Flux instinctif libre : elles n'utilisent plus de protection périodique
Mettre des tampons, des serviettes ou même des cup quand elles ont leurs règles ? Très peu pour elles ! Marie et Céline ont décidé de pratiquer le flux instinctif libre, une méthode consistant à gérer son flux sans avoir recours à aucune protection. Risqué ? Pas tant que cela à en croire les deux jeunes femmes qui se sentent bien plus libres depuis qu’elles l’ont adoptée…
“Avec une moyenne de 5 à 6 tampons par jour, pendant une moyenne de 5 jours et ce toutes les 3 semaines, chaque femme utilise et jette plus de 430 protections par an. Imaginez sur toute une vie et portez le calcul au nombre de femmes réglées dans le monde !”, s’exclame Céline du blog Miss Pagaille, convaincue des intérêts économiques et écologiques du flux instinctif.
Quand les cas de chocs toxiques posent question
Rares sont pourtant celles qui adoptent la méthode pour cette unique raison. La priorité de la plupart d’entre elles ? Prendre soin de leur corps et éloigner de lui tout ce qui pourrait lui nuire, comme l’explique Marjorie Cambier, psychologue clinicienne sexothérapeute et auteure du site sexopsy-cambier.com : “Avec le flux instinctif, vous n’exposez plus vos muqueuses aux produits toxiques que l’on trouve notamment sur les tampons et les serviettes hygiéniques non biologiques, donc l’intérêt de point de vue de votre santé est indéniable”. Personne n’a oublié les cas de chocs toxiques liés aux tampons rares certes, mais gravissimes, qui ont provoqué morts ou amputations chez les femmes touchées.
Mais ne plus utiliser de protections, c’est aussi s’obliger à se mettre à l’écoute de son corps et ne plus tenter de le reléguer au second plan : “On est la plupart du temps habituées […] à ne pas nous préoccuper de nos règles : un tampon, une serviette, et on peut continuer notre journée sans y faire attention. Ce sont d’ailleurs les arguments de vente principaux de ce genre de produits intimes”, explique Marjorie Cambier qui prône l’importance de “libérer le flux en conscience”. “Ne pas être dans la lutte en voulant éliminer tout ce que le corps essaie de nous dire”, c’est également la conviction de la journaliste Marie Hoffsess, auteure du blog sansobjetsansdechet.fr. Celle qui pratique le flux instinctif depuis quatre ans juge essentiel de “se rappeler que les règles servent à quelque chose, à potentiellement accueillir un fœtus par exemple…”
La phobie des tâches de sang
Mais comment faire concrètement ? À en croire les puristes du flux instinctif, il suffirait de gérer ses menstruations exactement comme une envie d’uriner, c’est-à-dire en allant libérer le flux de sang aux toilettes, dès que nous le sentons descendre. Il s’agirait également d’apprendre à muscler le périnée pour réussir à retenir un peu le sang, en cas de force majeure.
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Si l’idée est séduisante sur le papier, la pratique peut décourager les plus farouches, tant elle semble difficile à assumer jusqu’au bout. Comment ne pas avoir peur des accidents lorsque l’on nous a toujours appris que nos règles devaient rester discrètes voire secrètes ? Céline qui affirme que l’on peut contrôler son flux “mais avec moins de précision qu’une envie d’uriner” avoue avoir “eu quelques accidents en commençant”. “Ils sont assez fréquents”, confirme la sexothérapeute Marjorie Cambier qui ajoute que pour obtenir des résultats satisfaisants, “plusieurs cycles sont souvent nécessaires”. Son conseil ? Débuter l’expérience lors d’une période de vacances lorsque l’on est chez soi avec “un protège-slip, de vieux sous-vêtements et un vieux jogging, pour être à l’aise” et prendre petit à petit “conscience de son vagin et de son petit bassin” pour apprendre à aller aux toilettes au bon moment. Encore faut-il avoir des toilettes à disposition et pouvoir s’y rendre régulièrement, sans gêne.
“Je vais à la piscine sans protection périodique”
Mais doit-on pour autant éternellement reléguer la pratique du flux instinctif aux journées inactives ? Non, selon Marie Hoffsess, qui se veut au contraire très rassurante : “Quand on est speed, le sang ne s’écoule pas car il y a des mécanismes qui font qu’on est en mode auto-sympathique, c’est à dire en mode combat. Il peut y avoir des petits incidents lorsque l’on porte quelque chose de très lourd mais c’est rare !”. Pour la journaliste, il serait largement possible de “marcher dans la rue en retenant le flux” et même plus étonnant, d’aller à la piscine sans craindre la catastrophe, en prenant juste la précaution “d’aller aux toilettes avant et pousser un peu sur le périnée pour faire sortir ce qui doit sortir, avant et après la baignade”. Une fois entraînée, il serait donc tout à fait possible de vivre normalement, même si Marie Hoffsess conseille d’accepter “le besoin de repli” inhérent à cette période du cycle.
Pourtant, une telle pratique pourrait être inadaptée à celles qui ont des règles abondantes et pour lesquelles la rétention du flux pourrait être impossible voire dangereuse car trop fréquente. Mieux vaut donc quoiqu’il en soit demander l’avis de son gynécologue avant de se lancer dans l’aventure…
Wassila Djellouli