Anne-Sophie Pic : le triomphe de la cheffe autodidacte

Toques sur la tête, flûtes à la main et sourire aux lèvres, les hommes de la brigade font corps autour de la patronne. En ce 21 février 2007, il flotte un doux parfum de fête dans la cuisine de la Maison Pic, au 285 avenue Victor-Hugo, à la sortie sud de Valence. Le vénérable établissement familial fondé en 1936, haut lieu gastronomique de la vallée du Rhône, vient de retrouver la récompense suprême : la troisième étoile Michelin, perdue douze ans plus tôt.

Pour l’occasion, le sommelier a sorti le jéroboam de champagne, qu’il verse d’un geste sûr devant l’objectif des photographes. Au centre de la scène, une femme, l’héroïne du jour : la cheffe Anne-Sophie Pic. À seulement 37 ans, dont dix au piano du restaurant drômois, la voilà consacrée par le célèbre guide rouge. Mieux : elle devient la seule femme triplement étoilée en France, et la quatrième depuis la fondation du Michelin en 1900. Veste de cuisine blanche au col relevé, cheveux noirs tirés en arrière, mine sérieuse et concentrée, la maîtresse des lieux savoure son triomphe sans jubiler, avec la retenue de celle qui sait la longueur du chemin parcouru. " La victoire est deux fois plus belle car ça a été difficile au début ", confesse la cuisinière au micro de France 2, devant son équipe au garde-à-vous. Un peu plus tard, dans le salon aux murs vert olive du restaurant, la journaliste lui demande à qui elle voudrait dédier cette victoire. Anne-Sophie Pic répond sans hésiter : " À mon père. Ça me semble tellement évident ! (...)

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