Ariane Ascaride (« La Pie voleuse ») : « Je prends de la valeur avec le temps »
Elle est discrète, même si elle enchaîne les rôles depuis quarante-sept ans au cinéma comme au théâtre. Héroïne de « la Pie voleuse », de Robert Guédiguian, vingt et unième film issu de sa collaboration avec son mari réalisateur, Ariane Ascaride y incarne une aide à domicile qui chaparde quelques euros à ses clients pour s’offrir un peu de rêve. Entre deux répétitions de ses spectacles à la Scala, elle raconte sa complicité avec son époux et se livre avec générosité autour d’un thé dans son fief montreuillois.
Vous est-il possible de refuser un rôle à Robert Guédiguian ?
La probabilité est infime. Ce serait un casus belli pour notre couple ! Et puis quel intérêt ? Je souhaite à toutes les actrices d’avoir la variété des rôles qu’il m’a offerts. On me demande parfois si je ne trouve pas cela « ghettoïsant » de toujours tourner avec lui, mais en aucun cas. Travailler avec lui, c’est l’inverse de la frustration, c’est l’exploration.
Intervenez-vous dans les scénarios ?
Jamais. Je n’en ai coécrit qu’un, le Voyage en Arménie. La première fois que j’ai tourné avec Robert, en 1980, je sortais du Conservatoire, lui n’avait encore rien fait. Nous étions déjà mariés, j’ai voulu mettre mon nom partout, alors que je ne comprenais rien, et on s’est beaucoup disputés. J’ai alors compris que le cinéma était une profession très hiérarchisée et que, au fond, si je devais intervenir, je le ferais à l’intérieur de mon personnage.
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Justement, qui est Maria dans La pie voleuse ?
Une auxiliaire de vie borderline. La réalité ne l’intéresse pas, même s’il n’y a pas plus concret que son métier. Alors elle se crée des échappatoires : elle regarde des vidéos de piano en mangeant des huîtres et se persuade que son petit-fils est un prodige. Comme elle n’a pas les moyens de ses rêves, elle pique...