Les femmes portent des talons et du maquillage au travail car elles se sentent poussées à être « sexy »
Plus tôt cette année, nous avions rapporté l’histoire de cette femme qui avait été renvoyé chez elle car elle ne portait pas de hauts talons au travail. Une fois le choc d’une telle révélation passée, nous avions rapporté cette histoire, véritable régression dans la lutte pour l’égalité des sexes. Malheureusement, il semblerait que ce genre de mésaventure ne soit pas si anodin, en effet, une recherche récente vient de révéler qu’il était généralement demandé aux femmes de porter du maquillage, des talons hauts et des mini-jupes sur leur lieu de travail. On a comme un doute, mais on est bien en 2016, non ?
Une étude récente a révélé que les femmes se sentaient poussées à s’habiller d’une certaine façon au travail. [Photo : stokpic.com via Pexels]
D’après une étude réalisée sur 2 000 employés et mandatée par les avocats du travail de Slater et Gordon, 86 % des femmes disent se sentir poussées à être « plus sexy » afin de protéger leurs carrières.
7 % des femmes rapportent également que leurs patrons leur ont déjà demandé de porter des talons hauts au bureau ou lors d’un rendez-vous client car cela les rendrait « plus attirantes ». Super !
L’enquête révèle donc que le sexisme au travail est toujours d’actualité, 28 % des femmes affirment qu’il leur a déjà été dit que le changement de leur apparence « serait meilleur pour l’entreprise », et 13 % d’entre elles ont décidé de plus exposer leur corps au travail après que plusieurs employés expérimentés leur aient suggéré de rendre leur apparence un peu plus sexy.
Il a été dit aux femmes de porter plus de maquillage sur certains lieux de travail. [Photo : kaboompics.com via Pexels]
19 % des femmes affirment avoir ressenti plus d’attention de la part de leurs patrons et collègues masculins concernant leur apparence.
En revanche, 54 % des hommes ont déclaré que leur apparence n’avait jamais été commentée au travail, et seulement 3 % d’entre eux ont affirmé que des collègues expérimentés leur avaient déjà demandé de s’habiller plus élégamment, toutefois, certains hommes expliquent qu’il leur a également été demandé de raser des cheveux teints, de retirer certains bijoux et de couvrir des tatouages visibles.
Et les femmes subiraient également d’autres pressions, moins tangibles, sur leur lieu de travail. 52 % d’entre elles ressentent que le port d’une même tenue est désapprouvé, et 37 % disent ressentir le fait qu’elles doivent régulièrement « rafraîchir » leur garde-robe.
Concernant les résultats, Josephine Van Lierop, avocate du travail chez Slater et Gordon, a déclaré : « Les résultats de cette enquête sont extrêmement décevants, mais pas surprenants ».
« Bien trop d’employeurs pensent encore qu’il est normal de faire des remarques ou des commentaires à propos de l’apparence d’une femme ».
« Cette sorte de sexisme est très répandue dans le monde du travail – en particulier dans certains secteurs comme les services financier, l’hôtellerie et la Ville ».
L’actuelle loi du travail au Royaume-Uni indique qu’un code vestimentaire peut être mis en place, mais il est généralement imposé pour des raisons de santé ou de sécurité, ou encore pour promouvoir une certaine image, comme par exemple l’intelligence et l’efficacité. Nous sommes quasiment certaines que porter des talons et du rouge à lèvres n’aura aucune incidence sur la sécurité au bureau, et cela ne devrait pas avoir d’impact sur notre capacité à faire notre travail.
« Un code vestimentaire ne doit pas être discriminatoire envers des motifs protégés tels que le genre ou les convictions religieuses, et les employés lésés ont le droit de faire des ajustements afin d’atténuer un désavantage », explique Josephine Van Lierop.
D’après certains employeurs, les talons sont un plus. [Photo : Getty]
Plus tôt cette année, Nicola Thorp, la femme renvoyée chez elle pour avoir porté des chaussures plates au bureau, a affirmé que les demandes des employeurs concernant l’apparence de leurs employées étaient discriminatoires. Sa pétition officielle visant à rendre illégal le fait d’imposer le port de talons hauts aux femmes sur leur lieu de travail a reçu plus de 150 000 signatures, et elle a été entendue au Parlement en Juin par le Women and Equalities Committee.
Pour finir, Portico, l’agence qui l’avait placée comme réceptionniste temporaire dans un cabinet de la ville, a accepté de revoir sa politique vestimentaire, et aujourd’hui, Nicola tourne son attention vers les entreprises qui imposent aux femmes de porter du maquillage.
« Un employeur stipulant aux femmes qu’elles doivent porter du maquillage – quel message cela renvoie-t-il aux femmes ? », a-t-elle dit au Telegraph.
« J’avais d’abord décidé de me concentrer sur les talons car cela est clairement discriminatoire et cela provoque des douleurs aux femmes. Mais il y a également des questions à se poser sur le fait d’imposer le maquillage aux femmes sur leur lieu de travail ».