Body-Posi : leurs tatouages les ont aidés à reprendre confiance en eux
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Les tatouages d’Angélique
Vers mes huit/neuf ans, j’ai développé des troubles du comportement alimentaires, depuis je suis boulotte à tendance yoyo. La balance n’est jamais fixe, tantôt je suis mince et musclée, tantôt je frôle l’obésité.
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Les tatouages d’Angélique
Sur une année, je peux connaître ces deux extrêmes. Je n’ai aucun contrôle, ni sur mes TCA, ni sur mon corps.
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Les tatouages d’Angélique
Le seul contrôle que je peux avoir sur ce dernier, le seul moyen que j’ai trouvé aujourd’hui pour l’aimer (et donc de m’aimer un peu), pour l’entretenir et le pousser à être toujours plus « Stronger than yesterday », c’est grâce au biais des modifications corporelles, où pour être plus précise, grâce à l’art du tatouage.
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Les tatouages d’Angélique
J’ai l’impression que les tatouages font vraiment partie de mon identité, m’ont aidés à devenir celle que je suis aujourd’hui. De moins en moins sauvage en société, de plus en plus à l’aise avec mon corps et mon apparence.
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Les tatouages d’Angélique
Preuve en est, je gagne ma croûte en étant modèle vivant dans une école d’art, des heures passionnantes où les élèves ne jugent pas mes quinze kilos en trop et s’en servent pour leurs peintures. Aurais-je sauté le pas, si je n’avais pas commencé à me faire tatouer il y a bientôt dix ans ? Je ne pense pas.
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Les tatouages d’Angélique
Je ne vais pas vous mentir, aujourd’hui je ne suis pas forcément mieux ni dans mon corps ni dans ma tête, il y a des hauts et beaucoup trop de bas encore.
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Les tatouages d’Angélique
De plus, j’ai choisi un métier où je dois être en constante représentation (où l’on me rappelle souvent que je suis un peu trop grosse pour être comédienne), et les photos que j’ai faites pour illustrer cet article sont savamment cadrées pour voir le moins de bouts de gras possibles.
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Les tatouages d’Angélique
Mais hier, je suis passée devant le miroir et en apercevant mes nouveaux tatouages, je me suis trouvée vachement jolie. État d’ivresse post-tatoueur éphémère ? Ou encore un petit pas en avant pour moi ? Je ne sais pas, mais c’est déjà pas mal, non ?
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Les tatouages de Lucas
J’ai commencé par mon avant-bras et c’est toujours celui que j’ai de plus visible. C’est une représentation graphique d’un bras d’ADN fait par la talentueuse Aga au studio Art-Corpus. Comme c’était mon tout premier et que l’on m’avait mis la pression à coup de “Ça reste à vie fait attention !”, “il ne faut pas le regretter”, “et quand tu seras vieux alors ?!”. Bref, j’avais la pression, il fallait absolument qu’il ait un sens donc c’est un de mes tatouages qui en a le plus pour moi.
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Les tatouages de Lucas
Puis ensuite vient le moment où j’ai déjà un tatouage et commence à craquer sur des flashs. C’est là que j’ai compris qu’au-delà du fait de pouvoir représenter des valeurs, j’avais le droit de m’en faire juste parce qu’ils me plaisent et parce que ça me fait du bien.
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Les tatouages de Lucas
J’ai commencé à recouvrir plus ou moins instinctivement les parties de mon corps que j’avais du mal à accepter. J’ai donc continué par le dos et les jambes. Ça m’a aidé à reprendre possession de mon corps, j’avais du mal à avoir un miroir chez moi parce que je ne supportais pas de me voir.
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Les tatouages de Lucas
Maintenant même dans les périodes où j’ai du mal, je peux au moins mater mes tatouages et ça fait un bien fou. Avoir des pièces d’art qui me plaisent encrées en moi, c’est un pur bonheur.
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Les tatouages de Lucas
Et puis maintenant, j’ai la réponse à ceux qui me disent “tu verras dans 30 ans”,” tu n’as qu’un corps”. Oui, je n’ai qu’un corps, alors autant qu’il corresponde au mieux à ce qui me plaît au lieu de m’y sentir mal, et les tatouages m’aident énormément là-dedans.
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Body-Posi : leurs tatouages les ont aidés à reprendre confiance en eux
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Les tatouages de Clara
Mon premier tatouage était un tout petit lettrage dans la nuque, rien de bien fou, mais j’en suis sortie avec les larmes aux yeux grâce à cette sensation “d’accomplissement”. J’ai vite compris qu’il me manquait quelque chose pour être moi-même. Petite j’ai beaucoup souffert du regard des autres à cause de mon nez cassé, de mes cheveux courts, de mon coté garçon manqué parfois. Un enfant peut être cent fois plus blessant qu’un adulte dans ses mots. J’étais alors quelqu’un de très timide, qui n’osait pas se montrer aux autres et ne savait pas réagir face à leur regard.
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Les tatouages de Clara
Tous mes tatouages sont des sortes de protections, des éléments qui font partie de moi, de mon histoire. Ils sont tous un peu reliés et sont souvent très symboliques. J’ai beaucoup de mal à regarder des photos de moi sans.
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Les tatouages de Clara
Premièrement celui sur ma cuisse. J’ai attendu 4 ans avant de le faire, trouver la bonne personne, être sûre au point de le sentir dans mes tripes. Je n’ai aucune idée d’où ça vient précisément, mais j’ai toujours eu cette passion pour le loup, j’ai grandi avec des huskys une partie de ma jeunesse, en regardant Balto en boucle, et en grandissant, c’est devenu une sorte de totem à mes yeux. L’avoir dans la peau m’a aidé à prendre confiance en moi, parce que je me sentais un peu plus “moi-même” je ne m’imaginais plus sans. Maintenant, j’ai toujours ce regard admiratif et fière quand je le regarde. Ca restera ma pièce favorite et le centre de toutes les autres.
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Les tatouages de Clara
Si je devais en choisir un autre, ce serait mon dos, celui avec le plus d’histoires peut-être. Il y a 3 ans, j’ai eu un vrai passage à vide où tout s’est écroulé autour de moi d’un coup. J’ai perdu confiance en tout et en tout le monde, et me suis reconstruite avec beaucoup de rage. Mais avec du recul, c’est un passage de ma jeunesse qui m’a construite, aidé à grandir, à devenir ce que je suis maintenant, avec toute cette niaque, cette envie d’aller encore plus loin. J’avais ce besoin d’encrer en moi cet événement et le fait d’en être sortie. La dague porte cette lourde signification de la trahison, du coup dans le dos, mais j’y ai ajouté le dragon, une créature qui me fascinait étant petite, comme symbole de la protection (c’est le personnage de Haku, dans Le voyage de Chihiro, qui est en quelque sorte son gardien). On peut le voir comme le fait que je sache maintenant utiliser cette dague pour me défendre peut-être. Ça a aussi été le tatouage le plus douloureux que j’ai fait, au point d’avoir hésité à arrêter avant la fin, ce qui ajoute énormément à sa symbolique.
Je dirais que l’ensemble de mes tatouages est un peu comme une toile, toujours en construction certes, mais qui me permet de me définir, de me sentir accomplie et forte. De par leur symbolique ou leur histoire. Je suis fière de les porter, de les montrer, de me montrer. Au fil des années, ils m’ont aidé à assumer mon corps, que ce soit dans des périodes où je ne m’aimais pas ou celle où je le modifiais. C’est une forme d’acceptation de soi qui passe par le fait de mettre en images ce que j’ai enfoui au fond de moi, de pouvoir monter au monde ce que je suis vraiment, même si certains ne se voit pas forcément tout le temps, je sais qu’ils sont là. Yahoo Actualités, c’est mieux dans l’application
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Les tatouages de Pauline
J’ai commencé le tatouage jeune, il y a quasiment 10 ans. Je ne vis pas en paix avec mon corps, il y a mon poids, le poids de la société patriarcale, le poids du regard des autres… Et tatouer cette peau avec qui je ne m’entends pas tout le temps, c’est un acte de paix, qui aide à adoucir mes complexes, à trouver une force, à être fière de ce corps qu’on m’a souvent reproché ou qu’on a énormément rabaissé.
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Les tatouages de Pauline
Ça ne remplace pas une thérapie ni tout le travail de bienveillance et de positivité à faire, mais c’est un choix fort dans lequel on donne de soi, de son temps, son argent, sa douleur… Ça me permet de me trouver belle, de me donner des repères et des souvenirs, de me rappeler que mon corps m’appartient, et qu’il ne doit pas dépendre des normes de beauté qu’on nous impose.
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Les tatouages de Gallïane
Depuis mes 16 ans, j’avais envie de me faire tatouer. J’ai fait mon 1er tatouage à 18 ans sur l’omoplate gauche, afin de marquer cette étape importante pour moi qu’était la majorité, l’émancipation à l’autorité parentale. Quelque chose de simple et que je pouvais cacher facilement si je devais trouver du travail. Déjà à l’époque, j’ai choisi un motif floral.
À partir de mon 3ème tatouage, la vision que j’avais de mon corps a commencé de changer. Ce n’était plus uniquement ce truc complexant, mais une façon de m’affirmer, de dire qui je suis. En 20 ans, j’ai vraiment ressenti ce besoin de remplir mon corps par des motifs qui me ressemblent, et qui me représentent, comme un livre ouvert ou une fresque qui raconte une histoire, mon histoire. Yahoo Actualités, c’est mieux dans l’application
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Les tatouages de Gallïane
Peut-être est-ce en raison de mes origines asiatiques que j’ai eu envie d’encrer des motifs appartenant à l’art de l’estampe (chinoise ou japonaise). Je ne souhaitais pas réaliser pour autant de tatouage traditionnel japonais (Irezumi) trop marqué et surtout appartenant à une culture qui n’est pas la mienne. Je n’en ai conservé que les symboles de la faune et de la flore. Les dessins sur mes bras sont la première chose que l’on voit et on me dit toujours qu’ils sont doux, légers et poétiques. Longtemps complexée par mon corps, j’ai appris à l’aimer, notamment en en faisant une toile sur laquelle différents artistes ont laissé leur œuvre. Il raconte à la fois ma vie et mes passions, mais aussi mes sentiments et mes émotions. Les tatouages sont une façon d’arborer mon corps comme un cheval de bataille, je revendique qui je suis, ce que je fais, mes forces et mes faiblesses à travers les motifs qui ornent mon corps. Ma famille y est présente, mes aspirations, mes engagements politiques, ma spiritualité… Le tableau n’est pas fini, il est en perpétuelle évolution. Comme la vie.
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Les tatouages de Gallïane
C’est d’ailleurs en encrant mon corps et à travers le témoignage des personnes autour de moi que j’ai eu envie de combiner mon projet d’art thérapie au tatouage thérapeutique. De nombreuses personnes m’ont expliqué leur démarche de tatouage : femmes ayant vécu une mastectomie et ne désirant pas réaliser de reconstruction mammaire, mais recouvrir leur cicatrice par un tatouage, victimes de traumatismes ou expériences particulières qui souhaitent encrer leur corps afin de ne jamais oublier ou au contraire pouvoir passer cette étape, cicatrices, deuil… Autant d’étapes à franchir, autant d’histoires et de vies et de besoins différents, mais avec un seul but final : aider les autres à se soigner, à avancer, à aller mieux. Ma démarche repose sur le travail psychologique autour du tatouage comme thérapie en parlant, analysant et dessinant son propre projet.
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Les tatouages de Léa
J’ai fait mon premier tatouage le jour de mes 19 ans, lors d’un séjour Erasmus en Écosse. J’avais le projet de me faire tatouer depuis assez longtemps déjà mais l’acte en lui-même a été assez spontané, je suis allée dans une boutique qui me plaisait et j’avais un rendez-vous le lendemain. Le symbole fait référence à l’Écosse et ses traditions celtiques, car je suis directement tombée sous le charme de ce pays. Le « trinity knot » est un symbole d’harmonie et d’équilibre et j’ai voulu le tatouer sur mon poignet comme une sorte de protection contre mes pulsions destructrices et scarifications. Un sigil de protection et de self-love en quelque sorte.
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Les tatouages de Léa
Le deuxième a été tatoué par un.e ami.e que j’apprécie beaucoup et dont j’adore le travail. J’aime beaucoup le motif des ronces et des mûres qui est une plante rebelle, mais dont les fruits sont délicieux. “Thorny but delicious at the same time” est une phrase que j’ai lu sur Tumblr qui énonce parfaitement mon propos. Ce tatouage couvre ma hanche et il est assez intime. Il m’aide à me sentir belle et à accepter plus facilement mon corps et ma nudité
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Les tatouages de Clémentine
J’ai fait mon premier tatouage à 17 ans. Ce n’était pas vraiment un acte de rébellion, j’avais toujours exprimé le souhait d’en avoir un depuis au moins mes 11 ans parce que c’était joli. À cet âge-la, je n’étais pas bien du tout dans ma peau… Je complexais énormément, alors je pense que ce premier tatouage m’a vraiment permis d’y ajouter quelque chose que j’allais enfin aimer et être fière d’avoir.
Il est encore plus significatif parce que c’est un chat. Mon chat et moi étions très fusionnels, et je voulais absolument l’avoir toujours avec moi (et en plus ça vient d’un film d’animation que j’adore !). - 27/29
Les tatouages de Clémentine
Ensuite, les deux suivants sont petits, très discrets, et montrent mon amour pour deux univers (Harry Potter, mais pas que pour celui-ci, et Disney). Le dernier est plus conséquent, et sûrement le plus travaillé. Il est sur ma cuisse, je crois que là aussi, c’était une façon de me réapproprier cette partie du corps.
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Les tatouages de Clémentine
J’aime bien porter des robes, mais je n’étais jamais très à l’aise avec mes jambes, j’ai toujours eu une vision déformée de mon corps depuis la puberté… Je me sens beaucoup plus à l’aise en maillot de bain avec, comme s’il me couvrait un peu. Depuis quelques années, j’aimerais en avoir un près de la poitrine, un peu pour marquer l’opération que j’ai subi.
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Les tatouages de Piwils
En février 2017, j’ai commencé à avoir des douleurs chroniques, et c’est ce qui a complètement changé mon rapport à la douleur et à mon corps. J’ai vraiment ressenti le besoin de retrouver une image positive de mon corps, d’en refaire quelque chose de beau à mes yeux. Les barrières que je me mettais (les regards des autres, la douleur, l’indélébilité du tatouage) sont très rapidement tombées face à ça.
À Paris, le Mondial du Tatouage a ouvert ses portes ce vendredi 9 mars, à la Grande Halle de la Villette. Pendant longtemps, cet art a eu mauvaise réputation, les tatouages étant considérés comme peu gracieux, sales, réservés à quelques marginaux. Mais les temps changent – heureusement – et aujourd’hui, ces encrages servent de bouclier contre les complexes. Plusieurs adeptes des modifications corporelles se dévoilent.
Il suffit parfois d’un petit rien pour se sentir mal dans sa peau. Les cicatrices, le regard des autres, les diktats de la société… Tous ces facteurs entraînent des complexes, qui deviennent des insécurités. Difficile de lutter, malgré le développement du mouvement body-posi, qui appelle à s’aimer comme on est. Mais contre ces complexes, certains ont trouvé la solution : le tatouage !
Cet art, longtemps critiqué, se développe de plus en plus. En 2017, un sondage Ifop révélait que la France comptait plus de sept millions de tatoués, soit plus d’un Français sur 10. Chez les jeunes, la proportion augmente, puisqu’entre 25 et 34 Ans, elle passe à une personne sur 5. Le côté artistique du tatouage séduit, bien sûr. Mais pour de plus en plus de personnes, le tattoo prend un côté psychologique.
De l’encre pour aller mieux ? Eh oui ! Les tatoués se servent des motifs sur leur peau pour dissimuler des cicatrices physiques (opérations, blessures, césarienne, scarifications…), mais aussi pour mieux accepter leur corps à cause de complexes. Ou encore, même, pour lutter contre la dépression, contre une addiction, pour marquer un deuil ou un renouveau. Pour ne pas oublier, aussi, comme après les attentats du 13 novembre 2015.
Dans notre diaporama, découvrez l’histoire de ces tatoués qui ont franchi le pas pour être mieux dans leur peau.
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