Certaines personnes sont victimes de moqueries lorsqu’elles décident d’arrêter l’alcool
Nous sommes de plus en plus nombreux à décider d’arrêter l'alcool, notamment suites aux récentes unes sur les risques préoccupants associés à la consommation d'alcool sur la santé.
D’après certaines statistiques récentes, deux millions de personnes auraient participé au Dry January (janvier sans alcool) organisé par Alcohol Concern cette année, et l’“Office of National Statistics” confie qu’une personne lambda boit moins qu’en 2004, et ce à hauteur de 40 %. Une personne sur cinq choisirait même de ne plus boire d’alcool du tout.
Arrêter l’alcool serait associé à d'excellents bienfaits physiques et mentaux, mais la décision de dire adieu à son petit gin et tonic n’est pas toujours évidente pour tout le monde.
De nouvelles études ont révélé qu’apprendre à boire de manière raisonnable n’était pas toujours une mince affaire, surtout chez les hommes qui souhaitent limiter, voire arrêter complètement l’alcool.
Le sondage réalisé auprès de 1 000 britanniques du Royaume-Uni âgés entre 18 et 60 ans par Celtic Soul, vendeur de “spiritueux” sans alcool, a conclu que six hommes sur 10 (61 %) essayaient de réduire leur consommation d’alcool, mais également qu’un total impressionnant de 64 % reconnaissaient avoir été victimes de moqueries de la part de leurs amis et de membres de leur famille.
Certains amis visiblement indifférents vont même jusqu’à essayer de saboter leurs efforts, 67 % des hommes confiant qu’on leur avait déjà acheté des boissons au bar, même après avoir clairement mentionné qu’ils ne souhaitaient pas boire.
Il n’est donc pas étonnant que certains préfèrent ne pas mentionner leurs préférences, 61 % des personnes sondées confiant ainsi avoir déjà commandé des sodas au bar sans le dire à leurs amis pour éviter les moqueries.
Certaines personnes évitent également complètement la tentation, et plus de 62 % des hommes et 48 % des femmes éviteraient d’aller au pub en soirée et le weekend afin d’éviter de boire de l’alcool.
Katia Fragkou, directrice du marketing chez Pernod Ricard UK, s’est confiée sur ce type de moqueries : “De nombreuses personnes font de gros efforts pour limiter leur consommation d’alcool, mais leurs amis et les membres de leur famille ne semblent pas prêts à les soutenir”.
Les personnes qui souhaitent limiter leur consommation d’alcool ou arrêter d’en boire sont souvent victimes de moqueries et qualifiées d’“ennuyeuses” avant d’être encouragées à boire “un petit verre quand même”.
Des blogs rédigés par des personnes qui ont décidé d’arrêter l’alcool évoquent souvent des personnes qui semblent embêtées, voire gênées d’avoir des amis qui veulent rester sobres en soirée.
Certaines personnes mentionnent même des amis qui semblent personnellement offusqués de ne pas réussir à les tenter avec un verre d’alcool suite à un refus.
Ceux qui cherchent à rester sobres doivent parfois faire semblant de boire afin de ne pas être victimes de moqueries, et d’autres préfèrent trouver des excuses.
Ça veut dire quoi tout ça ?
Le “sober shaming” consiste à mettre une personne mal à l’aise ou à la faire passer pour quelqu’un d’anormal simplement car elle ne boit pas d’alcool”, explique Emily Syphas, fondatrice de Sober & Social.
“Cela a généralement lieu dans des situations sociales, lorsque l’entourage d’une personne lui met la pression pour qu’elle boive et fasse comme les autres. Ceux qui font cela se sentent souvent coupables et mal à l’aise vis-à-vis de leurs propres habitudes de consommation”.
Laurie McAllister, auteure et blogueuse pour Girl and Tonic, qui aide également à diriger Sober Spring en collaboration avec l’œuvre caritative Alcohol Change, est elle-même sobre depuis deux ans et demi.
D’après elle, cette tendance qui semble de plus en plus populaire a toujours existé, mais nous prêtons simplement davantage attention à elle.
“Je ne pense pas que cette tendance soit de plus en plus populaire”, confie-t-elle. “De plus en plus de personnes décident d’être sobres et d’évoquer leur décision plus ouvertement, c’est pourquoi les personnes sobres sont de plus en plus visibles, tout comme les moqueries”.
Les moqueries peuvent prendre plusieurs formes et comprennent des commentaires déplacés du style “quoi, tu ne bois pas ?!”, des remarques sournoises “qu’est-ce qui ne va pas chez toi ?!", voire une forme d’exclusion sociale et la perte d’amis.
Comment réagir aux moqueries
Alors, que faire si vous êtes victime de moqueries ?
“Je recommande aux personnes victimes de moqueries de se rappeler pourquoi elles ont décidé d’être sobre, de se concentrer sur les raisons qui les poussent à rester sobres et sur tous les bienfaits de la sobriété”, recommande Laura.
“Non, merci est une phrase complète quand on vous offre un verre”, confie-t-elle. “Les gens n’ont pas à vous juger si vous souhaitez rester sobre. Trouvez des amis et des collègues qui vous soutiennent et éloignez-vous des personnes qui se moquent de vous”.
Emily recommande d’assumer sa décision, de se sentir fier de devenir une personne plus saine et d’avoir pris une décision positive.
“Dites simplement : ‘ne pas boire me rend plus heureux, je ne te juge pas quand tu bois, alors ne me juge pas parce que j’ai décidé de ne pas boire”, recommande-t-elle.
Elle recommande de quitter les lieux si la situation devient ingérable.
“Ne vous sentez pas coupable si vous devez quitter une situation négative qui vous met mal à l’aise”, précise-t-elle.
“Vous souhaitez être entouré de personnes qui vous aident à vous sentir bien et qui vous remontent le moral. Inutile de traîner plus longtemps avec une personne qui se moque de vous et est incapable de comprendre vos raisons. Il est temps de partir !”.
Marie Claire Dorking