Emmanuel Macron affirme qu'il n'a « aucune complaisance » envers Gérard Depardieu

Emmanuel Macron a placé les droits des femmes et le combat contre les violences sexuelles à son agenda politique.

Toutefois, sa réflexion sur Gérard Depardieu, quand des appels à retirer à l’acteur sa Légion d’honneur ont fusé de toutes parts, a surpris et déçu. Le président avait dénoncé dans C à vous du 20 décembre (23) « une chasse à l’homme » contre l'acteur, dont il se disait par ailleurs « un grand admirateur », alors qu’un documentaire révélait ses propos ouvertement sexués et sexistes sur une fillette de 10 ans lors d'un séjour en Corée du Nord filmé par Yann Moix.

Dans une interview fleuve pour ELLE, Emmanuel Macron a dit se tenir aux côtés des femmes et, en même temps, laisser la « justice faire son travail de manière apaisée et, donc, lui donner les moyens de le faire ». « Mais je n’ai jamais défendu un agresseur face à des victimes », affirme le président qui expliquait il y a quelque temps que Gérard Depardieu « rend fière la France ».

« Il n’y a chez moi aucune complaisance. Juste une volonté de respecter nos principes, tels que la présomption d’innocence. Ces mêmes principes qui vont permettre à la justice de statuer en octobre prochain et c’est une bonne chose. J’ai un profond respect, une bienveillance et une grande confiance pour et dans la parole des femmes. Je suis intraitable sur la question des viols, de la domination, de cette culture de la brutalité. Ma priorité est et a toujours été la protection des victimes, et c’est aussi le cas pour l’affaire Depardieu. »

En revanche, le président de la République « n’aime pas les procès médiatiques, la justice par tweets, et ce de manière générale ». « Nous sommes dans une société qui cherche à abattre les gens en quelques jours, puis qui les oublie. Moi, je suis plutôt dans le combat, dans le maquis », explique-t-il, en glissant une référence aux résistants de la seconde guerre mondiale, en cette période de commémoration du 8 mai 1945.

Si Emmanuel Macron « salue le courage » de « femmes comme Judith Godrèche, Juliette Binoche ou Isild Le Besco » et le travail d’enquête de la presse, « la justice ensuite, seule, établit les culpabilités » réaffirme-t-il en gardien des institutions. Constatant que « #MeToo a fait voler en éclats cette culture de l’omerta », le président s’en réjouit et se dit favorable à ce que la « notion de consentement » soit mieux définie dans la loi. « C’est le travail que j’ai demandé aux parlementaires », précise-t-il.

Malgré un président « intraitable sur la question des viols », la France n’a pas voté au Conseil de l’Europe la directive sur l’inscription du viol dans la « loi qui harmonisera les sanctions et les délais de prescription » pour les violences faites aux femmes. La législation européenne, adoptée le 7 mai 2024, est considérée comme « un bon point de départ ».