Contre Airbnb, des députés veulent durcir la réglementation des locations touristiques de courte durée

En France, on estime le nombre de logements mis en location touristique de courte durée à 800 000 pour l’année 2021, contre 300 000 pour 2016.
d3sign / Getty Images En France, on estime le nombre de logements mis en location touristique de courte durée à 800 000 pour l’année 2021, contre 300 000 pour 2016.

LOGEMENT - En pleine crise du logement, les parlementaires s’apprêtent à étudier des mesures pour durcir la réglementation de ce que l’on appelle les meublés de tourisme, de type Airbnb ou Booking. Une proposition de loi transpartisane visant « à remédier aux déséquilibres du marché locatif en zone tendue » arrive à l’Assemblée nationale, mardi 28 novembre.

Porté par les députés Annaïg Le Meur (Renaissance, Finistère) et Inaki Echaniz (Parti socialiste, Pyrénées-Atlantiques), ce texte déposé en avril dernier s’apprête à être examiné par la commission des affaires économiques. « Le prix des loyers a connu une hausse ininterrompue depuis quarante ans, entre 1984 et 2020, notamment dans le parc locatif privé, rappellent les députés. À qualité constante, les loyers des logements ont été multipliés par 2,6 durant cette période dans ce secteur. »

Miser sur la fiscalité

L’objectif de la proposition de loi est clair : favoriser les locations « classiques » de moyenne et longue durée et limiter « les conflits d’usage entre le locatif d’habitation et la location touristique », en particulier dans les « zones tendues ». Et permettre aux citoyens de se loger à proximité de leur emploi.

C’est sur la fiscalité que misent tout d’abord les parlementaires : aujourd’hui, les propriétaires de logements type Airbnb bénéficient d’un abattement forfaitaire de 71 % sur les loyers perçus, contre 50 % pour les meublés classiques et seulement 30 % pour les locations classiques vides.

En zone tendue, le texte propose de baisser l’abattement à 50 % pour les meublés de tourisme classés et 30 % pour ceux non classés, « par alignement avec le plafond du régime micro‑foncier pour les revenus locatifs ». En zone « détendue » et en station de montagne, les meublés de tourisme classés continueront de bénéficier d’un abattement de 71 % et ceux non classés de 50 %.

DPE et régime d’autorisation préalable

Parmi les autres mesures de la proposition de loi qui va être étudiée à l’Assemblée se trouve aussi l’obligation de réaliser un diagnostic de performance énergétique (DPE) avant la mise en location d’un meublé de tourisme, comme c’est le cas pour les autres logements. Cela afin d’éviter que des propriétaires de passoires thermiques ne le mettent en location de courte durée pour éviter de faire des travaux.

Les élus pourraient être dotés de compétences élargies pour « réglementer l’implantation des locaux à usage touristique », comme le régime du changement d’usage d’un local, qui ne concerne actuellement que les communes de plus de 200 000 habitants ainsi que celles des trois départements de la petite couronne francilienne. Le texte propose de l’élargir « pour concerner l’ensemble des zones tendues ».

Le conseil municipal d’une commune pourrait alors, par délibération, instaurer un régime d’autorisation préalable de mise en location de courte durée, dont les modalités sont fixées par décret en Conseil d’État. L’enregistrement d’un meublé auprès de la municipalité pourrait devenir obligatoire, comme c’est déjà le cas à Bordeaux ou Paris.

800 000 locations de courte durée

« Nous voulons également sécuriser les mesures de régulation existantes, comme la compensation [un logement transformé en meublé touristique doit être compensé par la transformation d’un commerce ou d’un bureau en habitation], et rendre possible la mise en place de quotas, alors que les communes qui agissent sont aujourd’hui systématiquement attaquées en justice par des propriétaires de meublés, précise Inaki Echaniz dans un article du MondeCette sécurité permettra aux collectivités d’utiliser l’outil le plus adapté sans avoir à engager une armada d’avocats. »

En France, on estime le nombre de logements mis en location touristique de courte durée à 800 000 pour l’année 2021, contre 300 000 pour 2016. Le 23 novembre, la mairie de Paris a exprimé son souhait que l’arsenal législatif soit renforcé pour lutter contre les locations touristiques illégales et annonçait une multiplication des contrôles à l’approche des JO-2024.

Dans la capitale, il n’est autorisé de mettre son logement sur des plateformes comme Airbnb ou Booking que 120 jours par an et uniquement s’il s’agit de sa résidence principale.

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