« Dès qu’on vous voit changer la roue d’un tracteur, vous gagnez le respect » : des agricultrices racontent

Freins à l’installation, écarts de rémunération, sexisme ordinaire... Oxfam France a publié, à l’occasion du Salon de l’agriculture, un rapport* qui dresse (enfin) l’état des lieux des agricultrices en France. Sans surprise : elles sont les grandes perdantes. Témoignages.

« L’agriculture est presque un non-sujet. Donc forcément les femmes - dans un non sujet - sont encore moins un sujet ! dénonce Anne Aït-Touati, maraîchère dans les Hautes-Alpes. Il y a un problème systémique dans le monde agricole autour de la question du genre ». Les résultats du rapport d’Oxfam France en sont la preuve : la retraite moyenne des agricultrices est de 570 euros mensuels (contre 840 euros chez les hommes), leur rémunération est de 29% inférieure à celle des agriculteurs, 66 % des agricultrices bio en couple affirment prendre en charge la totalité ou presque des tâches ménagères... À cela s’ajoute le manque de données fiables et actualisées. « Quasiment rien n’est fait pour compter, évaluer l’ampleur des inégalités et mener ainsi des politiques publiques pertinentes pour les femmes agricultrices en France », note Quentin Ghesquière, chargé de campagne et plaidoyer Sécurité Alimentaire chez Oxfam France. En cause ? « Les données genrées en agriculture ne sont clairement pas la priorité du service statistiques du gouvernement, confie Carine Pionetti, la chercheuse en écologie politique et genre qui a réalisé l’étude. Le genre passe sous le radar du Ministère et de toutes les politiques publiques agricoles en France ».

« On passe à la trappe »

Pourquoi un tel écart de rémunération ? L’une des réponses se trouve du côté des statuts, ou plutôt de leur absence. D’après le rapport, 132 000...

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