La dermatillomanie : qu'est-ce que c'est et comment s'en débarrasser ?

Vous vous grattez certainement… On le fait tous, qu'il s'agisse de gratter une croûte déplaisante ou de tirer sur une envie gênante près des ongles. Cependant, vous pourriez souffrir de grattage compulsif également appelé dermatillomanie si vous grattez fréquemment votre peau sans parvenir à résister à vos pulsions, même lorsque cela est douloureux et que votre peau finit par être abimée, coupée ou gonflée.

Qu'est-ce que la dermatillomanie ?

D'après Eliza Burroughs, psychothérapeute certifiée à CBT Associates (CBT : thérapies cognitivo-comportementales) à Toronto, la dermatillomanie est un trouble pathologique qui pousse à se gratter la peau caractérisé par un grattage régulier de la peau qui l'abime et entraine des lésions. Ce trouble affecte un à cinq pourcents de la population.

Les personnes diagnostiquées ont déjà tenté en vain et à plusieurs reprises d'arrêter ou de diminuer le grattage et ont ressenti une détresse ou des troubles importants des suites de ce grattage ; elles passent généralement plus d'une heure par jour à se gratter, à penser à l'idée de se gratter et à résister à l'envie de se gratter.

« Les zones généralement grattées incluent le visage, les bras et les mains, mais tout le corps est concerné », précise E. Burroughs. Et cela inclut la peau en bonne santé, les petites irrégularités, les lésions ou les croûtes. Le grattage peut s'effectuer à l'aide des doigts ou d'outils comme une pince à épiler ou une épingle, et le résultat peut pousser la personne à ne pas oser montrer sa peau en public.

Les femmes sont particulièrement touchées par cette maladie. En effet, environ 75 % des personnes atteintes de ce trouble seraient des femmes, d'après E. Burroughs.

« On ne sait pas pourquoi, mais cela pourrait refléter une attitude vis-à-vis des traitements basée sur le sexe ou les attitudes culturelles plutôt qu'une différence biologique sous-jacente entre les sexes », explique-t-elle. « Il est possible que les hommes soient davantage embarrassés à l'idée de se faire soigner pour un problème de santé mentale ou un problème lié à l'apparence ».

Pourquoi les individus se grattent-ils la peau ?

Les causes de la dermatillomanie ne sont pas vraiment claires et sont probablement liées à plusieurs facteurs, comme c'est le cas de la plupart des maladies de santé mentale. La génétique, le fonctionnement mental, la régulation des émotions et les facteurs environnementaux ont tous un impact.

« La dermatillomanie pourrait être liée à certains états psychiques, comme le stress, l'ennui, la fatigue, l'énervement », explique-t-elle. « Le grattage peut également se produire lorsque les individus sont trop ou pas assez stimulés ».

D'après E. Burroughs, le grattage pourrait être « automatique » pour certains individus, un comportement adopté sans vraiment s'en rendre compte. Au contraire, le grattage « volontaire » peut également se produire.

« Une irrégularité de la peau spécifique peut être ciblée et la personne peut ressentir une certaine tension en essayant de résister ou de retarder le grattage, avant de ressentir un soulagement en assouvissant ce désir », explique-t-elle.

Que faire si l'on est atteint de dermatillomanie ?

Il est essentiel de comprendre que plusieurs solutions sont disponibles. De nombreux médecins, psychiatres, psychologues et dermatologues sont spécialisés et proposent des traitements, comme E. Burroughs. Elle fournit ainsi des soins de thérapies cognitivo-comportementales (CBT) à ses patients qui souffrent de cette maladie.

« Cela inclut des entraînements pour inverser ses mauvaises habitudes ainsi que la psychoéducation et des stratégies qui ciblent les pensées et les comportements associés à la dermatillomanie », explique-t-elle.

Il n'existe actuellement aucun médicament spécifiquement approuvé pour traiter la dermatillomanie mais certaines études pharmacologiques sur la dermatillomanie se sont penchées sur les types de médicaments utilisés pour traiter les TOC ou autres comportements répétitifs corporels comme la trichotillomanie (l'arrachage compulsif des cheveux), explique E. Burroughs. Elle recommande tout de même de consulter un médecin ou un psychiatre avant de prendre la moindre décision.

Burroughs partage également plusieurs manières pratiques de contrôler l'envie de se gratter, si la thérapie ou les médicaments ne semblent pas être l'option idéale dans votre situation :

1.) Ciblez la sensation différemment. Si votre peau vous gratte, servez-vous par exemple d'une brosse et frottez-la délicatement contre votre peau

2.) Faites en sorte que vos doigts ne commencent pas automatiquement à gratter votre peau. Liez vos doigts ou portez des gants dans certaines situations à haut risque (comme lorsque vous regardez la télévision par exemple)

3.) Optez pour une alternative (en adoptant un comportement qui empêche pratiquement complètement de se gratter). Serrez les poings, faites du tricot, dessinez…

4.) La pleine conscience et la méditation peuvent vous aider à contrôler vos envies irrépressibles en prenant conscience de l'envie, des sensations physiques et des pensées qui y sont associées.

5.) Renseignez-vous sur les techniques de relaxation et de respiration, et la relaxation musculaire progressive

6.) Faites de l'exercice régulièrement

7.) Adoptez un mode de vie équilibré et de bonnes habitudes en matière de sommeil et d'alimentation

8.) Demandez à un ami ou à un proche de vous aider à définir des règles. Ils peuvent par exemple être autorisés à vous donner une petite tape lorsqu'ils remarquent que vous vous grattez mais n'ont pas le droit d'attraper votre main. Il existe différentes méthodes. Un individu pourrait préférer une approche délicate alors qu'un autre préfèrera qu'on lui retire la main directement.

Shelby Morton, Blogueuse Lifestyle