Elizabeth II et le prince Philip : l'histoire d'un coup de foudre interdit qui a bousculé la couronne britannique

Après l’annonce de la mort d’Elizabeth II, survenue le jeudi 8 septembre 2022, l’heure est plus que jamais au recueillement. Alors que les hommages affluent du monde entier, personne n’oublie l’incroyable destinée de celle qui n’aurait jamais dû devenir reine un jour. Et finalement, c’est aux côtés de son plus grand soutien qu’elle a traversé (presque) toutes ses années de règne : son époux, le prince Philip. Ensemble, ils ont tout vécu, de l’amour aux scandales.

Elizabeth II n’aura surmonté qu’une année et demi sans son roc. Jeudi 8 septembre 2022, la monarque de 96 ans s’est éteinte dans sa demeure de Balmoral, en Écosse. Un immense château, théâtre de ses rares moments de liberté, au milieu d’une nature verdoyante et si reposante. C’est là qu’avec le prince Philip et leurs quatre enfants, elle a construit ses plus beaux souvenirs. Car si son rang l’a bien souvent plongée dans une solitude vertigineuse, Elizabeth II a toujours pu compter sur le soutien et la loyauté du seul homme de sa vie, son époux le prince Philip, disparu le 9 avril 2021. La fin d’une histoire d’amour longue de plus de 70 ans, et qui, au départ, n’était pas vraiment faite pour durer.

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Un coup de foudre immédiat

Tout commence lorsqu'Elizabeth n'a que 8 ans. Avec sa soeur Margaret, elle goûte aux joies d'une enfance choyée et privilégiée. Un beau jour, celle que l'on surnomme affectueusement Lilibet fait la rencontre de Philip... son cousin germain alors âgé de 13 ans. Né dans la famille royale de Grèce, il est aussi un descendant de Christian IX, roi du Danemark. Tout comme Elizabeth, à travers son arrière-grand-mère Alexandra, née princesse de Danemark. Alors forcément, cette rencontre n'est en rien le fruit du hasard. Pour autant, lorsqu'elle le croise à nouveau quelques années plus tard, la jeune future reine craque complètement pour les beaux yeux de Philip. Elle a 13 ans, il en a 18, mais déjà une seule certitude s'empare d'elle : ce sera lui, et pas un autre. C'est le coup de foudre. Dès 1939, les jeunes tourtereaux entament une correspondance.

Problème : la famille de la jeune héritière voit cette relation d'un très mauvais oeil. Son père, le roi George VI, n'a que très peu de considération pour la famille de Philip. Les finances du clan royal de Grèce et du Danemark ne sont pas au beau fixe, et les relations de certains membres avec des dignitaires nazis finissent de jeter l'opprobre sur le blason familial. D'autant que le roi George VI ne s'est jamais vraiment remis de l'affront provoqué par son frère aîné, Edouard VIII, au moment de son abdication par amour pour une Américaine à la réputation jugée trop sulfureuse. La couronne britannique a déjà eu son lot de scandales.

Mais Elizabeth est déterminée. Alors, pendant des années, elle s'emploie à remplir les obligations qui incombent à son rang d'héritière au trône, sans jamais oublier son Philip. Le 20 novembre 1947, sa patience est récompensée lorsqu'elle dit "oui" à son cher et tendre à l'abbaye de Westminster. Le début d'une romance pas comme les autres.

Le prince Philip toujours dans l'ombre d'Elizabeth II

Ensemble, ils auront quatre enfants : Charles, Anne, Andrew et Edward. Le prince Philip est un papa sévère, surtout à l'égard de son aîné qui, il ne le sait que trop bien, sera un jour couronné à son tour. En revanche, il s'attend moins à ce que son épouse devienne reine si tôt. Le 6 février 1952, les jeunes mariés sont en voyage officiel au Kenya lorsqu'un télégramme leur apprend la terrible nouvelle : le roi George VI est mort. Tout prend un autre sens. À seulement 26 ans, Elizabeth II est couronnée reine d'Angleterre. Philip devient prince consort et on sait tous les sacrifices qui l'attendent. Déjà, pour se marier, il a dû renoncer à son titre de prince de Grèce et du Danemark, délaissant au passage l'église orthodoxe pour la catholique. Quant à l'idée que la reine Elizabeth II porte son nom, Moutbatten, Winston Churchill, alors Premier ministre, douche ses espoirs. "Je suis le seul homme de ce pays qui n'est pas autorisé à donner son nom à ses enfants" avait ironisé Philip à ce sujet.

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Professionnellement aussi, il doit quitter ses responsabilités d'officier dans la Royal Navy. Une situation sur laquelle il était revenu des années plus tard, dans un rare entretien en 2011 : "J’étais évidemment déçu parce que je venais d’être promu commandant. En fait, la partie la plus intéressante de ma carrière navale commençait à peine. Mais de la même manière, en y réfléchissant un peu, étant marié à la reine, il me semblait que mon premier devoir était de la servir du mieux que je pouvais."

Mais en contrepartie, le prince Philip veut imposer ses idées. En coulisses, il oeuvre pour le dynamisme de cette nouvelle ère royale. C'est même lui qui insiste pour que le couronnement de son épouse Elizabeth II soit pour la première fois filmé et retransmis en direct à la télévision. Le pari est fou au sein d'une royauté encore cadenassée, mais réussi. Au total, l'évènement réunit près de 300 millions de téléspectateurs. Le prince Philip aime jouer avec les médias, et n'hésite pas à les faire entrer dans leur cocon sacré. La suite, on la connait. Beaucoup de scandales, de tourments, de naissances et de joies. Et jamais Philip n'a lâché la main d'Elizabeth II. Lui seul connaissait la femme derrière la couronne.

"Il a tout simplement été ma force et il l’est resté pendant toutes ces années, et moi, et toute sa famille, et ce pays et bien d’autres lui devons une dette plus grande qu’il ne le prétendrait, ou dont nous n’aurons jamais conscience", déclarait la souveraine en 1997...

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