Isabelle Adjani, cataloguée "diva" : "Certains réalisateurs se font l'idée que ça va être compliqué de travailler avec elle"
Actrice incontournable de la scène française, Isabelle Adjani est à l'affiche de "Diane de Poitiers", ce lundi 7 novembre 2022 sur France 2. Au fil des années, la comédienne a gagné une réputation de diva, que ce soit auprès du grand public comme des professionnels du cinéma et de la télévision. Une réputation méritée pour certains, et totalement usurpée pour d'autres. Mais d'où vient-elle au juste ?
En janvier 2020, Isabelle Adjani était épinglée par l'Opéra de Sydney alors qu'elle avait choisi d'annuler sa venue. À l'époque, le pays était ravagé par des incendies, et la comédienne avait refusé de s'exposer aux fumées toxiques. Ce désistement de dernière minute avait entraîné une sortie de Jean-Marie Bigard dans les "Grosses Têtes". L'humoriste avait alors affirmé : "Moi je la connais un petit peu Isabelle. C'est la terreur des assureurs. Par exemple, pour un film, si elle a un bouton sur le nez, elle ne tourne pas pendant dix jours." Une phrase qui n'a pas surpris grand monde tant l'actrice a la réputation d'être une diva.
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Une réputation créée au Festival de Cannes
Isabelle Adjani est connue pour avoir interprété des personnages éthérés, un peu fantasques, qui ont déteint sur sa réputation. Preuve en est le sketch de Florence Foresti, "Je ne suis pas folle, vous savez", à son sujet. Mais la comédienne est aussi exigeante en interviews. Très attachée à sa vie privée, elle a toujours refusé clairement de répondre à certaines questions. Une attitude qui paraît tout à fait normale en 2022, mais qui l'était nettement moins à ses débuts, et qui avait énervé bon nombre de journalistes et de paparazzi.
En 1983, il y a près de 40 ans de cela, Isabelle Adjani se rend au Festival de Cannes pour présenter le film "L'été meurtrier", de Jean Becker. À l'époque, la jeune comédienne est la coqueluche de la France, et se retrouve traquée en permanence par les paparazzi. Pour les éviter, sur la Croisette, elle se cache derrière un parapluie, raconte le site Mondo Ciné. Seuls quelques photographes triés sur le volet ont l'autorisation de la photographier, après avoir signé un contrat d'exclusivité.
Jaloux, les autres décident d'organiser un boycott : lorsqu'elle monte les marches du Palais des Festivals pour présenter le long-métrage, tous posent leur appareil au sol et lui tournent le dos, la laissant gravir les escaliers dans le silence. Dans les colonnes de Paris Match, en 2017, elle avait évoqué cet incident : "Ils étaient vraiment mécontents, et j'ai servi leur cause à mon insu. Quand ils ont décidé de faire cette petite grève en déposant devant moi leurs appareils photo, c'était un coup d'éclat provoqué pour faire valoir leurs revendications, en misant sur l'otage parfaite, celle qui a toujours fui les paparazzi." Un moment qui l'a toutefois laissée "en état de choc" et la fait fondre en larmes à son retour à l'hôtel, le soir : "J'ai craqué comme les petites filles injustement punies quand on les forçait à poser sur la photo de famille."
Quelques années plus tard, une rumeur affirme qu'elle est atteinte du sida. Depuis, elle n'accorde d'interview que si elle peut les relire avant parution : "Après la rumeur, je me suis dit qu'on me devait ça, que ma parole m'appartenait. Tout m'avait tellement échappé que j'ai eu besoin de reprendre ce qui était à moi : mon corps, ma parole", justifiait-elle dans un entretien accordé au Parisien.
Isabelle Adjani, une actrice qui divise
Outre son attitude avec les journalistes, c'est aussi sur les plateaux de tournage qu'Isabelle Adjani a gagné la réputation d'être une véritable diva, aux exigences difficiles. Récemment, c'est la réalisatrice Philomène Asposito, à qui l'on doit le film "Toxic Affair", qui a fait des révélations sur la comédienne, à l'antenne de BFMTV : "Je n'ai strictement aucun bon souvenir. Je ne peux parler qu'avec horreur de ce qui m'est arrivé. Adjani était atroce. Les producteurs étaient atroces. J'ai été dépossédée de mon film, de mon scénario, de tout. Ils ont détruit ma carrière cinématographique."
La réalisatrice n'est pas entrée dans les détails de l'attitude d'Isabelle Adjani. Mais au fil de la carrière de cette dernière, d'autres ont pris la parole pour au contraire affirmer qu'elle était la douceur incarnée. C'est le cas de Florence Foresti, contactée par celle qu'elle a souvent parodié sur scène : "Elle m'a téléphoné même, quand elle a vu le sketch. Et moi j'étais à la maternité, donc elle m'a laissé un message (...) C'était très tendre et très intelligent." De son côté, le producteur Dominique Besnehard reconnaissait dans les colonnes du Parisien que "certains réalisateurs se font l'idée que ça va être compliqué avec Isabelle." Une réputation "fantasmée", selon le principal intéressé. Pour preuve : de nombreux réalisateurs, acteurs et même techniciens ayant eu l'occasion de travailler avec elle affirment avoir reçu de très beaux cadeaux de sa part, et la décrivent comme une personne "aimante", "facile" et "généreuse".
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Aujourd'hui encore, elle cultive un personnage
40 ans à avoir la réputation d'une diva n'ont pas changé les habitudes d'Isabelle Adjani, qui exige toujours qu'on respecte son droit à une vie privée, et à juste titre. Résultat, ses rares apparitions se font souvent avec un grand chapeau et des lunettes de soleil. Des accessoires dont elle avait justifié l'utilité dans les colonnes de Télé Star, mi-humoristique, mi-sérieuse : "Mon chapeau c'est parce que j'ai toujours l'impression que le ciel va me tomber sur la tête, comme Obélix, c'est mon côté gaulois ! Les lunettes c'est plus atavique. Cela me vient de mon père et de cette croyance que l'on vous pique un petit bout d'âme à chaque fois que l'on vous prend en photo."
Au Parisien, en 2018, elle affirmait déjà : "On n'a jamais emmerdé Jack Nicholson ou les rappeurs avec leurs lunettes ! J'ai commencé à mettre des lunettes de soleil moches à 14 ans. C'est une façon de rester dans mon monde." De se protéger, aussi, contre la "violence" des photos : "Ce n'est pas pour rien qu'on dit que l'objectif mitraille. Moi, ça me fiche la trouille." Plus qu'une diva, Isabelle Adjani est surtout une femme discrète, victime de misogynie pour avoir tenu à contrôler son image. Une attitude contraire à ce que l'on attendait d'elle...
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