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Covid-19 et vie sociale : "Ça m'emmerde de me faire tester pour voir mes potes"

Avec l'explosion des cas de Covid-19 et l'inquiétude autour du variant Omicron, de plus en plus de Français font preuve de prudence dans leur vie sociale. Mais l'idée de se faire tester avant chaque soirée ne plaît pas à tout le monde, ce qui entraîne des conflits au sein de groupes d'amis.

La situation sanitaire n'a jamais été aussi critique que ces dernières semaines. À l'heure actuelle, près de 300 000 personnes sont testées positives au Covid-19 au quotidien. Et ce en dépit de la vaccination, car si cette dernière permet d'éviter les formes les plus graves de la maladie, elle n'empêche pas de contracter ni de transmettre le virus. Forcément, la situation appelle à la prudence. Les boîtes de nuit sont toujours fermées, il est interdit de rester debout dans les bars, plusieurs artistes ont décidé de repousser leurs concerts... Et les particuliers sont incités à faire attention et à éviter les grands rassemblements.

Seulement voilà, après deux ans de pandémie, trois doses de vaccination et sans un confinement ou un couvre-feu, bon nombre de Français sont peu enclins à renoncer aux plaisirs de la fête. Résultat, les plus prudents ont trouvé une parade : ils demandent à leurs proches de se faire dépister (autotest ou test antigénique) avant un rassemblement. Et cela ne plaît pas à tout le monde.

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"Je vois régulièrement mes grands-parents, pas question de les contaminer"

Il y a quelques jours, Elodie a organisé une petite soirée pour célébrer ses trente ans. "J'avais envie de voir mes amis, mais si possible sans prendre de risques. Alors j'avais mis en place tout un protocole : aération toute la soirée, comité réduit et test en amont de la soirée." La jeune femme est triplement vaccinée et estime que tout le monde devrait agir comme elle lorsqu'il s'agit de faire la fête. "Les tests antigéniques sont gratuits lorsqu'on est vacciné, et ce n'est pas hyper contraignant. Comme je vois mes grands-parents régulièrement, je ne veux pas prendre de risque à leur égard, sans renoncer pour autant à ma vie sociale. Et je trouve normal que mon entourage en fasse de même."

Seulement voilà, son initiative n'a pas été au goût de tout le monde. "Parmi les invités, plusieurs ont décommandé lorsque je leur ai demandé de se faire tester avant de venir. Pourtant je reste persuadée d'avoir eu le bon réflexe, car sur les 10 personnes qui sont passées par l'étape coton-tige dans le nez, trois d'entre elles étaient finalement positives." Mais pourquoi ce désamour des tests qui permettent de confirmer que tout va bien ? Plusieurs personnes ont accepté de se confier à ce sujet.

"Je suis triplement vacciné, pas question de me faire tester"

Enzo a 28 ans et c'est sans grande conviction qu'il a accepté de se faire vacciner. "À la base, je ne voulais pas le faire, je trouve qu'on n'a pas assez de recul. Mais on ne peut plus rien faire sans un pass sanitaire, et faire des tests chaque fois que je voulais aller au ciné, c'était vraiment chiant. Alors je suis passé par la piquouze. Et maintenant, on me demande quand même de me faire tester ? C'est même pas la peine d'y penser."

Cet argument revient régulièrement dans les discours, mais pointe toutefois un manque de compréhension autour du vaccin, qui permet certes de limiter les risques de développer l'une des formes graves du Covid-19, mais n'empêche pas de contracter la maladie et de la transmettre. Mais là n'est pas la question pour ce Parisien : "Je me suis fait vacciner pour être tranquille. Si on me demande un test pour aller quelque part, je ne le ferai pas. Soit je mentirai, soit je n'irai pas, et tant pis pour ce qu'en pense mon entourage. J'en ai marre qu'on en fasse tout un foin. Les personnes qui ne veulent pas prendre de risque n'ont qu'à rester chez elles." Une réflexion égoïste ? "Oui, et je l'assume", affirme Enzo. J'en ai assez que ma vie soit dictée par le Covid."

"J'en ai marre de me ruiner en tests antigéniques"

"C'est facile à dire que cela ne coûte rien de se faire dépister", commente Julien : "Moi, ça me coûte 15 euros le lot d'autotests et 25 euros le test antigénique en pharmacie, et j'en ai assez de me ruiner à chaque fois que je veux aller au resto ou au ciné. Alors, s'y mes potes s'y mettent aussi..." L'homme âgé de 47 ans a en effet fait le choix de ne pas se faire vacciner, et n'est donc pas concerné par les tests gratuits. Il ne cache pas faire partie du mouvement antivax et considère le pass sanitaire comme "une privation de ses libertés".

Vidéo. Les anti-pass et antivax protestent en France et en Autriche

Selon lui, "si la situation était vraiment dramatique, le gouvernement re-confinerait ou interdirait les rassemblements." Tant que ce n'est pas le cas, il estime qu'il peut faire comme bon lui semble, voir qui il veut, sans avoir à passer par la case dépistage. "La plupart de mes amis pensent comme moi, mais certaines personnes de mon entourage sont tout le temps en train de parler de risques, de danger, alors qu'on ne connaît personne qui ne soit mort du Covid, et qu'à notre âge, on ne risque franchement pas grand-chose. À ce stade, après deux ans de soi-disant pandémie, il est temps de recommencer à vivre comme avant." Le quadragénaire estime par ailleurs que sa santé ne concerne que lui. "Je trouve ça très discriminatoire d'interdire des activités à des gens sous prétexte qu'ils sont malades, surtout maintenant que tout le monde ou presque est vacciné et donc est "censé" être protégé. Les chiffres du moment et la méfiance globale me font penser que j'ai bien fait de dire non au vaccin, qui visiblement ne sert à rien."

Les pro-tests ne vont pas se laisser faire

Quels que soient les arguments des réfractaires au coton-tige dans le nez, les personnes plus prudentes ne comptent pas changer d'avis pour autant. Baptiste, 28 ans et hypocondriaque assumé le dit haut et fort : "Les gens qui ne veulent pas se faire tester n'ont pas leur place dans mon entourage. On sait que le vaccin n'empêche pas la contamination et quand on voit les chiffres qui s'emballent, ne pas faire preuve de prudence est presque criminel selon moi." Les conflits ne risquent donc pas de s'apaiser tant que la situation sanitaire restera compliquée.

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