Dame Joan Collins : le documentaire sur la star de Dynastie éclaire sur la culture du viol à Hollywood
Le documentaire "Dame Joan Collins" disponible sur le site de la chaîne Arte, revient sur le parcours de Joan Collins, la star de la série Dynastie. L’actrice britannique, qui a fêté ses 90 ans cette année, a brûlé sa vie avec une détermination et un progressisme révolutionnaires pour l’époque. Dans ce documentaire sous forme de portrait, Dame Joan Collins raconte son premier mariage à la suite d'un viol, le sexisme féroce d'Hollywood et sa tentative de viol par un producteur phare de l’époque : Darryl F. Zanuck.
À première vue, un documentaire sur une star de la série Dynastie n’a pas de quoi allécher les plus engagés d'entre nous. Pourtant, le portrait sur Joan Collins, anoblie en 2015 par le Roi Charles et devenue dès lors "Dame Joan Collins", raconte le parcours d’une femme libre, totalement en avance pour son époque, qui a dû affronter les obstacles posés par une société patriarcale.
Sans le savoir, elle collectionnait les images de son violeur
Celle qui a longtemps interprété le rôle d'Alexis dans la série à succès Dynastie se raconte par le début. Elle se remémore avec émotion ses premiers pas sur les bancs de l'école et cette fascination qu'elle avait déjà pour les stars de cinéma. Joan Collins cachait sous son pupitre les images de ses acteurs préférés.
En grandissant, elle rêve de devenir une "actrice très sérieuse du théâtre britannique". L'adolescente s’inscrit à la prestigieuse école d’Art dramatique de Londres. Son physique filiforme est repéré par un agent, désireux de la propulser au cinéma. L'Anglaise cède au confort qu'offre le 7ème art et les cachets gagnés au cinéma lui font tourner le dos au théâtre : "C’était triste, mais c’était la meilleure décision que j’ai prise de toute ma vie."
Ses premiers pas dans le monde du cinéma signent sa rencontre avec Maxwell Reed, l'une des grandes stars dont elle collectionnait les images. Alors, lorsque ce dernier l'invite à sortir, elle accepte sans réfléchir. "Il avait 33 ans, j’en avais 17 et j’étais vierge". Au cours de sa première sortie avec l’acteur, Joan Collins subit un viol. "À l’époque, ma mère aurait dit qu’on avait profité de moi. Aujourd’hui, on appelle ça un viol."
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Le documentaire fait volontairement apparaître une intervention télévisée datée dans laquelle la présentatrice expose un tableau sombre : "Quand elle était jeune, Joan Collins était avec un homme qui l’a battue, droguée et violée. Comment elle s’est vengée ? Elle l’a épousé." Cet extrait expose toute l’atrocité d’une époque qui, pendant trop longtemps, a banalisé la culture du viol.
À 17 ans, après avoir été violée lors de son premier rapport sexuel, Joan Collins est forcée d'épouser son bourreau : "Notre couple donnait l’image du bonheur mais moi j’étais désespérée."
Le salut vient de Rome. Joan Collins enchaîne les rôles à succès au cinéma et est repérée par le réalisateur américain Howard Hawks. La comédienne s’enfuit dans la capitale italienne pour tourner "La terre des pharaons". Pour Joan Collins, ce voyage signe le début de son indépendance, loin de l’influence morbide de son bourreau.
Et ce n’est pas tout, le vent de la légèreté qui souffle alors sur sa vie la propulse jusqu’aux Etats-Unis. Grâce à sa détermination, Joan Collins parvient à négocier un contrat de 1200 euros par semaine avec un mastodonte, la Fox, qui lui offrait initialement 350 euros : "Je ne voulais pas me faire passer pour une actrice "bon marché"." Joan Collins fait partie de la dernière génération d’acteurs à être prise "sous contrat". La société de production lisse son image de "petite londonienne débraillée en jeans et col roulé" et la transforme en icône glamour.
"Il m'a couru après et m'a plaquée contre un mur"
Son arrivée à Hollywood la plonge dans les affres d’un système véreux et masculiniste. Le directeur de la Fox de l'époque, Darryl F. Zanuck, tente de la violer dans les couloirs. "Il m'a couru après dans un couloir et m’a plaquée contre le mur, comme un insecte que l’on épingle sur une planche en gueulant : 'Il te faut un homme poupée, un vrai.' Heureusement, un maquilleur est arrivé et j’ai pu m’échapper".
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De cet évènement, l’actrice tire une conclusion glaçante : "Je suis une survivante. J’ai survécu au fait d’être une jeune femme dans un métier où quasiment tous les hommes étaient des prédateurs ." Au milieu des années 50, lors d'une fête, elle rencontre par hasard "une blonde quelconque" dont l’audace ne manque pas de l’interpeller. "Elle était seule au bar, sans soutien-gorge sous sa robe en maille" souligne-t-elle. Joan Collins rencontre "la plus grande star du monde", Marylin Monroe, dont le destin funeste éclaire sur la dureté d’une industrie qui érige la femme "en morceau de viande". Marylin Monroe la met en garde sur les dirigeants de la Fox, "les plus dangereux" selon ses dires.
Le documentaire, qui célèbre l’essence résolument précurseuse de Joan Collins, souligne de façon anecdotique qu’elle sera l’une des premières femmes à être poursuivies en justice pour le versement d’une pension alimentaire à son premier mari, Maxwell Reed. Joan Collins doit verser 1250 dollars par mois à son ex-époux. Finalement, l'acte de se séparer de son violeur lui coûtera 10 000 dollars. "J’ai dû payer son avocat et lui donner tout l’argent que j’avais à la banque."
Le divorce signe pour elle le début d’une vie "où j’ai toujours fait ce qu’il me plaisait". Joan Collins revient sur les nombreux hommes qui ont partagé sa vie. "J’étais une monogame en série. Toujours fidèle à un seul homme, l’un après l’autre" s’amuse-t-elle. L’actrice se marie 5 fois au cours de sa vie et se délecte de son penchant pour les hommes plus jeunes. À l’instar de sa cinquième et dernière union avec Percy Gibson, de 32 ans son cadet. Elle a alors 68 ans. Joan Collins confie que l’âge était le cadet de leurs soucis et se réjouit d’avoir enfin trouvé son âme soeur.
"À condition d’accepter un peu de nudité"
Après plusieurs mariages et trois maternités, Joan Collins est au point mort dans sa carrière. À l’aube des années 80, elle accepte de jouer dans un film, The Stud/The Bitch, un titre évocateur dans lequel elle se dévoile partiellement nue. Elle a alors 45 ans et provoque une onde de scandale. Sans le savoir, l’actrice en découd avec l’âgisme de la société. "J’ai dû faire face à une onde de colère. Comme si une femme de plus de 40 ans, à moitié nue, était quelque chose de réellement choquant."
Peu de temps après, en 1983, Joan Collins pose pour Playboy. À l’époque, elle explique avoir posé dans le magazine érotique pour revendiquer son "féminisme". "C’était une façon pour moi de dire : 'Regardez, je n’ai pas besoin d’avoir 23 ans pour poser dans Playboy.' On peut être attirante et sexy même en étant plus âgée. Les femmes sont terrorisées à l’idée de vieillir. Je trouve ça vraiment affreux." Une prise de parole salutaire à l’époque, même si Joan Collins avoue aujourd’hui qu’elle a accepté de poser pour Playboy en raison du cachet faramineux qui lui a été proposé...
Le documentaire "Dame Joan Collins" est disponible sur la plateforme d'Arte jusqu'au 31 août.
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