Inégalités de revenus salariaux entre hommes et femmes : des chiffres peu encourageants

Repensez à votre cadre de travail il y a 20 ans… À l'époque, tout le monde savait parfaitement que les hommes gagnaient beaucoup plus d'argent que les femmes. À hauteur de 18 % pour être précis. Il s'agissait clairement d'une injustice mais c'était également avant le lancement d'un mouvement puissant visant à réduire cet écart. C'est pourquoi nous sommes encore plus surpris d'apprendre qu'aujourd'hui, en 2016, les femmes continuent de gagner 18 % de moins que les hommes.

Le salaire des femmes continue d'être inférieur à celui des hommes et le chiffre atteindrait 18 % [Photo : startupstockphotos.com via Pexels}

La différence de revenus entre hommes et femmes reste la même qu'il y a 20 ans, malgré une baisse par rapport à 1993 (inégalité autour de 28 %) et en 2003 (23 %), d'après une étude réalisée par l'Institute of Fiscal Studies (IFS).

De plus, la recherche révèle également que les femmes sont lésées par une « pénalité de la maternité sur les salaires » qui a un impact négatif sur leur salaire par rapport à leur collègue hommes jusqu'à 12 ans après la naissance de leur enfant. L'étude indique que l'écart entre hommes et femmes s'intensifie régulièrement au fil des ans suite à la naissance de l'enfant, pour atteindre un salaire horaire inférieur à celui des hommes à hauteur de 33 %.

Les inégalités de revenus entre hommes et femmes sont aussi importantes aujourd'hui qu'il y a 20 ans. [Photo : PA Images]

Robert Joyce, l'un des auteurs du rapport de l'IFS, explique que les mères ne constatent pas forcément une réduction immédiate de leurs salaires horaires lorsqu'elles réduisent leurs heures mais qu'elles pourraient passer à côté de promotions et d'augmentations de salaires contrairement aux hommes.

« L'écart entre le salaire horaire des hommes et des femmes éduqués n'a pas été réduit du tout ces 20 dernières années », a-t-il confié.

« Les femmes qui travaillent à mi-temps ne profitent pas de la progression salariale, ce qui signifie que les salaires horaires des hommes (et des femmes à plein temps) divergent de plus en plus ».

« De plus, les femmes qui prennent des congés non payés et retrouvent plus tard le marché du travail passent à côté de la croissance salariale », ajoute-t-il.

En Angleterre, madame le premier ministre Theresa May a mis en évidence l'écart persistant entre les salaires des hommes et des femmes et a évoqué son envie de créer une « Grande-Bretagne qui fonctionne pour tout le monde ». Cependant, les dernières recherches montrent qu'il y a encore beaucoup de travail pour réduire cet immense écart.

Les mères sont touchées par une « pénalité de la maternité sur les salaires » [Photo : freestocks.org via Pexels]

Sam Smethers, directrice exécutive de the Fawcett Society qui défend les droits des femmes, a révélé au Huffington Post que les capacités des mères étaient gaspillées au travail, comme le confirme la recherche.

« Cette étude indique clairement l'existence de la pénalité de la maternité sur les salaires, exacerbées par l'absence d'emplois à mi-temps de qualité.

« Nous gaspillons les capacités et l'expérience des femmes à cause de la manière dont nous structurons notre marché du travail ».

« Les travailleurs à mi-temps peuvent-être particulièrement productifs, pourtant les heures de travail réduites ont un effet impasse chez les femmes qui ne peuvent pas sortir de ce piège. Il est impératif de profiter de plus d'emplois à mi-temps de qualité ».

Abigail Wood, directrice des campagnes d'NCT, a commenté à propos du rapport :

« Les résultats de l'Institute of Fiscal Studies montrent que les mères qui travaillent continuent d'être lésées ».

« Il est parfaitement inacceptable que les capacités des femmes continuent d'être sous-évaluées dès qu'elles tombent enceinte au 21e siècle. Pourquoi les femmes devraient-elle encore choisir entre une carrière et un bébé ? ».

« Des arrangements de travail flexibles et à mi-temps sont gagnants-gagnants pour les employés et les employeurs. Les gouvernements et les entreprises doivent se pencher davantage sur les causes de la mauvaise progression de carrière chez les femmes et s'attaquer au problème une bonne fois pour toute ».


Marie-Claire Dorking