Les vêtements grandes tailles devraient-ils coûter plus chers ? Oui, d’après un créateur
Un créateur australien, Peter Alexander, a récemment fait le buzz en proposant des prix plus élevés pour ses tenues grandes tailles.
De nombreux internautes ont profité des réseaux sociaux et de la page Facebook de la marque pour accuser l’entreprise de faire preuve de discrimination et de se moquer des personnes en surpoids.
Une cliente a ainsi confié : “Pourquoi vos nuisettes grandes tailles sont-elles plus chères que vos nuisettes standards ?”.
Une autre a confié : “Hey Peter, c’est génial que tes magasins proposent de nombreuses tailles, mais pourquoi tes nuisettes grandes tailles coûtent-elles 10 dollars de plus que les autres nuisettes ?”
L’expert des vêtements de nuit a défendu sa technique de vente, malgré les nombreuses critiques, en confiant que les “différents modèles utilisés’ étaient à l’origine de la différence de prix.
Très déçue de voir que Peter Alexander (où je fais mes achats depuis des années) fait payer plus cher pour ses tenues grandes tailles. Et puis quoi encore ?
Very disappointed to see Peter Alexander (where I have loved shopping for years!) charge more for plus sized items. Where does it stop? https://t.co/M7cCmlLHYV
— Anna O'Dea (@Anna_Iceberg) January 11, 2019
“C’est parce qu’il faut utiliser plus de tissu. Le tissu est généralement vendu au mètre, on peut donc créer deux nuisettes en 36 (taille 8 au Royaume-Uni), mais une seule nuisette grande taille”, a-t-il confié au The Daily Telegraph.
Est-ce normal que les marques de mode fassent monter certains prix car “business is business” ou font-elles preuve de discrimination ?
Les prix des collections grandes tailles sont-ils uniquement déterminés car il s’agit de business ?
La réaction controversée de Peter Alexander vient tout juste d’être révélée, mais ce nouveau débat ne représente que la partie émergée de l’iceberg.
L’année dernière, New Look a lancé la controverse en proposant des prix jusqu’à 30 % plus élevés pour sa collection “curve” (formes) disponible à partir de la taille 46.
La marque fashion a ainsi été accusée d’ajouter une “taxe sur les gros” par les clients.
New Look avait alors affirmé qu’ils avaient besoin de plus de tissu, une affirmation soutenue par Tam Fry, président du National Obesity Forum.
“Il est parfaitement raisonnable que les couturiers augmentent leurs prix pour les tenues plus grandes, car ils ont besoin de plus de tissu”, avait-il confié à l’époque.
“Je pense qu’une femme qui paye ses vêtements plus chers car elle fait du 46 ou plus fera davantage d’efforts pour se remettre en forme, et cela est forcément positif”.
Il a confié à Yahoo UK à propos de cette nouvelle controverse : “Peter Alexander pourrait bien avoir raison lorsqu’il confie que plus de tissu, de couture et de travail justifient la hausse du prix”.
“Mais, ce qui apparaît sur l’étiquette dépend des vendeurs. Ces derniers peuvent décider de ne pas augmenter le prix du fabricant et d’assumer la hausse du coût afin de ne pas perdre leur chère clientèle”.
Pour certains, le besoin de tissu supplémentaire n’est qu’une excuse, car les tenues dans les rayons des “grandes personnes” ne sont pas plus chères, et les clients qui font leurs emplettes dans la section des “personnes de petits gabarits” ne profitent pas de promotions non plus.
Un porte-parole de New Look a annoncé au sujet des vives réactions : “Nous souhaitons faire en sorte que ces différences de prix ne posent plus problème, et nous sommes donc en train de réviser la structure de tarification de notre collection grandes tailles afin qu’elle convienne à nos clients et à notre entreprise”.
“Nous sommes fiers de proposer de nombreuses options à nos clients grandes tailles et nous sommes attentifs aux besoins de tous nos clients, indépendamment de la forme de leur corps ou de leur poids”.
Un pas en arrière dans l’industrie de la mode ?
L’industrie de la mode est critiquée pour son manque de diversité chaque année.
L’année dernière, la Fashion Week de Londres a fait le buzz en proposant un défilé particulièrement divers : Victoria Beckham a ainsi fait appel au mannequin plus âgé Stella Tennant, et Edward Enninful, la première rédactrice en chef noire de British Vogue, était assisse au premier rang.
Mais, il y a encore beaucoup de chemin à faire, car les mannequins grandes tailles sont souvent ignorés et apparaissent rarement dans les galeries mode et autres articles fashion.
D’après The Fashion Spot, seuls 54 mannequins grande tailles ont foulé le podium lors de la saison Printemps/Été 2019 lors de 15 défilés organisés dans les quatre villes, une légère augmentation par rapport à la saison Automne/Hiver 2018.
Le mannequin grandes tailles Kellie Brown a lancé le hashtag #FatAtFashionWeek sur Instagram lors de la dernière saison afin d’encourager l’industrie de la mode à apprécier les femmes voluptueuses, un mouvement qui a permis de lancer une vraie conversation.
A post shared by Kellie Brown (@itsmekellieb) on Sep 6, 2018 at 9:54am PDT
En augmentant les prix de ses tenues grandes tailles, l’industrie prend ses distances avec une communauté qui a déjà du mal à faire entendre sa voix.
Du coup, indépendamment des chiffres ou du débat sur les différences de prix en magasin, l’augmentation des prix des tenues grandes tailles est associée à une forme de discrimination.
Au Royaume-Uni, la femme lambda fait du 44, ce qui correspond aux mensurations grandes tailles de nombreuses grandes marques.
En augmentant ainsi les prix, l’industrie empêche les femmes de faire leur shopping sereinement dans les grands magasins, tout en les forçant à se remettre en question.