Julia de Funès : "Authenticité, confiance et bonheur sont le travail d’une vie"

Philosophe, essayiste et conférencière, la petite-fille de Louis de Funès s’interroge sur l’estime de soi et la quête d’une vie réussie. Dans ses ouvrages, elle décortique les idées préconçues, convoque l’Histoire et les grands penseurs pour nous faire prendre de la hauteur. Rencontre chez elle, sur la Côte fleurie.

Paris Match. Vous faites dans vos livres l’éloge du “temps long”. C’est ce que vous vous accordez pour vous ressourcer à Deauville ?
Julia de Funès. Cette ville est ma madeleine de Proust, j’y viens depuis que je suis enfant. Mon père était pilote de ligne, j’ai beaucoup voyagé grâce à lui, mais je ne suis jamais mieux qu’ici. J’ai besoin d’admirer cette mer normande et sa nature pour me nourrir l’esprit. Le “temps long” ne signifie pas que je suis lente. Je pense qu’il faut alterner les différents rapports au temps, celui d’un rythme cadencé et dicté par les horloges et celui de la construction de soi. Aujourd’hui, on cherche l’immédiateté : être heureux en cinq séances grâce à un coach, être soi-même en trois semaines, avoir confiance en soi en dix leçons… Cela est risible, car l’authenticité, la confiance ou le bonheur sont le travail d’une vie. Ce que j’appelle le “temps long” est le seul temps qui permet de se construire. Nietzsche à qui l’on doit la phrase “Deviens ce que tu es” écrivait aussi “Qui veut être éclair doit rester longtemps nuage”.

Dans votre livre “Développement (im)personnel”, vous avez décrypté ces coachs qui promettent une vie heureuse en quelques séances. Vous les appelez des “tartufes”, des “charlatans”, des “imposteurs”. Que leur reprochez-vous ?
Je leur reproche d’embrigader l’autonomie et la liberté de l’individu. Quand on est perdu dans sa vie, c’est bien réconfortant de trouver un livre comme une sorte de kit comportemental qui vous explique comment avoir confiance en soi en quelques actions quotidiennes et qui vous donne des exercices à faire pour trouver l’harmonie intérieure. Cela rassure, mais le paradoxe est de prôner une recette uniforme. Où est l’aspect personnel ? Ils flattent(...)


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