La chronique de Julien Blanc-Gras : « Quand le papa imagine la future carrière de l'Enfant »
Julien Blanc-Gras, papa et auteur de “Comme à la guerre” (éd. Stock), nous livre sa chronique acérée. Aujourd'hui, il nous raconte comment il imagine la future carrière de son fils...
C’est même le plus bel enfant du monde, à mes yeux. Évidemment, je ne suis pas objectif. Tous les parents trouvent leurs rejetons magnifiques – même quand ce n’est clairement pas le cas. Quand je revois les photos de certaines époques, je constate, avec le recul, qu’il n’était pas si sublime que ça, mon fiston. Mais un instinct tapi au plus profond de nos êtres nous commande de considérer notre progéniture comme un merveilleux trésor, pour mieux la protéger. L’amour parental est aveugle.
Il existe toutefois des données objectives. Tout bébé, âgé d’à peine 8 mois, l’Enfant faisait ses premiers pas (alors qu’il ne marchait pas) dans l’univers de la mode avec un shooting pour un catalogue de vêtements. Il faut dire qu’il possède un avantage concurrentiel redoutable : il est métis. L’Asie et l’Europe se mélangent sur son visage, ce qui, dans une époque qui célèbre la diversité, le positionne sur un segment marketing porteur (quelle honte. de parler de son enfant en ces termes, quelle honte !).
Récemment, sa mère a répondu à l’annonce d’une agence spécialisée dans le mannequinat enfant. L’agence a rappelé dans la 1/2 heure : « On veut le voir tout de suite, c’est une évidence ».
Grosse montée de narcissisme parental.
Ma poitrine se gonfle de fierté. Je commence déjà à me projeter dans la carrière de l’enfant...
