“Athena”, une tragédie moderne qui préfère l’esthétique à la complexité

Athena se présente comme une tragédie grecque et, comme une tragédie grecque, le film de Romain Gavras a vocation à être universel. Mais si le long-métrage du réalisateur français est diffusé depuis le 23 novembre dans plus d’une trentaine de pays sur Netflix, il ne convainc pas entièrement la presse internationale.

Certains louent sa mise en scène picturale de la violence dans un quartier périphérique français happé par la révolte. “Le cinéma de Gavras est techniquement impressionnant”, salue par exemple le New York Times. Mais cela ne suffit pas à masquer le manque de profondeur de l’histoire.

Une tension maximale

Le film démarre tambour battant. “C’est spectaculaire et immersif, avec un prologue sensationnel”, se réjouit le Guardian. Le long plan-séquence qui introduit l’intrigue met le spectateur “dans un état de tension maximal, qui s’intensifie ensuite”, constate le New York Times.

Chauffés à blanc par une vidéo où l’on voit des hommes en uniforme de police tuer froidement un adolescent de leur quartier, des jeunes prennent d’assaut un commissariat de police. Leur leader, Karim (Sami Slimane), – l’un des frères de la victime – réclame que les meurtriers soient traduits en justice, sans quoi il organisera le soulèvement de la cité, Athena.

Son aîné, Abdel (Dali Benssalah), membre de l’armée française, appelle dans un premier temps au calme. “Les noms des personnages principaux font allusion aux frères bibliques Caïn et Abel”, remarque le quotidien argentin El Cronista. Sauf que la fratrie inclut aussi Moktar (Ouassini Embarek), un vendeur de drogues qui tente de sauver son trafic au milieu du chaos.

Décor de jeu vidéo

Avec sa “virtuosité technique” et sa représentation d’une “guerre civile” générée par “les inégalités du système français”, Athena “a beaucoup de points communs avec Les Misérables”, note le site de la radio espagnole Cadena SER. Son réalisateur, Ladj Ly, a d’ailleurs coécrit le scénario de la production de Netflix avec Romain Gavras.

Néanmoins, pour le Los Angeles Times, Athena “n’atteint pas la même puissance, en partie parce que son propos politique ressemble à un alibi, un accessoire dans une histoire qui se soucie moins des personnages et de la vaste palette d’expériences humaines qu’ils représentent que de sa propre virtuosité formelle”.

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