Ségolène Puechlong : "Le cancer testiculaire est la tumeur la plus répandue parmi les hommes jeunes"

Bien que considéré comme rare, le cancer testiculaire chez les hommes est en constante augmentation. Il représente 2% des cancers masculins, avec 2500 nouveaux cas par an. S'il est le cancer le plus répandu parmi les hommes de moins de 30 ans, il répond très correctement aux traitements et se soigne dans plus de 95% des cas. Ségolène Puechlong, cheffe du service de Médecine Générale chez Livi (opérateur en e-santé et téléconsultation), est venue expliquer l'importance du dépistage, passant entre autres par l'autopalpation.

Comme nombre de pathologies concernant l'appareil génital, le cancer testiculaire est entouré du voile du tabou. Surprenant, lorsque l'on apprend qu'il est le cancer le plus répandu parmi les trentenaires. Plusieurs facteurs de risque sont connus. Le plus récurrent est à chercher du côté des antécédents familiaux au premier degré, par exemple le père d’un patient qui aurait été malade. Arrivent ensuite les anomalies testiculaires, la plus connue étant la cryptorchidie, comme l'explique Ségolène Puechlong, cheffe du service de Médecine Générale chez Livi (opérateur en e-santé et téléconsultation) : "Pendant la vie embryonnaire, les testicules sont dans la cavité abdominale et migrent peu de temps après la naissance dans le scrotum, dans les bourses. La cryptorchidie c’est quand les testicules ne migrent pas, restent dans la cavité abdominale plus longtemps qu’ils ne le devraient."

Le cancer testiculaire concerne davantage les hommes vivant dans les pays occidentaux. Une étude menée sur des populations issues de l’immigration met en lumière des faits très parlants : "On s’aperçoit qu'étant moins touchées initialement, elles rejoignent le taux des résidents initiaux des pays occidentaux. Donc on suppose qu’il y a des facteurs environnementaux, mais ils sont encore à l’étude, il n’y en a aucun qui soit encore ressorti du lot."

Vidéo. Ségolène Puechlong : "Les symptômes qui doivent alerter les hommes"

Attention aux modifications du testicule

Comment prévenir ce type de cancer ? La palpation reste la meilleure solution, afin de connaître au mieux ses testicules et de repérer le plus vite possible un changement de leur aspect. “La plupart du temps, ce sont des augmentations de volume. Oedème du scrotum, beaucoup d’eau autour du testicule (...) douleur, c’est moins fréquent mais surtout induration, c’est-à-dire le testicule devient dur, change de forme ou il y a une grosseur qui apparaît, ce sont vraiment les signes les plus évidents.”

Vidéo. Ségolène Puechlong sur le cancer testiculaire : "On garde sa fertilité après une ablation du testicule"

"On garde sa fertilité après une ablation d’un testicule"

Si une grande suspicion de cancer testiculaire existe après un premier diagnostic, une opération chirurgicale appelée l’orchidectomie permet l’extraction du testicule porteur de la lésion. Après analyse, les médecins décident alors si une chimiothérapie ou une radiothérapie est nécessaire. "Les testicules sont des organes vitaux, ils sont au nombre de deux, ce n’est pas pour rien, (...) c’est justement parce qu’ils ont une fonction essentielle. (...) Néanmoins il est systématiquement proposé la cryoconservation du sperme avant les traitements (...) pour que s'il y avait un trouble de la fertilité ultérieure, on ait du matériel à proposer au patient pour sa vie future."

Des répercussions sur la vie sexuelle peuvent également faire leur apparition suite à cette opération : "Il peut y avoir des effets indésirables des traitements, comme l’éjaculation rétrogrades (...) c’est le fait d’éjaculer dans l’autre sens par rapport au sens physiologique. (...) Il y a après tout l’aspect psychologique, un homme à qui on a touché les organes génitaux externes, il faut qu’il retrouve son identité. Souvent, il y a besoin d’une partie esthétique quelque part, il y a des prothèses qui sont posées après les ablations testiculaires. (...) Il y a toute une partie à travailler en psychothérapie, en sexothérapie pour pouvoir récupérer son corps sexué, sexuel, sa libido etc."

L'importance d'en parler

Ségolène Puechlong insiste sur la nécessité de visibiliser davantage ce cancer : "Parce que c’est un cancer relativement rare, ça ne fait pas l’objet d’une information spécifique comme par exemple le cancer du sein chez la femme. On ne donne pas d’information systématique aux jeunes hommes, je pense qu’on devrait le développer."

Texte : Alexis Lahache

Interview : Carmen Barba

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