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Violences sexuelles sur les hommes: "Les femmes n'ont ni plus ni moins de droits qu'un homme"

Le 22 octobre 2004, dans les locaux de la CAUVA (centre d'accueil en urgence des victimes d'agression) à Bordeaux (PHOTO D'ILLUSTRATION) - DERRICK CEYRAC / AFP
Le 22 octobre 2004, dans les locaux de la CAUVA (centre d'accueil en urgence des victimes d'agression) à Bordeaux (PHOTO D'ILLUSTRATION) - DERRICK CEYRAC / AFP

De la GPA à la transidentité, la série Plus Belle la Vie a désormais l’habitude de retranscrire sur le petit écran des sujets encore tabous dans la société française. Dans un nouvel épisode diffusé ce lundi soir, elle a cette fois choisi de mettre en scène le viol d’un homme, rapportent nos confrères du Parisien. En l'occurrence, l’homme est un policier, père de famille, forcé à faire une fellation à son agresseur. L’acteur Jérôme Bertin, qui interprète le fonctionnaire, déclare avoir voulu montrer que "le viol n’a pas de sexe". Selon le rapport Cadre de vie et sécurité publié en 2019, l’écrasante majorité des victimes de violences sexuelles sont des femmes (80%). Toutefois, la question de la prise en charge des victimes hommes ne doit pas être occultée, juge le comédien.

Victime durant l’enfance ou l’adolescence

Derrière le terme de violences sexuelles sur les hommes, réside différentes réalités. Il s’agit tout aussi bien de jeunes hommes victimes d’acte de pédophilie, dans le cadre familial ou par une figure d’autorité, mais aussi d'adultes, par un homme ou une femme.

"Depuis quelques années, la justice reconnaît aussi comme un viol le fait d’avoir fait une fellation de force à un homme", précise à BFMTV.com Olivia Mons, porte-parole de fédération France Victimes.

Dans l’étude "Violences et rapports de genre" (Virage) de 2015, l’Institut national d’études démographiques français (Ined) indiquait que "les viols vécus par les hommes l’ont été principalement pendant l’enfance ou l’adolescence". La récente libération de la parole dans les affaires de pédophilie à l’église a montré la surreprésentation des hommes parmi les victimes. Problème, selon Jérôme Bertin, mais également l’auteure féministe Victoire Tuaillon dans son ouvrage Les Couilles sur la Table, "le viol des hommes n’est que très rarement pris au sérieux".

Le poids des stéréotypes

Selon l’autrice, les hommes seraient victimes des stéréotypes sur la masculinité, selon lesquels ils sont "pensés comme plus forts physiquement (...) le viol commis sur des hommes devient donc impensable".

L'agression est par conséquent au moins autant difficile à révéler lorsque la victime est un homme, à cause du poids de la honte:

"On est dans les stéréotypes. Encore une fois les victimes se sentent coupables de ce qu’elles ont vécu. Mais une victime n’est jamais responsable. Il faut qu’on arrive à changer de paradigme", juge le médecin Gilles Lazimi auprès de BFMTV.com.

D’autant que pour l'agression sexuelle comme pour le viol, "il n’est pas seulement question de force physique", rappelle Olivia Mons. Très souvent, les témoignages de victimes font état d’une emprise psychologique, ou bien d’une contrainte morale lors des viols au sein d’un couple, imposant une forme de domination par l’agresseur. Qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme, la question du consentement est par conséquent identique.

Le même syndrome post-traumatique

Les violences sexuelles sont "extrêmement difficiles à dire car elles touchent à l’intimité du corps", souligne la porte-parole de France Victimes. Elles laissent ensuite de lourdes séquelles, quel que soit le sexe de la personne. "Les victimes souffrent tous de syndromes post-traumatiques, avec les mêmes phénomènes de distorsion de la pensée", cite Gilles Lazimi. "D’un point de vue psychologique, il n’y a pas de différence entre les victimes", prévient-il.

Un avis partagé par Olivia Mons, pour qui la prise en charge est un accompagnement "d’une personne, pas d’un genre ou d’un sexe. On prend en compte l'histoire de l'individu, son environnement".

Pour autant, force est de constater que le nombre d'associations consacrées aux femmes victimes de violences sexuelles est bien plus important que celles consacrées aux hommes victimes. "Nous sommes dans une société patriarcale où le genre féminin doit se battre pour rattraper un certain nombre de déséquilibres", juge-t-elle. Mais, d’un point de vue légal, face aux violences sexuelles, "les femmes n’ont ni plus ni moins de droits qu’un homme".

Article original publié sur BFMTV.com