L'édito de ELLE : « Temps de haine » par Marion Ruggieri
L'édito de la semaine.
Elle a 98 ans. L’oeil vif, le pas un peu incertain, la repartie et la gouaille intactes. Ces dernières semaines, elle a sillonné les écoles, comme à son habitude, pour raconter son histoire : celle d’une jeune fille juive rescapée de Birkenau. Ginette Kolinka a appris ce qu’il s’était passé en Israël le 7 octobre par un neveu. Les exactions, les atrocités, les femmes, les enfants, les bébés… Les représailles, la vengeance. La haine qui appelle la haine. C’est justement de ça qu’elle parle aux élèves de troisième, qui ont la Seconde Guerre mondiale et la Shoah au programme : « la haine ». Ginette Kolinka est l’une des dernières à pouvoir encore témoigner de ce passé. Elle le fait inlassablement pour dire que ça a existé – elle en est la preuve (sur)vivante – et dans l’espoir que d’autres paroles ne viennent pas effacer la sienne.
Depuis ce jour, le 7 octobre, elle s’est préservée en évitant de trop regarder les informations. En se refusant à parler politique, partisanerie, récupération. En continuant à raconter son histoire à des élèves qui ont désormais la guerre dans leur portable, à portée de main. Un flot ininterrompu d’images souvent insoutenables, parfois trafiquées, qui les percutent, comme elles nous percutent, toute la journée. Sans filtres, sans intermédiaires. Que dire ? Que faire ? Elle redoute la surenchère, que ce conflit israélo-palestinien sans fin et débordant ne s’installe ici. Alors,...
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