Ils ont couché au premier rendez-vous et vivent (tout de même) une belle histoire
Les personnes que nous avons interrogées ont laissé libre cours à leurs élans sexuels dès le premier soir, oubliant de respecter la fameuse règle du “3ème rendez-vous”. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, elles vivent aujourd’hui une belle histoire d’amour.
Edouard n’a jamais ressenti l’envie de coucher le premier soir et n’a aucune envie d’essayer. Selon lui, l’acte sexuel est une forme d’ “engagement” physique et psychologique, à ne pas prendre à la légère. “Le corps relève de l’intime, du secret, du précieux […] c’est le dernier barrage avant de se livrer totalement”. Les quelques fois où une femme lui a clairement manifesté son désir charnel dans ce délai, il s’est même senti “assailli”. “J’aurais franchement du mal à engager une relation sérieuse en ayant couché le premier soir. Ce n’est pas parce que notre entente sexuelle est optimale qu’une relation sérieuse au quotidien pourrait s’engager”.
“Le sexe est un facteur d’attachement très puissant”
Sans ne jamais parler que de lui-même, Edouard corrobore-là une idée largement répandue : coucher rapidement ferait perdre à une relation tout potentiel de développement, autre que sexuel. En d’autres termes, une coucherie survenue rapidement tuerait la relation dans l’oeuf. Il suffit de se promener sur les forums de discussions pour s’apercevoir que la théorie est largement répandue. Et qu’elle affole particulièrement les filles, souvent plus soucieuses de ne pas être “jetées après usage”. Selon un sondage TNS Sofres/Meetic réalisé en 2015, elles seraient 31% à ne pas coucher le premier soir par crainte que le ou la partenaire ait moins de respect pour elles. Contre 18% d’hommes.
Pour contrer cette malédiction, beaucoup rappellent le fameux précepte “ne jamais coucher avant le 3ème soir”. Un conseil qui pourrait ne plus trouver raison d’être depuis la divulgation des résultats d’une étude de psychologues israéliens menée avec le département de sciences cliniques et sociales de l’université de Rochester : contrairement aux idées répandues, faire l’amour rapidement après la rencontre pourrait permettre de nouer des liens très profonds, même avec des étrangers. “Le sexe est un facteur d’attachement très puissant”, expliquent les observateurs de l’étude, qui attribuent notamment cet effet à “la synchronisation des mouvements, la proximité physique et le contact visuel répété”. Les chercheurs ont aussi remarqué que l’attirance sexuelle forte se transformait en bienveillance, et en souci de l’autre, même complètement inconnu jusqu’alors.
“Cela ne pouvait pas être une rencontre anodine tant j’avais faim de lui”
Edouard et les chercheurs de l’étude s’accordent sur l’idée qu’une relation sexuelle n’a rien d’anodin. Mais si l’un en conclut qu’il est préférable d’apprendre à connaître la personne au préalable pour ne pas s’attacher à “n’importe qui”, les autres y voient un beau moyen d’entrer en relation avec des personnes parfois aux antipodes de soi. “Le sexe incite les êtres humains à se connecter, quelle que soit leur identité. Et cela est vrai pour les hommes et pour les femmes”, explique Gurit Birnbaum, l’auteure principale de l’étude.
Sophie, 46 ans, en a fait l’expérience avec celui qui est aujourd’hui son compagnon et dont elle ne connaissait pas grand-chose au moment de leur première fois. Et elle se souvient d’une nuit “magique” : “Cela a été intense, on a beaucoup parlé, déliré sur de la musique etc. Quand on s’est rencontré, j’avais 41 ans et pas mal de déboires au compteur, et notre rencontre a été comme une rencontre d’adolescents”. Celle qui ne s’est jamais “pris la tête avec la règle du 3ème soir”, a immédiatement senti que ce “n’était pas une relation anodine”, tant sa “faim de l’autre” était forte. Et des sentiments amoureux sont apparus rapidement entre elle et son nouveau partenaire.
Un attachement possible avec tout le monde ?
Mais parfois, rien ne laisse présager que l’acte sexuel se transforme en love story. C’est le cas des rapports convenus sur les applis de rencontres par exemple, qui ne reposent pas toujours sur un élan vers l’autre puissant. Ou de ceux conclus d’abord pour s’amuser ou pour expérimenter de nouvelles sensations. Thibaud se souvient de sa rencontre étonnante avec son amoureux actuel : “Un jour, je suis allé pour m’amuser dans un sauna réservé aux hommes. Dans la soirée, je me suis rendu dans le hammam plongé dans l’obscurité, où j’ai à ma plus grande surprise embrassé et eu un rapport intime avec un homme dont je n’avais même pas vu le visage. Et quand nous sommes sortis pour se voir à la lumière, nous avons craqué l’un pour l’autre. Cela fait aujourd’hui 3 ans et demi que nous sommes ensemble. Il y avait, je pense, une chance sur un million que cette rencontre débouche sur une histoire amoureuse… ”
Peu de chance en effet de transformer l’essai dans une telle situation. Car ce que laisse craindre l’étude en affirmant que le sexe encourage la connexion émotionnelle, c’est qu’il serait possible de développer ce lien avec n’importe quel partenaire. A partir de quand et dans quelle mesure l’amour vient-il tout à coup s’en mêler ? Cela reste un mystère…