Dégradation de la santé mentale : le Sénat alerte sur les jeunes femmes, qui sont les plus touchées

Une jeune fille par terre contre un mur, triste - ©Christian Dauphin/GettyImages
Une jeune fille par terre contre un mur, triste - ©Christian Dauphin/GettyImages

Le Sénat a rendu public, le 26 juin dernier, son dernier rapport concernant la santé mentale des Français depuis la crise du Covid-19. Celui-ci s’inscrit dans la lignée des travaux menés depuis 2021, dont les premières conclusions notaient que la pandémie avait « considérablement amplifié les besoins en santé mentale de la population » et « exacerbé des difficultés de long terme », espérant  « mettre à profit la prise de conscience née de la crise pour réinvestir la santé mentale. »

Quatre ans après, force est de constater que la situation ne s’est pas améliorée. Le rapport constate que la dégradation de la santé mentale s’inscrit comme une « tendance de fond ». Un phénomène « particulièrement alarmant » chez les jeunes : « En 2024, les risques de troubles anxiodépressifs touchent près de 30 % des 11-24 ans » souligne l’étude, qui constate notamment une hausse du nombre de passages aux urgences et d’hospitalisations de mineurs pour motifs de tentative de suicide, scarification et crises graves.

Les réseaux sociaux seraient l’un des facteurs de ce mal-être, mais aussi le « caractère anxiogène du contexte économique et géopolitique », l’angoisse liée à l’avenir professionnel ainsi que des habitudes héritées de la période de la crise sanitaire - manque d’activité physique, augmentation du temps d’écran, solitude…

Le risque de dépression encore plus présent chez les collégiennes et les lycéennes

Cette détérioration de la santé mentale est encore plus prononcée chez les jeunes femmes :  « Sur la période 2018-2022, la prévalence du risque de dépression a augmenté de 24,2 % à 30,9 % chez les filles (collégiennes et lycéennes) et de 13,4 % à 21,4 % chez les garçons. » détaille Public Sénat.

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Selon le rapport, si ces dernières sont plus touchées, c’est parce qu’elles sont plus exposées à des contenus qui « dégradent la représentation du corps des femmes, au harcèlement en ligne et à des vidéos qui encouragent explicitement les troubles alimentaires, l’automutilation et le suicide. »

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Des propositions pour un meilleur accès aux soins et une prise en charge améliorée

Face à cet état des lieux, la commission constate « l’impérieuse nécessité de réduire les inégalités territoriales dans l’accès aux soins et de mobiliser l’ensemble des acteurs pour garantir une prise en charge graduée et de proximité des patients. » Elle souhaite ainsi augmenter le nombre de professionnels exerçant en centre médico-psychologique, en priorisant les territoires ou les délais d’attente sont les plus longs.

Elle appelle également à une meilleure coopération entre les soignants, notamment entre les médecins généralistes, les infirmiers et les psychiatres afin d’assurer un accompagnement continu et coordonné tout au long du parcours de soin. Le rapport souligne, en outre, le manque d’intégration des professionnels de santé de l’éducation nationale : « les médecins scolaires ne peuvent toujours pas avoir un accès effectif au dossier médical partagé (DMP) de l’enfant ». Elle recommande une meilleure intégration de ces derniers « aux conseils locaux de santé mentale et à la démarche des projets territoriaux de santé mentale ».

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Le Sénat souhaite aussi mettre l’accent sur la sensibilisation et l’entraide, en étendant les formations aux premiers secours en santé mentale à toutes les professions clés, puis à l’ensemble des citoyens. «  Les rapporteurs sont également convaincus que la pair-aidance doit être encouragée, compte tenu de ses résultats prometteurs en matière de prévention et de réinsertion socioprofessionnelle. 

Au total, le rapport formule une vingtaine de recommandations.

Voir l'article original sur ELLE