Violaine de Filippis-Abate : « Porter plainte implique un parcours long »
Dans son essai Classées sans suite (aux éditions Payot), Violaine de Filippis-Abate, avocate, dénonce le parcours des femmes victimes de violences et dissèque le système juridique français et ses nombreuses failles. Interview.
ELLE - Est-ce que vous pourriez décrire le parcours d'une femme victime de violences pour porter plainte ?
Violaine de Filippis-Abate. - D’abord, il faut savoir qu'il existe la possibilité de porter plainte par courrier auprès du procureur mais la plupart des femmes se rendent au commissariat ou en gendarmerie. Ce qui veut dire sonner à un interphone qui oblige une première fois à verbaliser – face à un mur - le motif de la plainte. Ensuite, la personne arrive dans une salle avec un comptoir d’accueil, où l'espace de confidentialité n’est jamais respecté ou trop petit. C’est là qu’intervient le code couleur orange ou bleu. Si l’on vient porter plainte pour violences conjugales et/ou sexuelles, il faut dire orange. Malheureusement, cela se voit sur l’affichage dans la salle, tout le monde comprend plus ou moins. Et souvent, ce n’est même pas appliqué. Je me suis entretenue avec une policière qui ne savait pas à quoi servait l’affichage derrière elle et pensait que c’était pour donner un côté ludique…
Ensuite, cela se passe dans un bureau, souvent un open-space, avec 2 à 3 postes de travail. Le ou la policière prend votre déposition mais peut être interrompue par le téléphone, par exemple. Il faut parfois reprendre le fil de l’histoire, déjà compliquée à raconter. Sans parler de la décoration avec des serviettes sui sèchent après la séance de sport, le calendrier des pompiers ou des affiches “ici on ne se plaint...
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