Publicité

Violences sexuelles : le tabou des agresseuses

L'écrivain Michka Assayas a raconté récemment dans le journal « Le Point » comment, dans son adolescence, il avait été sous l'emprise amoureuse et sexuelle de sa prof de français. Un témoignage qui rappelle, dans sa version masculine, celui de Vanessa Springora au sujet de Gabriel Matzneff. Existe-t-il des « prédatrices » comme il existe des « prédateurs » ? Interview de Stéphane Clerget, pédopsychiatre, coauteur de « Ados : le décodeur » (Leduc.S Éditions).

ELLE. Est-ce que l'on rencontre souvent des cas de femmes adultes qui abusent d'adolescents garçons ?

Stéphane Clerget. C'est un phénomène très peu étudié. Aux États-Unis et au Québec, on a estimé que, parmi les adultes agresseurs sexuels, on trouvait 5 % de femmes. Il existe encore un vrai tabou culturel autour de l'idée que des viols puissent être commis par des femmes.

ELLE. Y a-t-il une différence dans la façon dont les femmes et les hommes vont être « prédateurs » ?

Stéphane Clerget. Pas vraiment. Il y a en commun la notion d'exercer un pouvoir sur l'autre. Mais chez la femme, cela va sembler moins grave, car, dans notre culture, faire des avances à un garçon adolescent est vu comme un « cadeau » qui lui est fait, un « éveil » à la sexualité. Pourtant, il n'en est rien.

ELLE. Comme Vanessa Springora, Michka Assayas explique qu'il était à la fois consentant et victime…

Stéphane Clerget. C'est normal. L'adolescent peut éprouver un sincère sentiment amoureux et être en même temps sous influence, fasciné. De même, du point de vue sexuel, il ou elle peut connaître une envie physique, du plaisir corporel. Du coup, il est très difficile pour ces personnes d'arriver à se formuler qu'elles ont été manipulées, sous emprise.

ELLE. Quelles sont les conséquences psychologiques de ces cas précis ?

Stéphane Clerget. Le sentiment d'avoir été utilisé par un adulte peut provoquer chez un adolescent une très mauvaise estime de soi, un manque...

Lire la suite de l'article sur Elle.fr

A lire aussi