EN IMAGES - Couples mythiques : Céline Dion et René Angélil, les inséparables
Durant plus de 35 ans, ils ont formé l’un des couples les plus atypiques et les plus puissants du show-business. Retour sur une idylle singulière, que seule la mort fut capable d’interrompre.
Le début d’un rêve
C’est en 1981, alors qu’elle n’a que de 12 ans, que Céline Dion fait la connaissance de René Angélil. Elle n’est alors qu’une adolescente fluette, cadette d’une famille de 14 enfants, qui divertit les clients du Vieux Baril, le bar paternel, en chantant une cuillère en bois à la main. Conscient de son talent, son frère aîné Michel décide d’envoyer un enregistrement de sa petite sœur au producteur. A 38 ans, Angélil est alors au creux de la vague. La dernière chanteuse dont il gérait les intérêts l’a fui, et il songe sérieusement à une reconversion. Une hypothèse qui s’évanouit lorsqu’il entend la voix de Céline : après neuf minutes d’écoute de "Ce n’était qu’un rêve", il tombe littéralement en arrêt devant ce "don de dieu". "J’ai été étonné, renversé, je ne croyais pas qu’elle avait douze ans", avouera-t-il des décennies plus tard sur Europe 1. Il comprend alors qu’il a face à lui une artiste en devenir hors du commun, et décide de tout miser sur elle, allant jusqu’à hypothéquer sa maison pour produire son premier album, La Voix du bon Dieu. Le début d’une fructueuse collaboration, qui se transformera, des années plus tard, en amour passionnel.
VIDÉO : les moments forts de la vie de Céline Dion en 1 minute :
La transformation
Quand Céline Dion est entrée pour la première fois dans le bureau de son pygmalion, elle n’avait rien d’une jolie fleur des champs. Dents de travers, style rustique, accent québécois à couper au couteau : l’adolescente ne disposait pas vraiment des atouts sur lesquels se bâtissent une carrière dans le show-business. Lorsqu’ils entament leur collaboration, René Angélil prend les choses en main. Chirurgie, relooking, cours d’anglais… L’impresario façonne entièrement son image. Son emprise sur la jeune chanteuse est alors totale. D’autant plus qu’en secret, celle-ci nourrit des sentiments de plus en plus fort à l’égard de son mentor. Consciente de son trouble, sa mère, Marie-Thérèse, voit d’un très mauvais œil cet amour naissant, et espère qu’il passera avec le temps. C’était sans compter sur la ténacité de la jeune femme…
Une nuit inoubliable
Pour donner à sa carrière une dimension internationale, René Angélil décide d’inscrire Céline Dion au concours de l’Eurovision. Le 30 avril 1988, à Dublin, la chanteuse, qui défend les couleurs de la Suisse, triomphe avec "Ne partez pas sans moi", devant plus de 600 millions de téléspectateurs. De retour à l’hôtel, toute à la joie de son succès, celle qui est désormais une jeune femme de 20 ans épanouie, court rejoindre son manager. Deux ans auparavant, dans un restaurant parisien, elle lui a ouvert son cœur, mais René, encore marié à sa deuxième épouse et déjà père de trois enfants, l’a gentiment éconduite. Sentant qu’il succombait lui aussi au charme de sa protégée, il a néanmoins décidé de mettre de la distance entre eux et s’est installé à Las Vegas, loin de toute tentation contrevenant aux bonne mœurs. Mais ce soir-là, à Dublin, il cède.
"Tu seras le premier, et le seul"
Enfin seuls dans cette chambre d’hôtel après des mois passés à s’éviter consciencieusement, Céline avoue tout à René, sans pudeur. Oui, c’est vrai, elle dort bien avec une photo de lui dissimulée sous son oreiller depuis ses seize ans et rêve continuellement de lui. Et oui, elle veut qu’il soit le premier. Après avoir vainement tenté de la repousser une dernière fois, l’impresario l’appelle du hall de l’hôtel et lui dit ce qu’elle a toujours rêvé d’entendre : "Si tu veux vraiment, c’est moi qui serai le premier." La réponse ne se fait pas attendre : "Tu seras le premier. Et le seul…".
Cinq ans de secret
Les deux tourtereaux n’officialiseront toutefois pas tout de suite leur relation, conformément au souhait de René Angélil (et au grand dam de sa chère et tendre). "Elle voulait le crier partout. Moi, je lui disais de tempérer", reconnaîtra d’ailleurs l’impresario. Ils attendront finalement cinq ans pour le faire, en direct, lors d’une émission de Sonia Benezra, à l’occasion de la soirée de lancement du dernier album de la chanteuse. Un soulagement pour Céline Dion, qui fond en larmes.
Un mariage princier
Discrètement fiancés depuis 1991, Céline Dion et René Angélil convolent en justes noces le 17 décembre 1994. Le faste de la cérémonie n’a alors rien à envier à celui des mariages des têtes couronnées. Diffusée à la télévision canadienne, elle réunit quelque 500 invités, et des milliers de fans se pressent devant la Basilique Notre-Dame de Montréal pour admirer la mariée, dont la tenue et les accessoires sont une ode aux superlatifs. La robe de la chanteuse, signée Mirella et Steve Gentile tout en volumes et dentelles, ornée d'une traîne de 6 mètres de long, a en effet nécessité la bagatelle de mille heures de travail. Quant au diadème qui retient son voile, il est composé de 2000 cristaux Swarosvki et pèse plus de 3 kilos. "Je voulais une robe de fée, une robe de rêve, la journée de mon mariage. J'en paie le prix aujourd'hui parce qu'elle est très lourde", glissera d’ailleurs la chanteuse ce jour-là. Ajoutez à cela un demi-million de dollars de budget - dont 100 000 pour les fleurs -, et les 800 personnes mobilisées durant trois mois pour les préparatifs, et vous comprendrez pourquoi la mariée s’est fendue dans les colonnes de Gala de cette sentence définitive à propos des festivités : "Quand je me marie, je ne me marie pas small time." Jean-Claude Van Damme n’aurait pas dit mieux.
Un couple en orbite
Au milieu des années 1990, la carrière de Céline Dion prend une trajectoire météorique, des deux côtés de l’Atlantique. En 1995, D’eux, issu de sa collaboration avec Jean-Jacques Goldman bat tous les records de vente dans l’Hexagone - il occupera la tête du hit parade durant 44 semaines -, et devient l’album francophone le plus vendu dans le monde. Les deux années suivantes, elle sort Falling into You, et surtout Let’s Talk About Love - porté par l’incontournable "My heart Will go on" -, tous deux écoulés à plus de trente millions d’exemplaires. La consécration est totale lorsque la chanteuse remporte deux Grammy Awards pour ce dernier opus. Cérémonie d’ouverture des JO d’Atlanta, cérémonie des Oscars, tournées mondiales à guichet fermé : Céline Dion est alors, à la fin de la décennie, au firmament de sa carrière. Elle va pourtant prendre une décision qui prend tous ses fans de court…
Pause et vie de famille
En 1999, Céline Dion annonce en effet vouloir faire une pause dans sa carrière, afin de fonder une famille et de s’occuper de son époux. René Angélil est en effet atteint d’un cancer de la gorge. À l’issue de son traitement, le couple renouvelle ses vœux de mariage au Caesars Palace, à Las Vegas, le 5 janvier 2000. Mais le meilleur est à venir : un an plus tard, le 25 janvier 2001, la chanteuse met au monde son premier enfant, René-Charles, à Palm Beach, en Floride. Une victoire pour la star québécoise, qui avait pensé un temps ne jamais pouvoir avoir d’enfant, comme elle le révèlera près de vingt ans plus tard dans 50 minutes inside : "À un moment donné dans ma vie, je me suis dit que j’étais tellement chanceuse en tant que chanteuse, que peut-être que le prix à payer c’était de ne jamais avoir d’enfant."
Viva Las Vegas
Pour mener une vie de famille stable, la petite famille s’installe à Las Vegas, où un contrat lie la chanteuse au Caesars Palace durant trois ans. À cet effet, un nouvel amphithéâtre, le Colosseum, est construit de toutes pièces. Céline Dion y proposera finalement deux spectacles en résidence : A New Day..., du 25 mars 2003 au 15 décembre 2007, puis Celine, du 15 mars 2011 au 8 juin 2019. Les chiffres, égrenés par le Billboard Boxscore, donnent le vertige : 16 ans de présence, 1141 concerts, 4 555 752 billets vendus et 681,3 millions de dollars de recettes (606 millions d'euros). Un record.
La famille s’agrandit
Entre-temps, en 2009, Céline Dion a une nouvelle fois mis sa carrière entre parenthèses, avec la ferme intention d’avoir un deuxième enfant. Après plusieurs tentatives infructueuses de fécondation in vitro, elle annonce finalement attendre des jumeaux. Nelson et Eddy - des prénoms choisis en hommage à Nelson Mandela et à son ami Eddy Marnay - voient ainsi le jour le 23 octobre 2010. A la fin de sa grossesse, la star reviendra sur l’épreuve que cette nouvelle maternité a constitué à ses yeux : "J'ai l'impression d'être enceinte depuis plus d'un an. Je n'ai jamais baissé les bras, mais je vous assure que ça a été physiquement et émotionnellement épuisant".
L’ombre de la maladie
Fin 2013, le cancer de la gorge qui avait atteint René Angélil quatorze ans plus tôt se réveille, et le contraint à une lourde intervention chirurgicale. Céline Dion décide alors de mettre de nouveau sa carrière entre parenthèses pour l’accompagner dans sa convalescence. En août 2015, avant son grand retour sur scène, la chanteuse donne plusieurs interviews où elle reconnaît sans fausse pudeur ne plus avoir d’avenir avec son mari : "René me dit : "Je veux mourir dans tes bras." Et moi je lui dis : "Ok, ça ira, je serai là. Tu mourras dans mes bras."" Lors de son premier concert au Caesars Palace, auquel assiste son mari, elle lancera : "Mon amour, on t’aime. Beaucoup de force, ce soir. Promets moi quelque chose : profite, c’est tout."
La fin d’un rêve
Le 14 janvier 2016, René Angélil meurt à Las Vegas, à l’âge de 73 ans. Une semaine plus tard, ses funérailles ont lieu en la basilique Notre-Dame de Montréal, au lendemain d’un hommage public qui réunit des milliers de personnes. Un mois plus tard, Céline Dion remontera sur scène, dans le cadre d’un concert à Las Vegas. Elle aura alors ces mots : "Il est assez étonnant de constater que depuis qu'il n'est plus physiquement dans ma vie, il y est encore plus présent." The power of love…
VIDÉO : l'hommage de Céline Dion à René Angélil, cinq ans après sa disparition :