Cuir de champignon, la mode part en cueillette

L’industrie du luxe mise aujourd’hui sur un nouveau « cuir » végétal fabriqué à partir de mycélium. Un biomatériau garanti sans cruauté et respectueux de l’environnement.

C’est ce que l’on appelle faire peau neuve. Le 11 mars dernier, la maison Hermès, mondialement connue pour son art de sublimer le cuir sous toutes les coutures, créait l’événement en dévoilant son premier sac presque 100 % végan (les anses sont en veau Evercalf et quelques détails en toile) en cuir de champignon ou, plus exactement, en mycélium, c’est-à-dire l’appareil végétatif et souterrain de l’ami des sous-bois.

Sa culture, à partir de déchets agricoles tels que des épis de maïs ou des résidus de chanvre, nécessite peu d’eau et d’électricité, et sa fabrication peu de temps. Pour une même dimension de matière, la production dure environ trois semaines avec les champignons contre trois ans avec un animal. Une transition écologique de taille pour le maroquinier français, qui, depuis ses premières créations équestres, en 1837, à ses mythiques Kelly ou Birkin, ne jure que par les précieuses peaux de bêtes (parfois très controversées, comme celle du crocodile) pour magnifier ses it bags ou ses souliers.

Il lui aura fallu plus de trois ans de travail, en collaboration avec la start-up californienne MycoWorks, pour rhabiller le fourre-tout de voyage Victoria de cette nouvelle bio-matière nommée Sylvania. « La vision et les valeurs de MycoWorks font écho à celles d’Hermès : une forte fascination pour la matière première naturelle et sa transformation, une recherche de l’excellence avec l’objectif que les créations soient utilisées de la meilleure façon possible et de maximiser leur longévité », explique Pierre-Alexis Dumas, directeur artistique d’Hermès. S’il est produit dans l’usine californienne, ce mycélium fin breveté est tanné et fini en France par les artisans du label de luxe. Un défi relevé avec brio par les mains(...)


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