Boris Cyrulnik (« Quand on tombe amoureux, on se relève attaché ») : « Quand l'amour capture, l'attachement libère »

Boris Cyrulnik au Festival du Livre de Mouans-Sartoux

Les liens affectifs tricotés dans la banalité du quotidien nous font moins rêver que la passion amoureuse. A tort ! Dans son nouvel essai, « Quand on tombe amoureux, on se relève attaché » (chez Odile Jacob le 5 mars), le neurologue et psychiatre Boris Cyrulnik, nous explique à quel point ils constituent un rempart à la violence et à la haine.

Pourquoi écrivez-vous de nouveau aujourd'hui sur l'attachement et l'amour ?

Je poursuis dans ce nouveau livre la réflexion de mon précédent essai, Quarante voleurs en carence affective [paru en 2023 chez Odile Jacob], qui s'intéressait aux racines de la violence et de la guerre, et montrait que les enfants ayant des interactions précoces appauvries ont davantage de risque de devenir des adultes violents. Je travaille sur l'attachement depuis 1980. Ce phénomène affectif, ainsi nommé depuis 1951 [élaboré par le psychiatre et psychanalyste britannique John Bowlby après avoir étudié le développement et le comportement des enfants séparés de leurs familles], existe probablement depuis toujours, mais il était étouffé par le réflexe de survie, les rapports de force, la sexualité et la mort.

Il a fallu deux guerres mondiales et trois génocides pour nous rendre à l'évidence : l'altération du milieu (perte des parents, séparations, déracinement) peut altérer le développement d'un enfant, en atrophiant notamment ses deux lobes préfrontaux et son système limbique (des émotions et de la mémoire). On me demande souvent pourquoi les jeunes Européens, qui connaissent aujourd'hui une paix sans précédent et sont davantage respectés qu'auparavant, sont tellement anxieux. Que les enfants tuent d'autres enfants en cas de désaccord est un signal d'alarme fort adressé aux adultes.

Les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient et la propagation des...

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