Chauves et Belles : Voici 7 Femmes Que le Fait d’Être Chauves a Rendues Fortes

Lorsque je me suis rasé la tête en signe de rébellion quand j’avais la vingtaine, ma mère a fait une crise. « Je ne peux plus te regarder », m’a-t-elle dit. « Ça me fait penser au cancer – ou à l’Holocauste ». Mais je le voyais et le ressentais comme un acte de libération et de force. Et les cheveux me semblaient être, pour un temps tout au moins, un concept ridicule et pénible.

Bien que j’aie fini par les refaire pousser, ma perspective a changé à tout jamais – tout comme ma prise de conscience du fait que notre culture a de sérieux problèmes lorsqu’il est question de femmes chauves.

Cela m’a frappé encore plus au cours des dernières années, lorsque j’ai vu des femmes que j’aime subir la chimio et chercher à gérer la perte de leurs cheveux de façons différentes. Elles continuaient de chercher des façons de gérer, ne serait-ce qu’un peu, un concept aussi immatériel, même lorsqu’elles étaient confrontées à leur propre mortalité.

C’est cette lutte qui a donné l’envie à Yahoo Beauté d’inviter sept femmes belles, formidables et qui ont la tête chauve – certaines par choix, d’autres pour des raisons médicales – à venir dans nos studios de New York afin de partager avec nous une dose fabuleuse de véritable beauté chauve. Le résultat est une joyeuse célébration et un merveilleux rappel du fait que « ce ne sont que des cheveux », comme l’ont dit plusieurs de nos mannequins.

Samantha Berlin, 23 ans

Samantha Berlin, 23 ans, directrice de compte

Pas de cheveux, pourquoi ? Alopécie.
Samantha a été diagnostiquée atteinte d’alopécie areata à l’âge de 5 ans – une maladie auto-immune qui cause une perte partielle des cheveux – et lorsqu’elle a perdu tous ses cheveux à l’âge de 19 ans, on lui a diagnostiqué une alopécie uniersalis, la perte de pilosité sur tout le corps.
Comment est-ce que la perte complète de cheveux l’a affectée : « Lorsque je regarde des photos de moi [à cette époque], je ne me reconnais même pas, parce qu’il y avait tellement de tristesse sur mon visage », se rappelle-t-elle. « Il m’a fallu du temps pour me rendre compte que la perte de mes cheveux était une vraie perte. Je devais faire mon deuil. Ensuite, je suis passée par des périodes où je m’en voulais de me sentir mal. Mon thérapeute m’a dit « Il faut que tu fasses ton deuil comme il se doit, tu dois comprendre la gravité de la situation ». Je suis passée par les étapes [du deuil] assez vite, en me forçant à aller de l’avant. Parfois, j’oublie que ce que j’ai traversé était une expérience transformatrice. Ma vie est complètement différente parce que je n’ai plus de cheveux, la façon dont j’interagis avec le monde est différente, la façon dont je m’identifie est différente. À 20 ans, il a fallu que je me ré-identifie en tant que femme. »

Pourquoi elle a porté une perruque au départ – puis a arrêté : « Je me rappelle avoir eu la sensation de pouvoir enfin respirer lorsque je la mettais, comme si j’avais à nouveau le choix. Et il y avait beaucoup de choix dont l’alopécie m’avait privée. Cela ressemblait vraiment à mes cheveux – longs, bruns, la même coupe, » explique Samantha. Mais à un moment donné, quelque chose a changé. « Le jour avant le début des cours [de ma dernière année], j’ai décidé que je ne porterai plus de perruque. Je me suis réveillée et j’ai eu la même certitude que lorsque l’on aime quelqu’un, je le savais simplement. J’avais commencé à mettre ma perruque parce qu’elle m’apportait de la confiance en moi, elle me donnait l’impression d’être belle et d’avoir le choix. Mais ensuite, j’ai eu l’impression que je ne la portais que pour les autres. Et c’est à ce moment-là que j’ai décidé que j’en avais fini… Il fallait d’abord que je m’aime en tant que personne. Je n’avais rien d’autre. J’ai donc une appréciation et un amour réel pour la personne que je suis, et, aussi triste que cela puisse paraître, je pense que c’est rare chez les femmes de mon âge. »

Pensées sur la beauté : « Ma meilleure amie est très douée avec le maquillage et elle m’a redonné la joie de vivre en m’apprenant comment m’y prendre correctement. Le maquillage m’a permis de me sentir belle à nouveau, d’avoir confiance en moi, et il a puisé dans mon côté artistique… Mais être belle est un concept futile, et le fait de ne pas avoir une certaine apparence ne signifie pas que l’on n’est pas belle. Ça prend du temps, mais c’est la plus importante leçon que vous pouvez apprendre. »

Desiree Walker, 54 ans

Desiree Walker, 54 ans, défenseuse des patientes atteintes du cancer du sein

Pas de cheveux, pourquoi ? Un choix inspiré par la chimio.
Après avoir perdu ses cheveux pendant les séances de chimio qui ont soigné une récidive de cancer du sein il y a sept ans, Desiree a décidé de conserver sa calvitie comme un “choix de vie”, étant donné que l’entretien de ses cheveux nécessitait plus d’énergie qu’elle n’était disposée à en investir. « La chimio a introduit le concept », dit-elle, « mais l’adopter a été mon choix. »

Comment étaient ses cheveux avant : « J’avais des dreadlocks, donc mes cheveux descendaient jusque dans le dos. Mais lorsque j’ai eu mon second diagnostic, j’ai réalisé que la chimio serait un paramètre à prendre en compte et qu’il faudrait que je me rase la tête. J’avais une amie qui en avait déjà fait l’expérience, et qui s’était réveillée un jour avec ses cheveux sur l’oreiller, et je ne voulais pas subir ce traumatisme. Alors j’ai rapidement coupé mes cheveux plutôt que d’attendre qu’ils tombent ». Une rencontre fortuite lui a donné l’inspiration dont elle avait besoin. « Peu de temps après avoir coupé mes cheveux », se rappelle-t-elle, « je marchais dans la rue et une femme qui avait clairement des problèmes [mentaux] marchait dans ma direction et m’a dépassée. Je l’ai entendue dire “Mademoiselle ! Mademoiselle !”, et je me suis dit “Oh, je n’ai pas d’argent, qu’est-ce qu’elle me veut ?”. Mais je me suis arrêtée et je me suis retournée. Elle a dit “Je ne voudrais pas vous déranger, mais je voulais juste vous dire que vous êtes vraiment belle avec vos cheveux comme ça”. J’étais renversée, parce qu’avec tout ce qu’elle avait manifestement à gérer, elle m’avait remarquée. Nous ne remarquons pas toujours les personnes autour de nous ».

Dana Blair, 34 ans

Dana Blair, 34 ans, personnalité à l’antenne

Pas de cheveux, pourquoi ? Choix personnel.
Pourquoi elle se rase la tête : « En 2012, j’étais au Brésil pour le Carnaval. Je sortais à peine d’une mauvaise rupture, et j’ai dit à mon amie « J’ai besoin de me couper les cheveux ». Donc nous sommes allées chez un coiffeur. J’avais une coupe pixie. Le matin suivant, je me suis vue dans le miroir et j’ai commencé à pleurer », se rappelle-t-elle. De retour à Brooklyn, Dana s’est rasée encore plus court et le résultat l’a angoissée. « J’avais horreur de me regarder. Je me disais “Tu es laide, ton nez est trop gros, ta peau n’est pas belle, tes yeux sont trop écartés”. Et puis ils étaient trop rapprochés. Je me suis mise en lambeaux. J’ai disséqué chaque élément de mon visage… mon acné… et je me suis dit “Maintenant il est temps que tu perdes du poids parce qu’il me faut un visage mince”. Et ensuite, je m’en suis voulu de ne pas m’aimer – parce qu’avant ça, je ne m’étais jamais vue comme une fille qui avait des problèmes d’estime de soi. À ce moment-là, j’ai réalisé que c’était le cas », dit-t-elle. « Je me suis dit : non, tu vas garder cette coupe et vivre avec jusqu’à ce que tu sois en mesure de te regarder dans le miroir et que tout le reste devienne un bonus. C’est pour cela que je l’ai gardée. Et après quelque mois, je n’étais plus en mesure de m’imaginer autrement. »

Les réactions des autres : « Je viens d’une petite ville en Louisiane. Lorsque je suis retournée à la maison et que mon père m’a vue – et il a l’habitude de me voir faire des trucs assez fou avec des balayages et tout – sa première question a été “Es-tu malade ? Est-ce que tout va bien ?” J’ai répondu que oui. Il voulait juste s’assurer que j’allais bien mentalement et émotionnellement, et que je ne passais pas par une crise à la Britney Spears. Les gens de la ville se disaient “Dana est lesbienne et elle fait de la chimio, et l’enfer se déchaîne ! [Elle rit] C’était deux pour le prix d’un. »

Ce qu’elle a appris : « Vous savez, ces clichés que vous entendez plus jeune, comme quoi la beauté est dans l’œil de celui qui regarde ? Et vous vous dites « Ce sont des conneries ». Eh bien c’est la pure vérité. Je pense que je suis satisfaite de la personne que je suis, et ça rayonne autour de moi. Je pense qu’il vous revient de définir ce qu’est la beauté pour vous, et de vous approprier ce qui fait votre beauté. Parce que, pour être franche, il y a des gens qui disent du mal de Beyoncé tous les jours. Il y aura toujours quelqu’un pour trouver à redire. »

Erica Woda, 33 ans

Erica Woda, 33 ans, directrice sportive d’une école secondaire

Pas de cheveux, pourquoi ? Chimio.
Après avoir eu son diagnostic de cancer du sein en Mai, Erica a commencé la chimiothérapie en Juillet, et elle a déjà terminé la moitié du traitement. Ses cheveux ont commencé à tomber 17 jours après le début du traitement.
Son vécu vis-à-vis de la perte initiale de cheveux : « Les infirmières m’ont dit exactement à quel moment je les perdrai. Donc la semaine qui précédait, j’ai fait une coupe iroquoise, je me suis rasé les côtés et j’ai gardé la coiffure pendant une semaine, et ensuite [une amie a] rasé le reste », dit-t-elle. « Le jour où je l’ai fait, je me rappelle être allée dîner et m’être sentie très forte. Le jour suivant, j’ai réalisé que les gens me regardaient, et c’était dur. Je me suis demandé s’ils pensaient que j’étais belle ? Étaient-ils inquiets ? Avaient-ils peur de moi ? Après ma dépression, je m’en suis remise. Et seulement deux semaines après les avoir coupés, j’aimais déjà le look chauve. »

Comment elle se sent à présent : « Il est clair qu’à présent, je ne suis plus gênée d’être chauve. Les gens m’arrêtent et me disent "C’est vraiment beau”, j’ai donc l’impression que beaucoup de personnes se disent que je l’ai fait juste par envie, ce qui est plutôt cool », nous explique Erica, en ajoutant qu’elle tenait à faire la séance photo pour faire une mise au point. « Plus il y aura de femmes qui seront en mesure d’assumer ce look, et mieux ce sera, parce qu’il y a beaucoup de femmes qui ne sont pas en mesure de le faire, et s’il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour aider les gens à prendre conscience qu’être chauve c’est être belle, alors tant mieux. C’est un look qui n’est pas courant dans notre société. Mais la dernière chose dont les femmes qui suivent un traitement ont besoin, c’est de subir de la négativité en raison de leur apparence. »

Angelina Quezada, 19 ans

Angelina Quezada, 19 ans, étudiante à l’université de New York

Pas de cheveux, pourquoi ? Alopécie.
Angelina a été diagnostiquée atteinte d’alopécie universalis – une perte complète de la pilosité – à tout juste 8 mois.

À propos du fait de ne jamais avoir eu de cheveux : « Mes cheveux n’ont jamais poussé. J’ai eu de la chance de vivre dans un environnement [dans la région de la Baie de San Francisco] où je pouvais être moi-même, où ça ne posait pas de problème. J’ai fréquenté des écoles indépendantes, je n’ai jamais porté de perruque et je n’ai jamais eu envie d’en porter. J’avais une touffe au CP, j’ai demandé à ma mère de la raser et elle n’a jamais repoussé », se rappelle-t-elle. Angelina a trouvé son lieu sûr à présent. « Je me rends à cette conférence chaque année, c’est la Fondation Nationale pour l’Alopécie Areata. C’est un endroit formidable avec des gens fantastiques. Vous rencontrez des gens comme vous – je pense que beaucoup de personnes prennent cela pour acquis, le fait de pouvoir marcher dans la rue et d’être anonyme. Au cours de cette conférence, vous êtes un être humain anonyme, et c’est cool ».

Pensées sur la beauté : « Manifestement, il y a beaucoup d’agressivité dans les médias par rapport à ce que signifie le fait d’être beau. C’est dur de lire des parutions comme Cosmo. Certains articles que j’ai lus [au sujet de l’alopécie] sont très unilatéraux – comment la gérer – c’est quelque chose qui m’a vraiment fait déprimer. Ce n’est pas mon vécu ». Elle a fini par s’intéresser à la mode et au maquillage. « Ma mère m’a dit “Je sais que ça doit être dur de voir tes amies faire plein de choses cool avec leurs cheveux », et elle m’a laissé faire mon maquillage dès le collège. C’était horrible ! Mais c’était mon choix, et j’ai pu le faire ».

Sur les personnes qui pensent qu’elle a choisi d’être chauve : « Quand les gens pensent que c’est un choix, cela me donne l’impression que ça perd un peu de sa force. C’est quelque chose que je n’ai pas choisi et j’ai dû apprendre à vivre avec, ma famille a dû apprendre à vivre avec… Donc si je marche dans la rue et que vous supposez que c’est un choix, ou si vous supposez que je suis malade, vous enlevez cet aspect de, en fait non – il y a autre chose qui existe dans ce monde, et si vous êtes trop ignorant pour le savoir, c’est votre problème ».

Sharon Quinn, 55 ans

Sharon Quinn, 55 ans, mannequin, animatrice TV

Pas de cheveux, pourquoi ? Choix inspiré par l’alopécie.
Après avoir perdu une touffe de cheveux au sommet de sa tête à la quarantaine à cause de l’alopécie, Sharon a pris la décision de garder sa tête rasée plutôt que de lutter pour cacher sa partie chauve avec des coiffures et des tresses.

Son vécu vis-à-vis de la perte initiale de cheveux : J’ai signé avec Wilhelmina [fin des années 90]. Mes cheveux ont commencé à tomber peu après. J’avais une calvitie féminine typique. Ça pousse partout sauf au milieu. C’est génétique. Ma mère n’a pas de cheveux au même endroit. Lorsque j’avais 14 ans et que j’ai rencontré ma tante du côté de mon père, je me souviens avoir pensé que je ne voulais pas que ça m’arrive ». Ça a fini par se produire. Elle explique : « J’ai porté des perruques pendant un moment pour continuer à travailler, mais ensuite, j’ai arrêté parce que je les portais pour que d’autres personnes ne soient pas mal à l’aise avec ma perte de cheveux, ce qui est ridicule. Ensuite, j’ai adopté une coupe courte naturelle lorsque j’ai réalisé que je ne pourrai plus cacher la perte. J’ai teint mes cheveux en blond pour dissimuler la perte en quelque sorte, et j’ai eu mon plus gros contrat. Puis des gens sont venus avec des trucs et m’ont fait teindre mes cheveux en noir. Ça m’a contrarié… j’en avais marre. En 2004, durant le réveillon de Noël, j’ai décidé que je ne voulais plus faire ça et je suis allée chez un coiffeur : "Rasez tout”. Il a essayé de me convaincre de porter des tresses, mais je lui ai dit “Je veux juste en finir”. Mon mari m’a dit “C’est la chose la plus courageuse que j’ai vue" ».

Sur le fait d’avoir une apparence différente : « Il ne m’a pas fallu longtemps [pour m’y habituer] parce que quand je suis arrivée sur cette planète, j’étais plus grande que tout le monde dans ma communauté. Et ma mère m’a toujours dit que j’étais belle. C’était dur, parce que quand on sort du lot, on a tendance à être harcelé. Et j’ai été harcelée. Mais ce que j’éprouve et la façon dont je réagis à ce qu’on me dit dépend de moi, et je ne donnerai jamais à personne le pouvoir de m’empêcher de me sentir belle. C’est un pouvoir, et il faut d’abord que je le donne aux autres ».

Shoshana Dornhelm, 30 ans

Shoshana Dornhelm, 30 ans, représentante de compte marketing

Pas de cheveux, pourquoi ? Chimio.
Shoshana, qui a été diagnostiquée atteinte du lymphome de Hodgkin en Avril, a déjà fait plus de la moitié de son traitement de chimio.

À propos de l’acceptation de la perte : « La perte de cheveux était la première chose à laquelle j’ai pensé lors de mon diagnostic, et je pense que ça m’a aidé à l’accepter parce que je savais que ça allait arriver, et je ne m’y suis pas trop apitoyée », dit-elle. « Cela dit, j’ai pleuré lorsque je les ai rasés pour la première fois. Mais après ça, c’était juste une partie de la vie. Ils étaient longs et bruns, et je jouais beaucoup avec, à un moment, j’avais même des balayages. Je pense que je les tenais pour acquis. Mais dès que j’ai su, je les ai coupés courts, teints en bleu et j’en ai rasé la moitié ».

Comment cela a changé sa perception de la beauté : « Lorsque j’ai coupé mes cheveux, j’ai redécouvert mon visage. Alors quand je sortais, je mettais l’accent sur mes lèvres ou sur mes boucles d’oreilles. Je sais que c’est un peu étonnant pour certaines personnes, et je sais que ce n’est pas la beauté standard, mais ça vaut ce que ça vaut. Et j’en suis satisfaite », nous dit Shoshana. Mais elle garde quand même un certain point de vue. « Même avec ma santé, j’ai l’impression que certaines personnes sont moins bien loties que moi, et d’autres mieux. J’ai rencontré beaucoup de nouvelles personnes grâce à un réseau de patients atteints du cancer. Je n’ai même pas de pronostic, pour dire à quel point ça va bien, ils ont juste dit que je devais faire de la chimio et que je pourrai ensuite rentrer. J’ai hâte d’avoir à nouveau un peu de cheveux, mais ce ne sont que des cheveux. Je me raserai bien à nouveau – peut-être pas sur un coup de tête – mais ce ne sont que des cheveux ».

Beth Greenfield

Senior Writer