Le Marrakech du rire : ce drame qui a mis en péril la toute première édition du festival de Jamel Debbouze
Ce mardi 19 juillet 2022, M6 diffuse Le Marrakech du rire. Pour célébrer le dixième anniversaire de son célèbre festival, Jamel Debbouze a fait les choses en grand. Il faut dire que, dix ans auparavant, l’humoriste a traversé une période douloureuse qui a précédé de quelques semaines le lancement de son projet au Maroc...
Retour en 2011. À cette époque, Jamel Debbouze est déjà l’immense humoriste que l’on connait. Très attaché à ses racines, le Franco-Marocain décide, avec son frère Karim, de se lancer dans un projet d’envergure : un festival d’humour en plein coeur de Marrakech et retranscrit sur les chaines de télévision françaises, mais pas que. Si au fil des années le festival est devenu l’un des rendez-vous incontournables des humoristes et autres célébrités prestigieuses qui se bousculent pour avoir des places dans le public, la toute première édition du Marrakech du rire s’est jouée dans un contexte tendu.
Vidéo. Le Marrakech du rire 2022 : ce qu'il faut savoir sur le programme
Un attentat en plein coeur de Marrakech
Nous sommes le 28 avril 2011. Une journée comme toutes les autres à Marrakech où badauds, touristes et locaux se bousculent sur la place Jamâa El-Fna, l’un des joyaux de la ville ocre. Mais tout bascule en une fraction de secondes. Là, dans le café Argana, l’un des plus fréquentés de la place, un attentat fait 17 morts et 20 blessés. Le Maroc est touché en plein coeur. Dix ans plus tard, Jamel Debbouze est revenu sur ce tragique évènement dans un entretien accordé à Télé-Loisirs. À cette époque, l’humoriste préparait la première édition du Marrakech du rire, et se souvient du sentiment de peur qui s’est emparé de tous et toutes : "Tous les artistes avaient peur de venir, mais les copains m'ont suivi, comme Gad Elmaleh, Omar Sy, Florence Foresti et Zinedine Zidane."
Un souvenir douloureux pour l’humoriste qui était d’ailleurs à Marrakech le jour de l’attentat, comme il le confiait au micro d’Europe 1 en 2011 : "J’étais atterré, effondré. Cet acte est horrible. Surtout que tu ne peux pas lutter contre des ennemis invisibles. Ce sont des lâches, qui frappent en traîtres et qui ne nous donnent pas l'opportunité d'écouter et d'avancer. L'Argana, c'est le café où je vais le plus souvent, c'est là que j'emmène tous mes amis. Mon frère y était un quart d'heure avant l'explosion. Evidemment que ça m'a bouleversé." Très préoccupé par le devenir du Maroc, Jamel Debbouze avait tenu à se montrer rassurant : "J'ai envie de dire à tous les gens normalement constitués, bienveillants, intelligents, de continuer à aller au Maroc, de ne pas annuler les réservations, de continuer à faire comme si de rien n'était. C'est un accident, il ne faut pas sanctionner pour autant les Marocains et le Maroc."
C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles Jamel Debbouze avait maintenu la toute première édition du Marrakech du rire, préférant donner une réponse d’humour et de vie à l’obscurantisme : "Si j'avais annulé ce festival, je m'en serai voulu. J'ai envie de continuer à faire marrer les gens et à faire bouger les mentalités, même si ça peut paraître prétentieux. Ce n'est pas une question de confiance ou pas dans le Maroc. Je suis issu de ce pays, ce sont les Marocains qui m'ont permis d'une certaine manière d'écrire mon histoire. Et ce n'est même pas pour leur rendre la pareille ce festival, c'est parce que je me sens bien à Marrakech. Mon ambition, c'est de créer des emplois et de lancer des artistes, de faire en sorte que ce festival soit pérenne. Et surtout on espère, comme pour Rio de Janeiro et son carnaval, avoir toute une ville en ébullition toute l'année, pour vivre ce moment" espérait-il en 2011. Des paroles prophétiques…
Des humoristes sous le feu des critiques
Car en effet, depuis cette première édition, Le Marrakech du rire est devenu LE festival incontournable de l’été. Si des millions de téléspectateurs le suivent chaque année, beaucoup espèrent y assister en chair et en os et n’hésitent pas à débourser de grosses sommes d'argent pour s’y rendre. Sur scène, le show est assuré chaque année par les humoristes de tous horizons, formés ou pas à l’école Jamel Debbouze. "Je mets tout l'été à m'en remettre. On prépare ce spectacle pendant six mois, on le joue une seule fois dans nos vies, c'est tellement éphémère que c'est intense" a-t-il confié récemment dans un entretien à Télé-Loisirs. Et malheureusement, comme tout évènement d’envergure, les critiques sont aussi au rendez-vous. Mais certaines sont plus difficiles à encaisser que d’autres, surtout lorsqu’elles proviennent du public.
Chaque année, les oiseaux de Twitter s’en donnent à coeur joie et dézinguent les prestations de certains humoristes présents au Marrakech du rire. "Aujourd’hui, tout est décortiqué, car tout est sur la place publique. Tout le monde donne son avis et peut critiquer. Moi, je n'y accorde pas d'importance, ça ne restreint pas mon espace de liberté. Mais la nouvelle génération est plus frileuse, elle se nourrit de ce qu'on dit sur les réseaux. C'est parfois tellement violent et injuste. Certains se sont fait sécher par des tweets et ont du mal à revenir" déplore Jamel Debbouze.
Vidéo. La Minute de Jamel Debbouze
Lui-même en sait quelque chose. En plusieurs années de carrière, il a souvent été au coeur des critiques acerbes d’un public tantôt en admiration, tantôt en désamour. En 2019, sa prestation au Zénith de Lille pour son spectacle "Maintenant ou Jamel", retranscrite en direct sur M6, avait provoqué les railleries des internautes. Et ça, Jamel Debbouze ne l’a pas oublié, comme il l’a confié au Parisien : "J’ai été un peu échaudé à ma dernière prestation. Ça m’avait touché parce qu’on avait fait une tournée extraordinaire. Le jour où le spectacle sera mauvais, je serai le premier à le savoir. Je ne vais pas attendre après poupoune89 ou je ne sais quel troll sur Internet" a-t-il lancé. Et de conclure : "Ça m’a fait mal. C’est encore à vif. Mais quand je suis remonté, que j’ai senti les gens vibrer et rire, je me suis rappelé qu’ils n’étaient que quelques-uns..."
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