victime du travail forcé des esclaves chinois, les pratiques de travail inhumaines, en particulier dans le domaine de la fabrication de vêtements, sont très présentes et documentées en Asie.

En 2015, Human Rights Watch avait publié un rapport « Work Faster or Get Out » (Travaille plus vite ou dégage) sur les abus de travail au Cambodge. The Guardian, un journal britannique, a récemment publié un rapport sponsorisé par l’UNICEF sur le travail des enfants dans les chaines d’approvisionnement de vêtements, rapportant que 170 millions d’enfants doivent travailler afin de répondre à la demande de textiles et de vêtements de l’Europe et de l’Amérique.

En 2015, une enquête de the Atlantic avait révélé que Patagonia faisait partie des marques américaines dont les produits étaient issus de la traite des humains et du travail forcé. Les violations des droits de l’Homme et du travail n’avaient pas été constatées chez les fournisseurs de premier rang de la marque (ceux qui fabriquent les produits finis achetés par les consommateurs), mais dans les usines qui fabriquent les textiles à partir de matières premières.

Slavery Footprint, une organisation à but non lucratif basée à Oakland, en Californie, permet aux consommateurs américains de tracer les marques et entreprises liées aux pratiques de travail d’esclaves à l’étranger afin d’en apprendre davantage sur la façon de mettre fin aux violations des lois du travail et de soutenir les entreprises qui favorisent le travail équitable. Le groupe est affilié à la société à but lucratif Made in a Free World, qui produit le logiciel de transparence des chaines d’approvisionnement FRDM permettant aux entreprises d’aider à repérer l’utilisation du travail des esclaves.

Jennifer Gerson Uffalussy
Rédactrice associée
Yahoo Style