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EN IMAGES - Couples mythiques : Serge Gainsbourg et Jane Birkin, l’amour par-delà les maux

(Reg Lancaster/Getty Images)
(Reg Lancaster/Getty Images)

Durant douze ans, la jolie British et “l’homme à la tête de chou” se sont aimés. Passionnément. Jusqu’à ce que les démons de l’un fassent fuir l’autre. À l’occasion de l’anniversaire de la chanteuse et comédienne, qui fête ses 74 ans ce 14 décembre, retour sur un amour qui survécut malgré tout à la peine.

Un joli Slogan

Jane Birkin et Serge Gainsbourg se rencontrent pour la première fois sur le tournage du film Slogan, de Pierre Grimblat, en 1968. La beauté androgyne de la jeune anglaise de 22 ans séduit d’emblée le chanteur. Pourtant, le premier abord est rugueux : “Je l’ai trouvé compliqué, arrogant, pendant le tournage. Il n’avait aucune gentillesse envers moi ; il me mettait très mal à l’aise”, révèlera la star au Monde en 2017. Une première impression qui ne durera pas : “Finalement, c’était un chou. Drôle, charmant, prévenant. En une seule soirée, le personnage avait radicalement changé et j’étais tombée amoureuse de lui.”

(Sunset Boulevard/Corbis via Getty Images)
(Sunset Boulevard/Corbis via Getty Images)

L’amour sur rec

Entre le Pygmalion et sa nouvelle muse, tout va très vite. Après le tournage, la jeune femme ne rentre pas chez elle, et s’installe chez l’artiste au 5 bis, rue de Verneuil, avec sa fille Kate, issue de sa relation avec le compositeur John Barry. Jane Birkin inspire Serge Gainsbourg. Il lui fait chanter le morceau Je t’aime, moi non plus, initialement écrit pour Brigitte Bardot, avec laquelle il a vécu une brève mais intense histoire d’amour en 1967. Viendra deux ans plus tard le titre Je t’aime et je reviens - dont les paroles, pour le moins explicites, leur vaudront d’être censurés en Italie, en Espagne et en Angleterre -, ainsi qu’une dizaine d’autres chansons qui composeront le premier volet de leur longue et fructueuse collaboration.

VIDÉO - Découvrez notre portrait de Jane Birkin :

69, année… Fantastique

Le succès est immédiat. Sur ce premier album, Jane Birkin apparaît seule sur la pochette. “C’est Serge qui a voulu que je sois seule. Il voulait que j’aie du succès en France”, expliquera-t-elle plus tard au Monde. Plus qu’une réussite, le 33 tours, porté par le célèbre 69, année érotique, devient le symbole d’une génération. Tout comme la chanteuse, qui finit par incarner à elle seule la libération sexuelle alors à l’œuvre. Chose qui la fera sourire, bien des décennies après : “Les autres filles étaient bien plus libres que moi. Ça n’existait pas d’être plus impressionnée que moi par un homme. J’étais ravie d’être l’objet de désir de Serge, la personne qui l’inspirait. Ravie de faire des photos à poil. D’être dans Playboy, alors que je n’étais pas du tout leur type. J’étais cet objet qui voulait bien l’être.”

(Yves LE ROUX/Gamma-Rapho via Getty Images)
(Yves LE ROUX/Gamma-Rapho via Getty Images)

Un couple concept

Le duo, si singulier, fascine. Tout comme sa production musicale. La décennie 70 est en effet marquée par la parution de leurs premiers albums-concepts, au premier rang desquels Histoire de Melody Nelson. Ce dernier rencontre un immense succès critique à sa sortie en 1971, la presse le saluant comme “le premier vrai poème symphonique de l'âge pop”.

VIDÉO - Je t’aime, etc. : Jane Birkin se confie sur la mort de Serge Gainsbourg

Une année faste pour les amoureux, qui accueillent par ailleurs leur fille Charlotte, troisième enfant du chanteur. Pourtant, si le couple triomphe à la scène, les premières fêlures ne tardent pas à se faire jour en coulisses.

(Peter Stephens/Mirrorpix/Getty Images)
(Peter Stephens/Mirrorpix/Getty Images)

Stress et paillettes

Au fil du temps, Gainsbourg laisse peu à peu place à Gainsbarre, ce double mimétique et méphitique, imbibé d’alcool et pétri d’excès. Les soirées à l’Élysée Matignon s’enchaînent à un rythme effréné, au grand dam de Jane Birkin, lassée de voir son homme incapable de prononcer autre chose que des monosyllabes au petit matin. En mai 1973, le chanteur est victime d’une crise cardiaque. Provocateur, il annonce à la presse, depuis son lit d’hôpital, qu'il va réagir “en augmentant sa consommation d'alcool et de cigarettes”. Pas vraiment de nature à rassurer sa compagne.

(Getty Images)
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“J’ai écrasé ma cigarette sur lui”

Entre les deux amants, les querelles deviennent incessantes. Et violentes. L’une d’elles marquera la chanteuse et comédienne au fer rouge. Elle s’en ouvrira d’ailleurs en octobre 2018 au micro de Léa Salamé sur France Inter, à l’occasion de la sortie de son livre Munkey Diaries. Alors qu’ils dînent chez Castel, Gainsbourg est pris d’un accès de fureur : “Vous vous disputez beaucoup, et il vous en met une, même deux, même trois”, commente la journaliste. “Moi j’ai écrasé ma cigarette sur lui aussi, allumée, donc j’en ai fait autant”, répond-t-elle, avant d’ajouter : “En plus je lui ai envoyé une tarte à la crème, ce n’était pas à faire (…) J’ai compris ma bêtise, j’étais agitée par l’alcool et des idiots qui se trouvaient chez Castel et qui m’encourageaient à faire des conneries”. Ambiance.

“L’alcool est mon cauchemar”

Le temps passe, et Serge Gainsbourg s’enfonce toujours un peu plus dans l’alcool. Ses propos commencent même à inquiéter sa partenaire, qui relate dans son journal intime l’une de leurs sombres discussions, en mai 1980 : “Je lui ai parlé cet après-midi. Il était au plus bas après quatre jours sans alcool, il subissait des symptômes de manque (...) L'alcool est mon cauchemar. Ça le transforme en quelqu'un de si différent et effrayant. Et parfois il dit que maintenant qu'il a la gloire, l'argent, la célébrité, la seule chose qu'il ne connaît pas est de tuer, il ne parlait pas comme ça avant. Je me demande comment ça va finir.”

Un terrible dilemme

Inévitablement, Jane Birkin s’éloigne de la star. Elle entame en 1980 une liaison avec le réalisateur Jacques Doillon, le futur père de sa fille Lou. Toutefois, en dépit du malheur qui assombrit chaque jour un peu plus sa vie avec Serge Gainsbourg, la jeune femme est tiraillée : “Je ne peux pas quitter Serge, je n'en serai probablement jamais capable, sauf s'il me fait trop peur. Il est trop nécessaire ! Trop essentiel !”, écrit-elle.

(Gamma-Rapho via Getty Images)
(Gamma-Rapho via Getty Images)

Une rupture brutale

Le point de non-retour est atteint à la fin de l’été 1980. Cette fois, les sortilèges de Serge Gainsbourg n’opèrent plus : son autodestruction a achevé son couple. Nantie d’un simple panier en osier et de ses deux filles, Jane Birkin fuit la rue de Verneuil, sans un mot ou presque. Elle s’installe d’abord à l’hôtel Hilton Suffren, dans le 15e arrondissement, et refuse de s’exprimer sur la séparation, son avocat lui conseillant de ne faire aucune déclaration. À ses proches tout de même, elle raconte son malheur. “Je suis prise de vertige quand les choses vont mal, parce que c’est très difficile de ne pas les faire aller encore plus mal, confiait-elle alors. Quand vous sentez que vous commencez à perdre, vous perdez encore plus”. Gainsbourg, lui, reste seul dans sa cuisine, sous le choc. À 52 ans, il vit son plus grand chagrin d’amour : “Je sais qu’il est aussi violent et même plus que si j’avais vingt ans.”

Catherine Deneuve s’en mêle

Grande amie de l’artiste, Catherine Deneuve parvient malgré tout à convaincre Jane Birkin de revenir vivre avec l’homme à la tête de chou. La tentative fait long feu : au bout d’une semaine, la chanteuse plie de nouveau bagage. Elle ne reviendra plus. Au comble du désespoir, le musicien trouve refuge chez Gérard Depardieu. Pendant trois jours, il se noie dans l’alcool et le blues, et cuve son chagrin.

(James Andanson/Sygma via Getty Images)
(James Andanson/Sygma via Getty Images)

Touché, mais pas coulé

Malgré la tristesse et la solitude, Serge Gainsbourg trouve le courage de se relever peu à peu. Pour ses femmes, il reprend une vie normale. Il déclare alors à la presse : “J’ai cru toucher le fond de la piscine et je me suis aperçu qu’il y avait un double fond. Je me retrouve tout seul dans cette garçon­nière de milliar­daire (…) Ce qu’il me faudrait : une fille de platine. J’ai eu une fille en or mais elle s’est tirée”.

“Jane est partie par ma faute”

En gentleman, le chanteur assume l’entière responsabilité de la débâcle de son couple. “Jane est partie par ma faute, je faisais trop d’abus. Je rentrais complè­te­ment pété, je lui tapais dessus”, confesse-t-il alors. À des années lumières de l’ombre de lui-même qu’il avait fini par devenir, il se montre plus prévenant que jamais à l’égard de son ex, allant jusqu’à devenir le parrain de sa fille Lou. “Il nous a pardonné à toutes de l’avoir quitté, expliquera plus tard Jane Birkin. Aussi bien à Bardot qu’à moi. Il était très fidèle, il avait décidé de faire une image de nous que personne ne toucherait. (…) Il se disputait avec les personnes qui disaient du mal de moi, c’est très rare quand même, de ne pas vouloir ternir l’image de l’autre”.

(David Lefranc/Kipa/Sygma via Getty Images)
(David Lefranc/Kipa/Sygma via Getty Images)

Ensemble sans l’être

En dépit de leur rupture, les anciens amants ne se quittèrent jamais vraiment. Ils continuèrent de travailler ensemble, la star offrant notamment à sa muse le sublime Baby Alone in Babylone, en 1984, pour lequel elle reçut le grand prix de l’Académie Charles-Cros. Dans le studio d’enregistrement, la britannique le vit souvent pleurer. Jusqu’à ce que les larmes changent de camp, un triste jour de mars 1991. Deux mois après la mort du chanteur, sur la scène du Casino de Paris, elle reprit Je suis venue te dire que je m’en vais. Hommage lourd de sens à un homme qui n’avait jamais abandonné personne, si ce n’est lui-même.

(Jacques Bourguet/Sygma/Sygma via Getty Images)
(Jacques Bourguet/Sygma/Sygma via Getty Images)