Écobalyse : à quoi va ressembler l’étiquette environnementale pour l’achat de vêtements neufs
CONSOMMATION - Matière, pays de fabrication, empreinte carbone, réparabilité… Difficile pour un consommateur de déterminer l’impact environnemental d’un vêtement neuf avant de l’acheter. Un nouvel outil va bientôt l’y aider : l’Écobalyse, une étiquette qui devrait apparaître dès cet automne dans les magasins et en ligne. Cet éco-score sera dans un premier temps destiné aux marques volontaires pour l’afficher sur leurs vêtements - leurs noms ne sont pas encore connus. Mais l’ambition est de l’étendre et de le rendre obligatoire par la suite.
Shein, Temu… Cette loi anti « fast fashion » veut punir l’impact environnemental de ces marques
Fruit d’un long travail du ministère de la Transition écologique et de l’Ademe, en concertation avec les acteurs du secteur, ce projet faisait partie des 149 propositions de la Convention citoyenne pour le climat. Il était inclus dans la loi climat et résilience de 2021.
Car l’industrie textile est l’une des plus polluantes. À l’échelle mondiale, elle représente 10 % des émissions de gaz à effet de serre, 4 % de la consommation d’eau potable et relâche 240 000 tonnes de microfibres de plastiques dans les océans chaque année. Ce mercredi 3 avril, le gouvernement a donc lancé Écobalyse, un outil de calcul à destination des marques, désormais en libre accès pour une phase de consultation, avant le déploiement de l’étiquetage en rayon plus tard dans l’année.
Une note allant de 0 à l’infini
L’éco-score se présentera sous la forme d’une note, allant de 0 à l’infini, qui permettra d’évaluer le coût environnemental de chaque vêtement. Plus la note est basse, plus le vêtement est éthique, plus elle est élevée, plus la planète paye le prix de sa production.
À titre d’exemple, le ministère compare trois tee-shirts. Le premier, fabriqué en France, par une marque éthique, avec un coton bio, a un coût environnemental de 383 points d’impact. Le second, fabriqué au Pakistan, par une marque de mode classique, avec un coton conventionnel, coûte 893 points. Le dernier, fabriqué dans un pays d’Asie (Chine, Bangladesh…), par une marque d’ultra fast fashion (type Shein), dans une matière synthétique, coûte 1 252 points.
Pour établir une méthodologie adaptée, le travail a été long. Onze expérimentations ont notamment été menées par des collectifs de marques en 2022, en collaboration avec l’Ademe. Avec comme objectif la prise en compte de toutes les dimensions de l’impact environnemental d’un vêtement, tout en développant un outil accessible pour les entreprises.
« L’idée est de réussir à faire quelque chose qui soit accepté et acceptable par l’ensemble de la profession, qui puisse être appliqué dans une approche de massification, il ne s’agit pas de faire quelque chose de trop complexe qui freinerait le développement de la méthode », expliquait ainsi Raphaël Guastavi, directeur adjoint de l’économie circulaire à l’Ademe, interrogé par Le HuffPost en début d’année.
Analyse du cycle de vie du vêtement
Pour calculer ce coût, Écobalyse se base d’abord sur l’analyse du cycle de vie du vêtement. Pour cela, la méthode utilise la PEF (« product environmental footprint ») européenne, une mesure qui prend notamment en compte les émissions de gaz à effets de serre et la consommation d’eau du produit.
Dans le cadre de l’éco-score français, cette méthode a été complétée pour y inclure des enjeux d’écotoxicité (utilisation de produits chimiques, libération de microfibres…) et considérer la fin de vie du vêtement.
À ce premier calcul, basé sur le cycle de vie du vêtement, s’ajoute un coefficient de durabilité. Une durabilité bien sûr physique – une matière plus noble et de meilleure qualité aura une plus longue durée de vie – mais pas seulement.
La durabilité des produits
La durabilité extrinsèque du vêtement a aussi été prise en compte. Car quand il s’agit d’impact environnemental, la clé est surtout de réduire la surconsommation de textile. Chaque année, un Français achète en moyenne 48 vêtements, un chiffre qui ne cesse de progresser depuis une décennie en raison de l’impact de la fast fashion.
Or, selon l’Ademe, la deuxième cause de fin de vie des vêtements est la lassitude des consommateurs. Un sentiment encouragé par les bas prix, le renouvellement constant des collections et les incitations à la surconsommation de certaines marques.
Pour prendre en considération ces enjeux, l’éco-score inclut des facteurs comme la largeur de gamme de la marque (plus il y a d’offre, plus on pousse à consommer), la durée de commercialisation moyenne des vêtements, ou encore l’incitation à la réparation (une veste qui coûte 10 € et dont la réparation en coûtera 15 sera souvent remplacée plutôt que réparée).
Une loi pour pénaliser la fast fashion
Ce n’est pas la seule mesure prise récemment pour lutter contre les effets de l’industrie textile sur l’environnement. Une proposition de loi Horizons, adoptée à l’unanimité par l’hémicycle le 15 mars et qui doit désormais être examinée au Sénat, propose de pénaliser la fast fashion.
Parmi les mesures prévues : le renforcement de la sensibilisation des consommateurs « sur l’impact environnemental de la mode éphémère », l’interdiction de la publicité pour les marques relevant de la fast fashion et la mise en place d’un système de bonus-malus pour les entreprises textiles.
Cette dernière mesure devrait être calculée grâce à la méthodologie d’Écobalyse, qui ne sera donc pas seulement une mesure d’affichage. Du côté des consommateurs, appréhender ce nouveau système de notation, plus complexe que le nutri-score, demandera du temps. Le ministère le reconnaît et prévoit, une fois la phase de consultation passée, un « travail de pédagogie » à destination du grand public.
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