"J'ai toujours menti à ma famille sur mes fréquentations amoureuses" : le témoignage de Rahma sur le tabou des couples mixtes

"Je suis une femme d'origine maghrébine. J'ai l'impression que si je parle du sexisme qu'il y a dans ma famille, ça donne du grain à moudre à des hypothèses racistes. Et donc, j'ai l'impression que ma parole aussi est muselée."

Rahma Adjadji, journaliste, raconte dans son livre Nous, Les Transgressives, son expérience de femme qui a grandi dans une famille maghrébine et dissimule sa vie sentimentale à cette dernière. Dans cette enquête, elle interroge d'autres femmes de la même origine sur la nécessité de mentir.

Depuis le lycée, la jeune femme ment sur ses fréquentations, qu'elles soient amicales ou sentimentales et cela dure depuis plus de 12 ans : "Je cache à mes parents le fait que je suis avec un homme blanc, d'origine non-musulmane." Pour Rahma, il existe un véritable tabou dans la culture maghrébine autour du fait d'être en couple avec un homme non-musulman : "C'est un interdit dans lequel j'ai grandi, qui n'était pas formulé clairement, mais je l'ai bien vu."

Rahma, elle, a grandi dans une double culture : celle de ces parents immigrés du Magheb et celle de son pays occidental. Des codes qu'elle juge contradictoires et qui ont entrainé une certaine honte de ses origines : "Je voulais être blanche, comme mes copines".

Elle raconte une anecdote illustrant cette interdiction. Lorsqu'un cousin de son père épouse une femme blanche : toute la famille se rend au mariage. En revanche, lorsqu'une cousine de sa mère se marrie avec un homme blanc non-musulman, le père de Rahma refuse (...)

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