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Une professeure prévoit de porter la même robe pendant 100 jours afin de montrer à ses élèves que la mode est une source de gaspillage

Julia Mooney, professeure d’art au collège, prévoit de porter cette robe pendant 100 jours. (Photo: Julia Mooney)
Julia Mooney, professeure d’art au collège, prévoit de porter cette robe pendant 100 jours. (Photo: Julia Mooney)

À la fin de l’été, alors que la plupart des parents et des professeurs faisaient leurs courses pour la rentrée ou attendaient l’arrivée de la Fashion Week de New York avec impatience, Julia Mooney songeait à partir dans la direction opposée. La professeure d’art du New Jersey s’est engagée à porter la même robe tous les jours pendant 100 jours.

“J’étais simplement assise avec mon mari et j’ai dit en rigolant : “Je vais juste porter la même chose à l’école tous les jours’”, confie à Yahoo Lifestyle J. Mooney, qui enseigne au collège William Allen à Moorestown, dans le New Jersey. “Et puis, j’ai commencé à y penser un peu plus sérieusement, car l’idée me semblait bonne”.

Le but de Julia Mooney n’est pas d’éviter d’avoir à choisir quoi enfiler le matin. Julia, son mari et leurs trois enfants tentent actuellement de limiter leur impact sur l’environnement en consommant mois, en créant leurs propres vêtements, en développant leur propre potager et en élevant des poulets dans leur jardin. Julia a réalisé que cette idée correspondait à leurs principes et qu’il pourrait s’agir d’une leçon intéressante pour ses élèves.

“C’était une belle opportunité de montrer aux enfants comment les artistes parviennent souvent à allier art et activisme”, confie J. Mooney.

Elle souhaite faire comprendre plusieurs choses à ses élèves. Tout d’abord, elle souhaite les sensibiliser aux pressions de la société qui nous poussent tous à porter de nouvelles tenues différentes tous les jours, une pression que J. Mooney ressent également.

“J’aime porter des vêtements ; j’aime m’exprimer”, confie-t-elle. “Je sais que nous observons tous ce que les autres portent. Porter la même tenue tous les jours est inconfortable à cause de cette attente culturelle ancrée en nous qui nous pousse à changer de vêtements tous les jours. C’est bizarre, mais le fait que ça soit bizarre nous encourage tous à réfléchir”.

Elle souhaite également discuter de l’impact environnemental de l’industrie de la mode éphémère. De nombreuses estimations indiquent que la consommation mondiale de vêtements a augmenté de 60 % depuis 2000, principalement car nous utilisons moins nos vêtements avant d’en acheter de nouveaux. Les nouveaux vêtements coûtent moins chers à la caisse qu’avant, mais il faut considérer un autre coût : 2700 litres d’eau sont nécessaires pour créer un T-shirt en coton traditionnel, selon le HuffPost. Une chemise en polyester nécessite moins d’eau, mais sa confection émet deux fois plus de dioxyde de carbone. L’industrie du textile émet plus de dioxyde de carbone par an que les vols internationaux et les expéditions par avion, selon Nature, et est à l’origine d’un cinquième de la pollution des eaux en Chine, selon Greenpeace.

Julia Mooney explique que la demande de vêtements bon marché pousse également les entreprises à les fabriquer dans des pays qui proposent des salaires plus bas et des conditions de travail plus difficiles. C’est pour toutes ces raisons qu’elle a décidé de porter la même robe de Thought Clothing, une entreprise basée à Londres qui affirme respecter les principes du commerce équitable. La robe Jazmenia grise est également un choix pratique.

“J’avais besoin d’une robe polyvalente, car je vais la porter en hiver, et il faisait 32 degrés au début de l’année scolaire”, confie-t-elle. “Je vais devoir ajouter des bas et des bottes pendant l’hiver, et peut-être un gilet. J’ai également choisi une robe unie afin de pouvoir varier un peu mon look avec une écharpe ou quelque chose. Elle est également constituée d’une matière durable, le chanvre”.

Le mari de Julia Mooney a décidé de se joindre à ce défi de 100 jours. (Photo: Julia Mooney)
Le mari de Julia Mooney a décidé de se joindre à ce défi de 100 jours. (Photo: Julia Mooney)

L’expérience de J. Mooney se passe bien après une semaine, et ses élèves semblent intéressés par son projet.

“Je marche dans les couloirs et je les entends dire : “Est-ce qu’elle continue à porter la même robe ?””, confie-t-elle.

Le seul petit défi : garder la robe propre. Elle la lave à la main, car utiliser la machine à laver tous les jours serait contre-productif, et elle porte un tablier pendant ses cours. Mais J. Mooney est également la maman de deux jeunes enfants, et l’un d’eux est déjà parvenu à mettre du sang et du jus sur sa robe à deux occasions.

“J’essaie simplement de trouver une solution rapide et m’assurer de porter une robe propre”, confie-t-elle. Elle confie avoir une robe de secours au cas où, mais n’a pas encore eu besoin de l’utiliser. “J’ai eu de la chance jusqu’à maintenant”.

Le projet a également inspiré d’autres personnes : le mari de J. Mooney et trois professeurs du lycée d’à côté ont décidé de suivre son exemple. Nous sommes nombreux à frémir à l’idée de ne jamais changer de vêtements, mais J. Mooney souhaite rappeler à tout le monde qu’il s’agissait autrefois de la norme.

“Je n’ai pas de placards à la maison”, confie-t-elle. “Nous avons été obligés d’en ajouter, car ma maison a été construite dans les années 30, et les gens n’avaient pas autant de vêtements à l’époque”.

Une fois les 100 jours terminés, J. Mooney ne pense pas retourner à ses vieilles habitudes.

“Je suis plus attentive à certaines choses maintenant, comme respecter la planète pour mes enfants et respecter les autres humains qui travaillent dans d’autres pays, et j’essaie de me voir différemment aussi, au lieu de m’inquiéter à propos de mon look”, confie-t-elle. “Je vais probablement réduire ma garde-robe et acheter moins, et je vais essayer d’acheter des vêtements d’occasion et essayer de créer davantage et d’être créative”.

Sabrina Rojas Weiss