Qui sont ces anciens végétariens qui remangent de la viande ?
Végétarien un jour végétarien toujours ? Loin de là ! Nous avons rencontré Mély, Anne, Dominique et David, ex-végétariens qui nous expliquent pourquoi ils ont renoncé à ce choix.
Le végétarisme ? Une évidence pour eux, au début…
Nourris de lectures et de discours écologiques, idéologiques et scientifiques, de nombreuses personnes adhèrent aujourd’hui au végétarisme ou au végétalisme. Si, contrairement aux idées reçues, c’est avant tout pour des soucis de santé que sont entamés la plupart des régimes végétariens, d’autres raisons sont souvent invoquées : Mély, auteur du blog Chaudron Pastel et du livre Le Syndrome de l’intestin irritable, est devenue “végétarienne en 2010 pour des raisons gustatives et financières”, avant de voir “s’ajouter à sa décision des arguments éthiques et écologiques”, suite à la lecture du livre Toxic de William Reymond. “J’étais convaincue que le végétarisme était la solution pour un monde meilleur”, affirme celle qui a cependant toujours mis un point d’honneur à “respecter le choix des autres”.
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Pour Anne, 24 ans, le déclic est survenu en 2014 lorsqu’elle a “commencé à travailler dans une association liée au développement durable où elle a compris que manger de la viande était mauvais pour l’environnement”. Pour la jeune femme, pour qui il était déjà impossible de manger “du lapin, du veau ou de l’agneau”, le végétarisme sembla une évidence, du moins au début… Souvent sincères, les intentions des adeptes du végétarisme se heurtent souvent à la dure réalité de la concrétisation : selon l’étude américaine du Humane Research Council, 84% des végétariens et végétaliens remangent finalement de la viande au cours de leur vie, 53% au bout d’un an et 30% lors des trois premiers mois…
Le poulet, ce goût dont il est difficile de se passer
Alors quelles sont les raisons qui poussent ces personnes souvent très motivées à abandonner ? Après avoir été végétarienne durant un an, Anne a arrêté car il lui était difficile de “manger équilibré à la cantine ou au restaurant par exemple”. “Les gens qui s’occupent des menus ont l’impression qu’être végétarien se résume à manger des légumes et n’adaptent pas les repas”, explique celle qui regrette la difficulté d’un tel régime en France où “il faut toujours se justifier et où l’on passe pour la relou de service”.
Même son de cloche chez Dominique, qui a rencontré des difficultés pour trouver des produits végétariens en Espagne où elle a vécu, durant ses deux années de végétarisme. D’autres encore invoquent la difficulté de maintenir une vie sociale active, la survenue de troubles anxieux, ou encore un manque, celui du poulet cité en premier par les personnes concernées comme David, 34 ans : “je ressentais du dégoût en sentant l’odeur de la viande, j’aurais pu vomir en entrant dans une boucherie, mais l’odeur du poulet rôti me faisait saliver et j’ai craqué…”
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Pour d’autres, c’est un souci de santé qui a été déterminant dans le processus de “marche-arrière”: “tendance à l’anémie” chez Dominique ou encore “syndrome de l’intestin irritable” chez Mély.
“J’ai lu beaucoup de choses, comme les principes de médecine chinoise et ayurvédique disant qu’il serait intéressant dans certains cas précis de manger certains animaux car cela potentialiserait le processus de guérison”, explique la jeune femme. Une prise de conscience pour celle qui a alors “réintégré progressivement le poisson et le blanc de volaille” : “Mon état a commencé à s’améliorer. Au niveau physique, je ressens un soulagement immense…” Un cas qui n’est pas à généraliser, mais qui montre que ce qui est bon pour l’un ne l’est peut-être pas pour tous…
“J’ai été traitée de traître”
” Il y aura toujours des personnes pour tenter de convaincre que tel ou tel courant est supérieur aux autres, en s’appuyant sur des études scientifiques, mais aucun ne peut convenir à 100% de la population”, observe Mély qui va même plus loin en affirmant que “des habitudes alimentaires peuvent convenir à une certaine personne à un certain moment de sa vie, mais ne pas lui convenir 5 ans plus tard”. Pas de quoi culpabiliser de renoncer au végétarisme donc selon la jeune femme, qui n’y voit que le résultat de l’évolution naturelle de nos besoins et aspirations. Se donner le droit de tenter, d’arrêter, de recommencer, c’est aussi ce que prône Anne qui se dit prête à reprendre le végétarisme “lorsque les mentalités auront changé”.
Si Dominique affirme ne “jamais avoir reçu de remarques des autres végétariens, qui comprenaient assez bien ses raisons”, difficile de ne pas perdre la face lors du renoncement pour certains pratiquants militants : “j’ai été beaucoup moqué par mes amis auprès desquels je me revendiquais comme un végétarien obstiné, et même été traité de traître par une fille que j’avais “convertie” au végétarisme”, raconte David, qui a renoncé au bout de quelques années à ses anciennes convictions.
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Un sort que Mély n’a pas eu à subir grâce à son absence d’intention de convertir et aux précautions de langage prises face à autrui : “Je ne me disais pas “végétarienne”, mais préférais dire que j’avais une alimentation végétarienne, car en tant qu’être humain, je ne voulais pas qu’une étiquette définisse la personne que je suis”… Se mêler seulement de son assiette et ne pas s’enfermer soi-même dans des cases, et si c’était cela la recette de la sérénité ?
Wassila Djellouli
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