Dépendance de ses parents : pourquoi passer du déni à la prise de conscience peut prendre des années
Prendre conscience de la dépendance de ses parents est un long cheminement, qui peut prendre des années. Analyse de ce qui se passe affectivement et psychologiquement dans la relation.
« Je pense qu’il nous a fallu, à mes sœurs et moi, au moins dix ans pour nous apercevoir que quelque chose ne tournait vraiment pas rond. Il faut dire que maman a toujours été très étourdie ! Alors, quand elle a commencé à perdre régulièrement ses clés et ses lunettes, nous ne nous sommes pas inquiétées plus que ça... C’est lorsqu’elle a oublié d’aller chercher ma fille à l’école que j’ai commencé à me poser des questions. Sa démarche aussi avait changé, elle traînait un peu des pieds et n’arrivait plus à descendre les escaliers sans se tenir à la rampe. Elle avait seulement 69 ans. J’en ai parlé à mon père, qui était médecin : il m’a copieusement engueulée en affirmant qu’elle allait très bien. Je crois que lui aussi ne voulait pas voir ce qui se passait. Lorsqu’il est mort, notre mère, dépressive, s’est mise à noyer son chagrin dans l’alcool. Donc, quand elle nous semblait à côté de la plaque, on pensait que c’était à cause de la boisson. Petit à petit, au fil des ans, les symptômes se sont accentués : elle oubliait des rendez-vous, son frigo était vide, elle maigrissait. Pendant dix ans, avec mes sœurs, nous avons alterné des moments d’affolement avec d’autres où tout redevenait normal. Jusqu’au jour où un commerçant a appelé l’une de mes sœurs pour lui annoncer qu’il avait retrouvé notre mère dans la rue, complètement incohérente. Là, nous avons dû nous rendre à...