Chambre partagée : les bienfaits de la cohabitation fraternelle
Que ce soit par contrainte ou par choix, l'attribution à ses enfants de la même chambre n'est pas une option majoritaire en France. Cela a pourtant des vertus.
C'est toujours avec émotion que Dominique, 68 ans, évoque les treize années où elle a partagé sa chambre avec sa petite sœur. « J'avais 5 ans quand mes parents ont décidé que je dormirais avec Virginie pour que je ne fasse plus de cauchemars, dit-elle. Non seulement cela a marché, mais j'ai a-do-ré ! On s'endormait tous les soirs en parlant et en rigolant. On critiquait aussi un peu les parents. Même si, parfois, on se chamaillait, car elle était bordélique et moi ordonnée, cela reste un très bon souvenir. »
Ce témoignage contraste avec celui de Paul, jeune papa de 35 ans, encore agacé d'avoir dû cohabiter jusqu'à la fin du collège avec un frère d'un an de moins en attendant que ses parents aménagent le grenier. « Ça m'énervait parce qu'il voulait se coucher tôt, et moi j'aimais lire tard, se souvient-il. Et puis il respirait fort la nuit. Souvent, je lui lançais mon coussin dessus, car j'en avais marre. En plus, notre petit frère avait sa propre chambre, et on trouvait que c'était du favoritisme. Quand j'ai enfin eu ma chambre, j'ai été trop heureux d'avoir mon espace, mes rangements, mes posters. J'ai même choisi le papier peint ! »
Opposées, ces deux visions ne surprennent aucunement Héloïse Junier, docteure en psychologie de l'enfant, et auteure de Frères et sœurs. Une histoire de complicité et de rivalité (Les Arènes)*. « Avec la chambre partagée, tout est possible, le meilleur comme le pire, constate-t-elle. En...