Avant-après #MeToo, notre sexualité a-t-elle vraiment évolué ?
Ce qui a changé ? Les mots, d’abord, des femmes agressées, par Harvey Weinstein aux Etats-Unis, Gérard Depardieu, Gabriel Matzneff, Patrick Poivre d’Arvor, Benoît Jacquot, l’abbé Pierre ou Dominique Pelicot en France. Le rapport à l’acte sexuel en a-t-il été affecté ? Inévitablement, assure la sociologue Cécile Thomé dans son livre Des Corps disponibles (éd. La Découverte, 2024) : " Ce qui est remis en cause, c’est la place primordiale de la sexualité, après qu’on nous a longtemps expliqué que pour notre bonheur, elle devait être importante, diversifiée et épanouie, constate cette sociologue qui a enquêté sur la contraception au tournant des deux siècles. L’injonction n’a pas disparu, mais aujourd’hui, on s’interroge sur les nouveaux rapports de genre, et sur l’impact qu’ils ont sur notre sexualité. "
Nouveaux, vraiment ? " Le répertoire sexuel s’est beaucoup diversifié, il y a beaucoup plus de cunnilingus, de fellations, de caresses… " explique la chercheuse. Qui, toutefois, nuance immédiatement : " Dans le même temps, la pénétration est restée centrale. La diffusion de la contraception n’a pour but que de permettre cette pratique-là, alors même que si c’est la préférée des hommes, ce n’est pas celle de la majorité des femmes… qui y restent néanmoins très attachées, selon cette idée que c’est l’acte qui nous rapproche le plus de l’autre. "
Pour plus de neuf Français sur dix, qui se disent hétérosexuels (mais 86 % dans la génération Z, née après 1995*), l’autre, c’est l’autre sexe. (...)