"Un arbre peut donner jusqu'à 40 truffes dans la saison !" : rencontre avec une trufficultrice dans la Drôme provençale
Depuis les fenêtres de la belle maison en pierre, la féerie du paysage n’est pas encore celle de Pagnol, ni celle de Giono ou de Mistral. Le Mont Ventoux et les dentelles de Montmirail, au loin vers le sud, en donnent un aperçu comme la parcelle de lavande endormie, qui dans quelque mois apportera la couleur et le parfum au pied de la bâtisse. C’est le Tricastin, et c’est presque la Provence, le vent souffle avec la même folie, le soleil boit l’eau de la terre et des sources avec la même soif. "C’est surtout la région qui produit le plus de truffes en France" ajoute Virginie dont chaque trait du visage dessine la géographie de la bienveillance. A ses pieds, Hélice, une chienne au pelage en noir et blanc, semble goûter les mots de sa maîtresse. Même si l’impatience pointe au bout de son museau. Elle jappe, remue la queue, gémit d’une complainte qui n’est pas de la mélancolie mais un appel à aller caver. En d’autres termes, aller à la chasse à la truffe. Virginie caresse l’occiput poilu d’Hélice avec cette douceur que les maîtres savent réserver à leur chien. L’animal se tortille et les deux lèvres opèrent un mouvement inverse frénétique, laissant apparaître la barre d’émail à la manière d’un sourire. "Hélice a onze ans et nous avons déjà fait un bon bout de chemin ensemble. Alors j’évite de penser à l’inéluctable qui se rapproche." Entre l’animal et la trufficultrice, il y a une connivence indescriptible, parabole de la symbiose entre la truffe et l’arbre.
Une gibecière en bandoulière, (...)