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Serge Atlaoui, un Français de 61 ans condamné à mort en Indonésie en 2007 pour trafic de drogue, a quitté sa prison de Jakarta mardi avant de rejoindre l'aéroport d'où il s'envolera dans la soirée pour Paris en espèrant recouvrer la liberté après 19 ans de prison.Un fourgon noir dans lequel M. Atlaoui avait pris place, selon des responsables pénitentiaires, a quitté la prison de Salemba peu après 15H00 locales (08H00 GMT), a constaté un journaliste de l'AFP, direction l'aéroport international Soekarno-Hatta.L'unique condamné à mort français dans l'archipel décollera pour Paris "sur le vol KLM KL 810 de 19H35 (12H35 GMT) via Amsterdam", a indiqué plus tard devant la presse I Nyoman Gede Surya Mataram, responsable au ministère indonésien en charge des Affaires juridiques et des droits humains.Escorté par trois policiers français, il atterrira à Paris mercredi matin.M. Atlaouis'est plié à une dernière obligation, une conférence de presse à laquelle ont pris part ce responsable indonésien et l'ambassadeur de France, Fabien Penone.Assis, masque sur la bouche et casquette noiree, le Français vêtu d'un jeans et un T-shirt blanc est resté muet durant toute la conférence."Au nom des autorités françaises, je tiens à remercier les autorités indonésiennes pour leur coopération", a déclaré l'ambassadeur de France.- "Jamais perdu l'espoir" -Depuis le 11 novembre 2005, jour de son interpellation près de Jakarta, le Français rêve de cette journée, "sans avoir jamais perdu l'espoir", selon une source proche. A son arrivée à Roissy, il sera conduit au tribunal de Bobigny, en région parisienne, "pour être présenté au procureur qui lui notifiera son incarcération en France en exécution de sa peine", a indiqué à l'AFP le parquet."Il sera ensuite conduit directement dans un établissement pénitentiaire", a ajouté le parquet, sans donner de précisions sur le lieu de détention.Son avocat français Richard Sédillot a précisé à l'AFP qu'il interviendrait "dans un délai de quelques semaines ou quelques mois" devant le tribunal compétent "pour demander qu'une adaptation de sa peine permette sa mise en liberté"."Après toutes ces années d'incarcération, c'est ce moment-là que j'attendais. Il a quitté la prison, ça veut dire qu'il est vraiment sur le chemin du retour", a réagi son épouse Sabine sur la radio RTL."Je pensais que j'allais être un peu plus sereine, mais je suis chamboulée, il y a beaucoup de joie et on est pressés de le voir", at-elle ajouté.Demandé officiellement le 4 novembre par la France, son retour a été rendu possible par la signature d'un accord le 24 janvier entre les ministres français de la Justice Gérald Darmanin et indonésien Yusril Ihza Mahendra.Dans cet accord, Jakarta explique avoir décidé de "ne pas exécuter" le prisonnier et d'autoriser son retour pour "raisons humanitaires" car "il est malade". M. Atlaoui a suivi chaque semaine un traitement, ces derniers temps, dans un hôpital proche de sa prison.Jakarta laisse également la liberté au gouvernement français de lui accorder "sa clémence, une amnistie ou une réduction de peine".- Peine de mort en appel -M. Atlaoui avait été arrêté en 2005 dans une usine où des dizaines de kilos de drogue avaient été découverts et les autorités l'avaient accusé d'être un "chimiste".Venu de Metz, dans le nord-est de la France, cet artisan soudeur, père de quatre enfants, s'est toujours défendu d'être un trafiquant de drogue, affirmant qu'il n'avait fait qu'installer des machines industrielles dans ce qu'il croyait être une usine d'acrylique. Initialement condamné à la prison à vie, il avait vu la Cour suprême alourdir la sentence et le condamner à la peine capitale en appel.Il devait être exécuté aux côtés de huit autres condamnés en 2015, mais a obtenu un sursis après que Paris a intensifié la pression.L'affaire avait fait grand bruit en Indonésie, où la législation antidrogue est l'une des plus sévères du monde. Mais aussi en France où de nombreuses personnalités, dont la chanteuse franco-indonésienne Anggun, s'étaient mobilisées pour le soutenir. L'Indonésie qui n'a plus procédé à d'exécution depuis 2016, compte actuellement au moins 530 condamnés dans le couloir de la mort, selon l'association de défense des droits Kontras, citant des données officielles.Parmi eux, plus de 90 étrangers, dont au moins une femme, selon le ministère de l'Immigration et des services correctionnels.Selon l'ONG française Ensemble contre la peine de mort (ECPM), outre M. Atlaoui, au moins quatre Français sont actuellement condamnés à mort dans le monde: deux hommes au Maroc, un en Chine ainsi qu'une femme en Algérie.ebe/cco