Les médecins parviendront-ils un jour à traiter l'obésité en « zappant » le cerveau des patients ?

Et si la solution pour lutter contre l’obésité n’impliquait ni régimes ingérables, ni opérations dangereuses pour la santé ? Et si nous pouvions simplement enfiler un casque qui « zappe » le cerveau ? Nous n’en sommes pas encore arrivés là, mais une nouvelle étude réalisée en Italie explique comment cela pourrait fonctionner et précise la raison étonnante potentiellement à l’origine du succès de cette technique.

Et si vous pouviez devenir mince en un « zap » ? (Photo : Getty Images)
Et si vous pouviez devenir mince en un « zap » ? (Photo : Getty Images)

L’appellation technique de ce zap cérébral est « stimulation magnétique transcrânienne profonde (TMS) », une technique non invasive actuellement employée pour traiter les patients qui souffrent de dépression et de dépendances. Un système électromagnétique à l’intérieur d’un casque envoie des impulsions aux cellules nerveuses afin de stimuler la libération de neurotransmetteurs. Le cortex préfrontal est ciblé par cette stimulation dans le cas des dépendances, encourageant la libération de dopamine, le produit chimique qui nous récompense par l’intermédiaire du plaisir. Livio Luzi, MD (docteur en médecine), professeur et chef en endocrinologie à l’IRCCS Policlinico San Donato et à l’Université of Milan, a mené des recherches afin de déterminer si la TMS profonde pourrait un jour traiter l’obésité en tant que dépendance à la nourriture. La technique a fonctionné, mais d’une manière qui a surpris son équipe.

« Le traitement est plutôt court ; il dure cinq semaines pour 15 sessions, mais nous avons constaté chez nos patients que l’effet [dans le groupe traité] était vraiment durable », a confié L. Luzi à Yahoo Beauty. « Six mois plus tard, et même 12 pour certains, les patients continuent de manger moins et de perdre du poids ».

Ces résultats ont encouragé L. Luzi à réaliser une étude complémentaire plus petite afin de découvrir pourquoi les effets duraient de cette manière. Les chercheurs ont réparti 14 patients cliniquement obèses (trois hommes et 11 femmes) âgés de 22 à 65 ans en deux groupes. L’un des groupes a reçu des traitements de stimulation magnétique transcrânienne profonde d’une demi-heure trois fois par semaine pendant cinq semaines, tandis que les autres patients ont reçu un placebo. Au bout de cinq semaines, les patients qui avaient reçu les traitements avaient perdu environ 3 % de leur poids et 4 % de leur masse grasse, beaucoup plus que le groupe de contrôle.

Les nombreuses mesures prises auprès des patients ont permis de révéler une information importante : les matières fécales du groupe soigné indiquaient que leur microbiote intestinal contenait plus de bactéries saines associées à des propriétés anti-inflammatoires et à la réduction de l’appétit. Ces zaps du cerveau auraient donc directement modifié le microbiote intestinal des patients.

Luzi précise qu’il s’agissait uniquement d’un très petit groupe de test, et que d’autres hypothèses potentielles pourraient expliquer la perte de poids durable des patients. Il est possible que, suite à la perte de poids initiale liée à la stimulation magnétique transcrânienne profonde, les sujets soient devenus plus actifs, pouvant désormais bouger plus facilement. La stimulation pourrait également avoir entraîné un changement plus permanent des connexions neuronales des sujets, un autre phénomène fascinant appelé plasticité neuronale. Mais pour l’instant, les preuves penchent davantage vers ce que les scientifiques appellent « l’axe intestin-cerveau ».

Luzi présentera ses résultats préliminaires au cours d’une réunion de l’Endocrine Societyà Orlando dimanche. Lui et son équipe cherchent à décrocher des subventions afin de réaliser l’expérience sur des populations plus importantes.

La stimulation magnétique transcrânienne profonde, qui ne présente que très peu d’effets secondaires (5 à 10 % souffraient de maux de tête), pourrait un jour être une alternative prometteuse aux méthodes invasives actuellement utilisées contre l’obésité.

Sabrina Rojas Weiss
Yahoo Beauty