Cinéma : « Déserts », western mystique dans le Rif
Faouzi Bensaïdi est un être passionné qui file les métaphores dès qu'il parle de septième art. À la dernière Quinzaine des cinéastes, au Festival de Cannes, le réalisateur marocain le reconnaissait volontiers : il se montre souvent très exigeant avec son équipe, pour ne pas dire intransigeant. Il s'excusait en de jolis termes : « En brûlant mes producteurs, j'éclaire aussi mes comédiens. » Puis confessait avec humilité : « Je donnerais mon corps et ma vie pour shooter un plan. »
Le dernier film de Faouzi Bensaïdi, Déserts, qui sort en salle ce mercredi 20 septembre, se joue des codes et des genres, réunissant deux films en un. Il débute comme un road-movie et une comédie burlesque sur des agents de recouvrement avant de se transformer en un western mystique, presque mythologique. C'est d'abord l'histoire de deux pieds nickelés. Deux types maladroits en costume-cravate, sorte de Blues Brothers, chargés de contraindre les bergers sans le sou à payer leurs dettes. À défaut d'argent, une chèvre fait parfois l'affaire.
Faouzi Bensaïdi donne le ton dès la scène d'ouverture. Une carte routière s'envole avec le vent alors que les deux bonshommes la tiennent sur le bord d'une autoroute. Dans le sillage des protagonistes, le cinéaste veut que les spectateurs acceptent d'être déboussolés et d'emprunter des chemins de traverse. D'un petit village à flanc de montagne à un hôtel inachevé, on suit avec joie leurs péripéties dans les paysages arides du Maroc et les remontra [...] Lire la suite
