Elles profitent des réseaux sociaux pour partager leur lait maternel… Les experts tirent la sonnette d’alarme

De plus en plus de femmes partagent leur lait maternel via des pages de partage sur Facebook [Photo : Getty]
De plus en plus de femmes partagent leur lait maternel via des pages de partage sur Facebook [Photo : Getty]

Une nouvelle étude réalisée par la BBC a dévoilé que des femmes partageaient du lait maternel en ligne afin d’aider d’autres mamans.

L’idée de faire don de son lait maternel n’a rien d’inédit. Les nourrices étaient loin d’être rares il y a encore quelques années, et de nombreuses femmes ont toujours été ravies d’allaiter des bébés qui n’étaient pas les leurs afin d’aider les mamans incapables de le faire elles-mêmes.

Aujourd’hui, les réseaux sociaux ont décidé de simplifier ce processus pour les mamans qui souhaitent faire don de leur lait, entraînant ainsi la prolifération de sites de partage de lait maternel sur Internet.

C’est le cas de la page surnommée ‘Human Milk for Human Babies UK’, qui favorise l’échange de lait maternel entre les mamans qui en ont trop et celles qui n’en ont pas assez.

La BBC confie que les ‘likes’ sur la page ont été multipliés par cinq pour atteindre quasiment 18 000 au cours des cinq dernières années.

Cette augmentation est confirmée par des recherches menées sur le site pour parents Netmums. En effet, près de la moitié (44 %) des mamans qui allaitent en Grande-Bretagne envisageraient de partager leur lait avec d’autres parents en ligne, 2 % confirmant même l’avoir déjà fait par le passé.

Le sondage, réalisé auprès de 2 012 mamans, a également conclu qu’une maman qui allaite sur 50 utilise déjà des sites internet de partage de lait gratuit afin d’entrer en contact avec des mamans qui ne peuvent pas allaiter.

Les services de partage de lait permettent d’associer des mamans qui ont du lait à donner à des familles qui vivent dans la région. La maman est même en mesure de préciser si elle souhaite obtenir du lait d’une maman végétarienne, végétalienne ou dont l’enfant a un âge proche du sien, afin que le lait offert soit aussi similaire que possible à celui qu’elle offrirait elle-même.

Certaines célébrités déjà adeptes de cette tendance incluent l’actrice hollywoodienne Alicia Silverstone qui a récemment créé son propre site de partage de lait : Kind Mama.

Un tiers des mamans qui font ainsi don de leur lait ont confié avoir décidé de le faire afin d’aider une famille dans le besoin. 14 % confiaient également produire plus de lait que nécessaire pour leur propre bébé, et 4 % avaient reçu de l’aide grâce au partage du lait et souhaitaient simplement renvoyer l’ascenseur. De plus, une maman sur 11 confiait apprécier l’allaitement au point de continuer à faire don de leur lait même après avoir arrêté l’allaitement de leur propre bébé.

Anne-Marie O’Leary, rédactrice sur Netmums, s’est exprimée à propos de cette tendance d’e-partage du lait maternel : « Nous vivons actuellement dans un monde où tout est commercialisé, c’est donc merveilleux de voir des familles se retrouver pour s’entraider et se soutenir gratuitement. Toutes les personnes concernées, qu’il s’agisse des mamans qui font don de leur lait ou des personnes qui gèrent les sites, investissent beaucoup de temps et d’effort sans être rémunérées, afin de s’assurer que les bébés soient en bonne santé. La tendance est peut-être encore nouvelle, mais elle touche déjà beaucoup de monde et a un impact de taille sur le long terme ».

De nombreuses mamans soutiennent l’idée des sites de partage de lait maternel, mais certaines inquiétudes persistent au sujet de la sécurité et de l’hygiène du processus.

La BBC confie ainsi que le Département de la Santé est désormais fortement encouragé à fournir davantage de conseils aux mamans qui n’agissent pas sous la supervision du NHS, car certains experts considèrent que cette pratique non réglementée pourrait transmettre des infections et des virus, comme le VIH et l’hépatite.

Est-ce bien sain de partager du lait maternel en ligne ? [Photo : Getty]
Est-ce bien sain de partager du lait maternel en ligne ? [Photo : Getty]

Les sites de partage de lait sur Facebook offrent des conseils à tous les visiteurs, encourageant les internautes à aborder le sujet des médicaments, de l’alcool ou des drogues, suggérant également de faire appel à un prestataire de soins pour effectuer des tests complémentaires.

Cependant, les experts conseillent surtout aux femmes de faire appel à des banques de lait afin de ne pas prendre de risques, car ces dernières proposent des dépistages et des régulations adaptés.

D’après le NHS, les banques de lait humain proposent un service qui réunit, analyse, traite et répartit le lait humain proposé par les mamans. Le lait est distribué à des bénéficiaires, sans rapports avec les mères donneuses, et de nombreuses précautions sont prises afin de fournir un produit sain.

Le site confie que les donatrices subissent des tests liés à leur santé et leur mode de vie, ainsi que des tests sanguins (VIH, hépatites B&C, syphilis et HTLV). Le lait est expulsé hygiéniquement au domicile de la donatrice, avant d’être congelé puis régulièrement recueilli par l’équipe de la banque de lait. Le lait est testé, et les bouteilles qui contiennent trop de bactéries sont rejetées.

La tendance des banques de lait semble également prendre de l’ampleur. 5 % des familles sondées par Netmums ont confié avoir reçu du lait de la part de la banque de lait d’un hôpital. Une femme qui allaite sur 11 envisage aujourd’hui de faire don de son lait auprès de la banque de lait de son hôpital, et 2,5 % ont déjà fait un tel don.

Certaines personnes réclament actuellement un meilleur financement des banques de lait. Alison Thewliss, membre du Parti national écossais à la tête du groupe parlementaire multipartite en charge de l’alimentation des nourrissons, considère que le Département de la Santé devrait prendre le contrôle général de tous les services de don de lait maternel en Angleterre.

« Pour l’instant, les banques de lait ont tendance à ne pas être suffisamment financées et sont gérées en tant que projets d’hôpitaux individuels », a-t-elle confié à la BBC.

« J’aimerais voir le gouvernement du Royaume-Uni travailler avec l’association UK Association of Milk Banks afin d’investir dans des services et permettre aux femmes qui souhaitent faire don de leur lait maternel de le faire de manière locale, saine et régularisée, tout en facilitant l’accès aux personnes qui ont besoin de lait maternel ».